En russe Tourkmenskaïa S. S. R., république de l’U. R. S. S., en Asie centrale ; 488 100 km2 ; 2 159 000 hab. Capit. Achkhabad.
C’est la république soviétique la moins densément peuplée, la plus désertique, la plus démunie de ressources. Son développement s’affirme cependant depuis quelques années.
Le littoral de la Caspienne est sec et désertique, avec le célèbre golfe du Kara-Bogaz-Gol (d’où on extrait des sels qui alimentent une industrie chimique), le port de Krasnovodsk, tête de ligne de navigation et point de départ du chemin de fer dit « Transcaspien ». La république occupe aussi la partie orientale d’un plateau pierreux et désert, l’Oust-Ourl, qui s’étend jusqu’à la mer d’Aral, une partie de la dépression qui relie la mer d’Aral à la mer Caspienne et que suit le cours asséché de l’Ouzboï, et surtout le grand désert de sables du Karakoum (« sable noir »), le plus aride et le plus étendu des déserts de l’Asie centrale, parcouru par des caravanes ou des semi-nomades, couvrant les neuf dixièmes de la superficie de la république. Au sud et à l’est apparaissent de hautes terres : piémont étroit, mais discontinu ; chaînes jalonnées par la frontière (les rivières Mourgab et Tedjen, avant de se perdre dans les sables, forment de petites oasis) ; chaînes frontalières, notamment le Kopet-Dag (ou Kopet-Dagh, qui culmine à 2 942 m et dont l’autre versant appartient à l’Iran) ; chaînes en coulisse, moins élevées, mais tout aussi arides (qui jalonnent la limite avec l’Afghānistān), à l’est de Kouchka, la ville la plus méridionale de l’Union.
Le développement est récent. Dans les années 50 encore, à peine 500 000 ha étaient irrigués par les moyens traditionnels. La capitale, Achkhabad (253 000 hab.), bâtie sur un aoul turkmène, au milieu d’une petite oasis, est une création des Russes, qui y sédentarisent des Turkmènes nomades. Aux usines textiles (coton, soie) et alimentaires s’est ajouté un secteur des services depuis 1950. Achkhabad a une université et une académie des sciences. Ailleurs, en dehors d’un combinat de superphosphates (les phosphorites viennent du Kazakhstan), d’industries du tapis et de l’extraction de 16 Mt de pétrole (Nebit-Dag), les industries sont encore rares.
Le facteur de développement est représenté, à l’échelle de la république, par le creusement du canal du Karakoum, alimenté par l’Amou-Daria à son sortir de la montagne. Le premier tronçon (396 km), arrivant à Mourgab, a été construit de 1952 à 1959 ; il a permis d’irriguer plus de 100 000 ha, de même que le deuxième tronçon (1959-1961), de Mourgab à Tedjen ; le troisième en cours d’achèvement, atteindra Achkhabad, puis, sans doute, le canal se prolongera jusqu’à la Caspienne. À la fin des travaux, plus de 600 000 ha nouveaux seraient irrigués, et le canal dépassera 1 400 km. La majeure partie des superficies seront consacrées au coton, aux plantes maraîchères et à l’arboriculture : ainsi, la République la plus déshéritée est en passe de devenir un second Ouzbékistan.
Le développement économique a entraîné les mêmes effets que dans le reste de l’Asie centrale. La croissance de la population (42 p. 100 entre 1959 et 1970) est essentiellement due aux Turkmènes, dont le nombre, dans toute l’Union, passe du million en 1959 à plus d’un million et demi en 1970. La natalité, qui était de 36,9 p. 1 000 en 1940, est passée par un maximum de 42,4 en 1960, s’élevant encore à 35,2 p. 1 000 en 1970, soit 28,6 p. 1 000 d’excédent naturel, l’un des plus élevés de l’Union. La population urbaine représentait près de la moitié de la population totale en 1970.
Enfin, la nationalité turkmène s’est renforcée aux dépens des autres, mais surtout des Russes (qui dirigent encore une grande partie de l’économie). De 1959 à 1970, le pourcentage des Turkmènes est passé de 60,9 à 65,6 p. 100 ; celui des Russes a régressé de 17,3 à 14,5 p. 100 ; celui des nationalités voisines (Ouzbeks, Kazakhs, Tatars) a peu varié.
A. B.