turbulence (suite)
On montre facilement que les équations locales du mouvement moyen (équations de Reynolds) peuvent s’écrire sous la forme
Dans le mouvement moyen, la contrainte de frottement en M pour un élément de surface d’orientation a pour composante avec
Dans le cas particulier de l’écoulement entre deux plans parallèles dont le mouvement moyen se fait suivant Ox1 (voir figure),
À l’exception du voisinage immédiat de la paroi, la contrainte laminaire de Newton est négligeable devant la contrainte turbulente de Reynolds qui est donc responsable de la dissipation d’énergie au sein du fluide ; on voit ainsi toute l’importance du tenseur des contraintes turbulentes de composantes dans l’étude de la turbulence.
Le système des quatre équations locales de Reynolds fait intervenir en plus des quatre inconnues, pression p et composantes de la vitesse moyenne, les composantes du tenseur des contraintes turbulentes, soit six inconnues supplémentaires, puisque ce tenseur est symétrique. Sans de nouvelles hypothèses, le système d’équations du mouvement moyen reste indéterminé. C’est ainsi que l’on introduit des modèles de turbulence tels que la « longueur de mélange de Prandtl », relations expérimentales concernant la structure de l’écoulement turbulent, analogues aux lois de comportement relatives à la nature du fluide.
Structure interne des écoulements turbulents
Intensité de la turbulence
L’instabilité de l’écoulement entraîne la formation de tourbillons qui se développent dans l’écoulement moyen et se fractionnent ensuite en tourbillons plus petits qui dissipent leur énergie mécanique en chaleur. Comme l’énergie cinétique moyenne du fluide se décompose en énergie cinétique du mouvement moyen et en énergie cinétique du mouvement d’agitation il est naturel de caractériser l’importance du brassage turbulent par le rapport de l’énergie cinétique d’agitation à l’énergie cinétique du mouvement moyen. La racine carrée de ce rapport, appelée intensité de la turbulence I, est la première donnée statistique de l’écoulement turbulent :
À titre d’exemple, I ≃ 0,001 dans l’atmosphère et I ≃ 0,1 dans un torrent.
La turbulence est isotrope si, en un point M, elle est homogène si cette valeur constante est indépendante du point M.
Échelle de turbulence
La seule répartition spatiale de l’intensité de la turbulence n’est pas suffisante pour définir complètement le mouvement d’agitation. Il est nécessaire de connaître aussi l’influence respective des différentes particules fluides sur certaines de leurs caractéristiques ; en termes statistiques, on parle de corrélation. Reprenons l’exemple de l’écoulement entre deux plans parallèles et considérons, dans un plan normal à l’écoulement moyen, deux points M et N distants de r, et dont les vitesses sont désignées par V et U. Le coefficient de corrélation R(r) entre les vitesses fluctuantes et est défini comme suit :
et l’échelle de turbulence L dans la direction x2 a pour expression
l’intérêt de cette nouvelle donnée statistique étant de fixer la taille moyenne des tourbillons dans la direction considérée.
Dans l’état actuel de nos connaissances, la dynamique des écoulements turbulents est une des branches les plus empiriques de la mécanique des fluides. Certes, la technique de mesure relativement récente de l’anémométrie à fil chaud, qui permet une exploration systématique de la couche* limite se développant le long des parois solides, est un outil puissant d’étude de la turbulence. De grands progrès restent à faire, qui devraient apporter une solution à l’un des problèmes de survie de l’humanité, la lutte contre la pollution de deux fluides privilégiés, l’air et l’eau, qui font notre environnement.
J. G.
➙ Dynamique des fluides.
J. O. Hinze, Turbulence (New York, 1959).