Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

La peinture

Comme dans le domaine de l’architecture, ce sont des Byzantins qui ont exécuté les premières fresques et icônes* de la Russie, mais là encore les Russes assimilent rapidement les techniques pour créer un art propre.

Icônes et fresques, dans l’Église orthodoxe, participent organiquement au mystère liturgique qui rend présent le saint ou l’événement célébré. Elles sont une sorte de continuation de l’Incarnation, révélant et manifestant comme le corps du Christ le divin invisible et caché. C’est ce qui explique leur caractère symbolique et non réaliste ; ainsi, par exemple, il n’y a pas de source de lumière dans les icônes, car leur sujet même est la lumière divine ; de même, la perspective est comme inversée, si bien qu’en regardant une icône on a l’impression d’entrer dans un espace qui s’ouvre à l’infini. Enfin les saints, le paysage, les plantes, les vêtements sont toujours stylisés et les « iconographes » utilisent tout un système de symboles (un fond d’or symbolise l’essence divine, le motif du cercle, la perfection, etc.). Les moines, qui peignent en général les icônes, doivent s’y préparer en se purifiant par l’ascèse et la prière, et le concile de l’Église russe réuni à Moscou en 1551, dit des Cents-Chapitres (Stoglav), fixa des règles très strictes que les iconographes étaient obligés de suivre. Il existait aussi des espèces de manuels (podlinniki) qui présentaient des modèles schématiques, fixaient les sujets et renfermaient un certain nombre d’explications d’ordre technique. Les sujets sont tirés de l’Ancien Testament et des Évangiles, plus tardivement de l’Apocalypse, de la Vie des saints et de certains textes apocryphes.

Les icônes sont exécutées sur une planche de bois recouverte d’un enduit à base de craie sur lequel l’iconographe dessine l’esquisse et applique les couleurs, faites de poudres minérales liées au jaune d’œuf. L’icône terminée, elle est recouverte d’un vernis à l’huile de lin (olifa) qui la protège et donne de l’éclat aux couleurs, mais malheureusement noircit avec le temps. Parmi les icônes, les unes représentent un saint ou une fête isolée, tandis que les autres sont destinées à être intégrées à l’iconostase, cloison séparant l’autel du chœur et qui apparaît vers la fin du xive s. Les icônes y sont disposées suivant des canons bien précis, et chacune d’elles n’est que l’élément d’un ensemble lui-même inscrit dans l’architecture de l’église, ce qui conditionne ses lignes et ses proportions. Quant aux fresques (fresques véritables en général, exécutées a fresco), elles suivaient les mêmes canons.

Il existait plusieurs centres de peinture d’icônes, qui, sans constituer des écoles à proprement parler, se distinguent par les couleurs employées (déterminées par les ressources minérales locales), la précision ou le raffinement plus ou moins grand des détails, l’équilibre de la composition, etc. Ce sont des artistes byzantins qui exécutèrent les fresques ainsi que les mosaïques de Sainte-Sophie de Kiev et ouvrirent les premiers ateliers de peinture d’icônes en Russie, à Kiev, vers le xe s. Mais c’est sans doute à Novgorod que s’est formé le premier atelier iconographique véritablement russe, dont les plus anciennes icônes connues remontent au xie s. et qui a atteint son apogée au xive s. Mais c’est surtout aux xve et xvie s. que la peinture des icônes s’épanouit en Russie. Les centres principaux sont alors Moscou et Souzdal. Le représentant le plus illustre de l’atelier de Moscou est le moine Andreï Roublev (ou Roubliov, v. 1360-1430), qui exécuta les fresques de la cathédrale de la Dormition à Zvenigorod, les fresques et l’iconostase de la cathédrale de la Dormition à Vladimir et des icônes pour les iconostases de la collégiale de l’Annonciation à Moscou et de la collégiale de la Trinité à Zagorsk (dont la célèbre icône de la Trinité [galerie Tretiakov, Moscou]). De nombreux iconographes peindront ensuite dans la ligne de Roublev jusqu’au début du xvie s., et en particulier Dionissi (v. 1440 - apr. 1502), auteur des fresques du monastère de Saint-Théraponte. Au cours du xvie s., une évolution se dessine, les éléments secondaires de l’icône (paysage, décor architectural) commencent à prendre une place importante. À la fin du xvie et au début du xviie s. apparaît à Moscou l’école dite « Stroganov », qui exécute de petites icônes à nombreux personnages et aux détails très travaillés. Au cours du xviie s., sous l’influence de la peinture catholique introduite à Kiev, le réalisme pénètre dans les icônes (réalisme du corps humain, du paysage, etc.), en particulier dans celles de Simon Fedorovitch Ouchakov (1626-1686), qui peint en outre des sujets profanes. Le réalisme étant en contradiction avec l’essence même des icônes, celles-ci entrent désormais en décadence. Les traditions anciennes sont cependant maintenues dans le nord de la Russie, ou encore dans les fresques des églises de Iaroslavl et de Rostov, et surtout chez les vieux-croyants.


De Pierre le Grand à 1900

Dans le sillage des réformes de Pierre le Grand (1682-1725), l’art russe se met à l’école de l’Occident. Toutefois, le souverain se souciait lui-même assez peu de beaux-arts et il faut attendre le règne d’Élisabeth (1741-1762) pour que la création artistique, désormais concentrée à Saint-Pétersbourg (v. Leningrad), entre de nouveau dans une phase active.


L’architecture

Si avant Pierre le Grand l’architecture était presque exclusivement religieuse, c’est maintenant l’architecture civile qui prend le pas. On construit surtout des palais, des hôtels particuliers et des bâtiments publics (ministères, théâtres, etc.). Des architectes étrangers introduisent successivement les styles baroque, classique et Empire, ce dernier n’étant qu’une variante du précédent. Dans le domaine religieux, les architectes s’efforcent avec plus ou moins de bonheur d’adapter chacun de ces styles au plan traditionnel des églises russes.