Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

Les aléas climatiques jouent un rôle important dans une économie encore sensible aux fluctuations de la production : inondations des grands fleuves, sécheresse qui vient d’Asie ; ainsi, la récolte faible de 1969 a été due aux froids qui ont affecté les blés de printemps. De toute façon, les rendements restent peu élevés (18 q/ha au maximum dans les États baltes et en Ukraine, une dizaine de quintaux en moyenne pour l’U. R. S. S.). Ces dérèglements de l’économie céréalière prouvent que les stocks compensateurs sont encore trop faibles, et des mesures sont régulièrement prises pour les augmenter. Le redressement de l’agriculture est passé par deux phases : les mesures de N. Khrouchtchev des années 1960 et celles de L. Brejnev.

Les premières ont accompagné l’annonce des déficits de production. À la suite d’enquêtes et de voyages du nouveau dirigeant, on décida de s’attaquer aux causes. Les unes intéressaient le personnel dans l’agriculture, les autres, la diffusion de nouvelles plantes (comme le maïs) ; des mesures réorganisèrent les structures agricoles par la création de stations pilotes, sortes de fermes modèles. Surtout, elles renforcèrent l’autonomie des kolkhozes en diminuant les impôts et les taxes qui pesaient sur eux.

Un second train de mesures a été décidé quelques années après. Le nouveau statut type des kolkhozes de 1969 a fait une grande place aux systèmes d’entraide, à l’intéressement matériel, à l’autonomie comptable de chaque institution, au foyer ou lopin paysan (qui assure les trois quarts de l’autoconsommation, avec 28 p. 100 des bovins de toute l’U. R. S. S., 40 p. 100 des vaches, 26 p. 100 des porcins, 90 p. 100 des caprins, et dont une partie de la production est commercialisable sur le marché kolkhozien). Le nouveau programme agricole du parti de juillet 1970 propose le « redressement de l’agriculture ». La constitution d’entreprises géantes a permis un meilleur contrôle en même temps qu’un renforcement de la production. Les Terres vierges du Kazakhstan, sur lesquelles régnait le silence depuis l’éviction de Khrouchtchev, sont mises de nouveau en valeur sous la forme de polyculture et d’élevage extensifs avec quelques premiers îlots d’irrigation. Enfin, l’opération appelée « chimisation » des terres bat son plein. Grâce à la production d’engrais chimiques, qui s’accroît notablement en fonction de l’aide étrangère, les rendements, donc la production, doivent augmenter les prochaines années.


Les problèmes de la production industrielle


Les facteurs de la localisation industrielle

Quelques facteurs permettent de rendre compte de la localisation des principaux types d’industrie : la localisation au temps de la Russie tsariste, avec la concentration en quelques gros foyers urbains de la Russie d’Europe, Saint-Pétersbourg et Moscou ; la dispersion due aux caractères de l’industrie artisanale des koustari ; les localisations traditionnelles de la sidérurgie sur le fer (Oural) ou le charbon (Donbass).

Dans la Russie soviétique, certaines de ces localisations ont été conservées. Ainsi, la sidérurgie, les industries lourdes des minerais et du pétrole se localisent sur les bassins miniers ou à proximité. Cependant la planification a prévu des types d’implantation différents, et la Seconde Guerre mondiale est venue perturber le troisième plan quinquennal. Le Plan se préoccupe de la prospection, de la découverte et de l’exploitation des ressources, essentiellement dans les régions non encore explorées. Ainsi s’explique la multiplication des régions industrielles : la presqu’île de Kola, riche en minerai, les bassins de pétrole de Vorkouta dans le Grand Nord européen, le Second- et maintenant le Troisième-Bakou, la troisième « base » sidérurgique (le Kouzbass), etc. On a calculé qu’au cours du premier plan les investissements avaient augmenté de 90 p. 100 dans la région industrielle centrale, mais atteignaient l’indice 449 dans le Kazakhstan, 730 dans l’Extrême-Orient. En 1955, les régions de la Volga, puis la Sibérie occidentale et l’Asie moyenne viennent en tête de la croissance relative, loin devant les régions de la Russie centrale. Les plans prévoient alors la construction de « bases énergétiques », de « foyers industriels », de « pôles de développement » (Bratsk et l’Angara, les bases maritimes de l’Extrême-Orient), enfin de combinats : on connaît le fonctionnement du combinat Oural-Kouzbass jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, combinat qui s’est fondu ensuite dans un ensemble plus complexe englobant la base du Karaganda.

La guerre a eu pour conséquence le transfert des usines occupées ou menacées vers l’intérieur de l’U. R. S. S. : l’Oural, la Sibérie occidentale, l’Asie moyenne en ont profité. Le conflit terminé, les mêmes usines furent reconstruites dans les régions dévastées : on a donc assisté à un dédoublement de l’industrie et à une industrialisation de régions pastorales et agraires, et la part de l’Asie ou des « régions orientales » s’est accrue au détriment de l’Europe. Ainsi, l’Europe fournit 80 p. 100 de la production totale de charbon en 1928 ; la moitié dès 1940, moins de la moitié à partir de 1960. Les régions « orientales » fournissent 19 p. 100 du charbon et 21 p. 100 de l’acier en 1927 ; ces pourcentages montent à 25 p. 100 à la fin du premier plan, à 32 p. 100 à la fin du second, puis à plus de 40 p. 100 dès 1955. Les efforts de déconcentration de l’industrie par l’institution des sovnarkhozes ont encore entraîné un glissement de certaines branches industrielles en direction de l’est. Enfin, les prix de revient, très inférieurs en Sibérie orientale et en Extrême-Orient en ce qui concerne l’énergie électrique, le charbon et certains minerais, ont attiré de nouvelles industries à l’est, où des bassins miniers comme celui de cuivre d’Oudokan attendent des capitaux.


La planification

Rigoureuse et très centralisée, elle a pris au cours des dernières années des formes multiples. On a établi des « plans généraux perspectifs » : ainsi le plan de vingt ans 1961-1980. On a décomposé les plans à moyen terme en plans annuels. On n’hésite pas depuis la Seconde Guerre mondiale à réviser un plan en cours d’exécution. Le troisième plan quinquennal fut interrompu par la guerre (après les plans 1928-1932 et 1933-1937). Deux années de reconstruction (1949 et 1950) furent prévues aussitôt après les hostilités. Puis furent poursuivis les plans de 5 ans : 1951-1955 (industrie lourde et combinats d’Asie centrale et de Sibérie) ; 1956-1960 (développements des industries atomiques, stratégiques, synthétiques, de l’automation). Ce plan fut interrompu pour faire place, pour la première fois, à un plan de 7 ans qui devait conduire l’économie de l’U. R. S. S. de 1959 à 1965, mais qui fut révisé et même remplacé par un plan intérimaire au cours des deux dernières années. Enfin, en demandant au Comecon de s’aligner sur ses propres normes de planification, les plans de 1966-1970 et de 1971-1975 reviennent à la tradition éprouvée des plans quinquennaux.