Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

Les vrais peuples hyperboréens (300 000 personnes) se répartissent entre la région de Tioumen (Iamalo-Nenets, 80 000), la presqu’île de Taïmyr (38 000), la péninsule de Béring et le Kamtchatka (160 000). Nombre d’entre eux ne comptent que quelques milliers d’habitants. Il faut ajouter les Lapons de la presqu’île de Kola (30 000). Certains sont en pleine croissance démographique ; d’autres ont décliné depuis l’époque tsariste.

Les Russes immigrés constituent donc la grande majorité. La colonisation de peuplement et d’exploration a permis le développement de techniques nouvelles. Le premier problème, celui des communications, est résolu par la création d’un réseau de lignes aériennes, par la généralisation de l’hélicoptère et des petits avions, qui relient entre eux de véritables isolats. L’énergie est rare ; la tourbe alimente quelques centrales. Des groupes électrogènes ont été partout installés à des coûts élevés. Une agriculture polaire est née des nécessités du ravitaillement local. La vernalisation, la multiplication de serres chauffées ont permis la production de légumes frais. Le blé d’été et l’orge mûrissent à la limite des deux zones. Mais l’essentiel du ravitaillement est convoyé par des avions-cargos.

La présence de la couche de terre « perpétuellement gelée », la merzlota, dure et imperméable, au-dessus de laquelle le sol dégèle chaque été, a posé de redoutables problèmes, comme dans la partie orientale de la forêt, où elle s’est également formée (dans le creusement de galeries de mines, la fondation de bâtiments, le génie civil a dû tant bien que mal s’y adapter). Il existe d’ailleurs un véritable urbanisme polaire : Norilsk, la ville du nickel, du charbon et du cuivre, dépasse les 100 000 habitants.

Il est donc difficile d’évaluer la rentabilité des investissements, mais le Grand Nord soviétique pose trop de problèmes de prestige pour que cette question soit rationnellement résolue ; la meilleure preuve en est fournie par la Route maritime du Nord.

Cette institution a été favorisée par des fonds considérables et par la délégation de l’autorité de la présidence du Conseil, et elle a formé, au moins avant la Seconde Guerre mondiale, un État dans l’État. Mais les avantages commerciaux sont maigres, même après la mise en service du brise-glace à propulsion nucléaire Lénine. Les convois se composent de dix à vingt cargos. Le passage est ouvert en mer des Laptev deux à trois mois seulement. Les marchandises sont rassemblées dans les ports durant l’hiver : minerai de fluor à Anderma, nickel et cuivre à Igarka, bois un peu partout. Il existe des échanges entre différents ports, mais les trafics « de bout en bout » sont rares. On peut évaluer la somme des trafics régionaux à 2 Mt, et il est difficile d’obtenir une idée exacte de la nature et des tonnages. Cependant, le fonctionnement de la Route, connu dans le monde entier, reste un élément de prestige de premier ordre. Bien que, par rapport à d’autres projets, la Route soit restée en relatif sommeil au cours des dernières années, elle s’améliore par un accroissement de la flotte et des brise-glace, par la fondation de nouveaux ports miniers, par la régularisation, grâce aux barrages, de la circulation fluviale dans la partie aval des fleuves. Sa durée de fonctionnement durant l’été est passée certaines années à trois et quatre mois. Elle reste donc également un des facteurs du développement du Grand Nord.


Les problèmes de la steppe : les approches du Midi

Au sud de la forêt mixte s’étend un autre domaine sans arbres, occupé par la steppe* et les demi-déserts. Les précipitations annuelles sont inférieures à 400 mm. Le terme russe de step désigne en fait une prairie, s’appliquant à une formation végétale formée de graminacées plus ou moins élevées, plus ou moins denses, plus ou moins xérophytiques : fétuque, artemisia, stipe, buissons épineux. Au cours de phases d’assèchement au Quarternaire, la steppe s’est étendue vers le nord ; les nomades ont entraîné la destruction de la lisière méridionale de la forêt. Au cours de phases contraires, le domaine steppique s’est rétréci, entraînant l’assèchement du climat et l’érosion des sols. La reconstitution de la forêt disparue à la suite d’actions anthropiques en a été rendue plus difficile.

Ainsi définie, la steppe couvre 16 p. 100 du territoire de l’Union. La steppe dense de l’Ukraine a été en majeure partie essartée : elle est liée aux terres noires, le tchernoziom, qui, avec l’apport d’engrais, est une des terres les plus fertiles du monde. À l’est du Don commence une steppe plus aride, à la végétation éparse et rabougrie, où, malgré les défrichements et la sélection des plantes, les cultures sont plus dispersées et sont représentées par le millet et le blé de printemps. Enfin, les steppes du Kazakhstan sont marquées par des écoulements endoréiques. Elles posent les problèmes des limites, à l’est, de la culture sèche des céréales : les Terres vierges ont été à cet égard un terrain d’expérimentation.


Les écrans forestiers

Reconquérir aux dépens de la steppe les espaces les plus favorables à la plantation d’arbres, donc provoquer l’avancée, vers le sud, de lambeaux de la forêt mixte, puis protéger les cultures par des écrans forestiers, des brise-vent, tel a été le projet présenté dès la fin du siècle dernier, repris et amplifié par le plan de 1948, lancé à grand renfort de propagande (il faisait partie des « plans staliniens de transformation de la nature »). La constitution de ces « bandes forestières de protection » a répondu au besoin d’atténuation des effets des vents et de modification du climat local. Chaque bande, d’une largeur variant entre 40 et 60 m, délimite un espace quadrangulaire de 600 m au moins, de quelques kilomètres dans certains cas. Elle se compose de feuillus et de conifères, fournis par des sovkhozes spécialisés. Huit grandes bandes dites « d’État », s’appuyant sur la Volga inférieure et les derniers massifs du sud de l’Oural, devaient quadriller l’espace compris entre les fleuves Donets et Oural, d’une part, et la Caspienne et le Caucase, d’autre part. À l’intérieur de ces grandes mailles, on avait prévu des bandes de moindre largeur, délimitant des carrés plus petits.