Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tuniciers (suite)

L’ordre des Doliolides

Il comprend des animaux en forme de tonneau, de 3 à 4 mm de long. Leur structure rappelle celle des Salpes, mais leur cycle de développement est plus complexe et surprenant. Sur le stolon de l’oozoïde se forment des prébourgeons qui sont transportés par des cellules ambulantes spéciales jusque sur un appendice dorsal. Ces bourgeons donneront trois types d’individus : les gastrozoïdes, à rôle nourricier, qui restent fixés sur l’oozoïde ; les phorozoïdes, qui se détachent et vivent libres ; les blastozoïdes, sexués, qui s’installent sur le pédoncule des phorozoïdes et ne s’en séparent que lorsqu’ils sont adultes.


L’ordre des Pyrosomes

Avec un seul genre, il renferme des Thaliacés coloniaux en forme de manchon pouvant dépasser un mètre, communs surtout dans les mers tropicales. La colonie est formée d’individus nombreux, ressemblant à des Salpes qui auraient une tunique commune ; les bouches sont à l’extérieur et les cloaques à l’intérieur du manchon. Les colonies de Pyrosomes flottent en pleine eau ; elles émettent une lumière verdâtre, rouge ou blanche. La colonie se forme par bourgeonnement d’un individu asexué issu de l’œuf ; les individus qui en sont issus ont à la fois une reproduction sexuée et une reproduction asexuée, ce qui assure la croissance de la colonie.

R. D.

 H. Harant et P. Vernières, Tuniciers, fasc. I : Ascidies (Lechevalier, 1934). / P.-P. Grassé (sous la dir. de). Traité de zoologie, t. XI : Échinodermes. Stomocordés. Promocordés (Masson, 1948). / P. Brien, Biologie de la reproduction animale. Blastogenèse, gamétogenèse, sexualisation (Masson, 1966). / R. Fenaux, Faune de l’Europe et du Bassin méditerranéen, t. II : les Appendiculaires des mers d’Europe et du Bassin méditerranéen (Masson, 1966).

Tunis

En ar. Tūnus, capit. de la Tunisie ; env. 900 000 hab. (dans l’agglomération).


La géographie


Croissance de la population

Tunis est une des grandes métropoles, en pleine croissance, du littoral maghrébin, la troisième après Casablanca et Alger. La capitale de la Régence était déjà une ville assez importante à l’arrivée des Français en 1881 : elle comptait un peu plus de 100 000 habitants. Mais la croissance de la population s’affirma surtout pendant la période coloniale : 257 000 habitants en 1921, 454 000 en 1946, 570 000 en 1956. Au moment de l’indépendance, près de 200 000 Européens vivaient dans le « Grand Tunis ». Le départ de la plus grande partie d’entre eux n’a pratiquement pas arrêté le mouvement de croissance, puisque l’agglomération comptait près de 700 000 habitants en 1966, près de 900 000 en 1972 (probablement 1 200 000 habitants en 1980).

Le poids de la capitale à l’intérieur de la république de Tunisie est ainsi considérable : la population de l’agglomération représente environ le sixième de la population du pays.

En outre, le rôle de Tunis dans l’économie moderne du pays est proportionnellement beaucoup plus grand encore. Capitale politique, économique, culturelle et intellectuelle, Tunis est aussi la plaque tournante principale des transports, qui assure la liaison entre les échanges extérieurs et les relations intérieures, ainsi que le principal centre industriel du pays groupant environ les trois quarts des entreprises qui emploient plus de 50 salariés.

Ainsi s’exprime l’attraction considérable qu’exerce depuis près d’une centaine d’années une capitale en pleine croissance sur un petit pays sous-développé. Par leurs fonctions, leur physionomie, leur population, les différents quartiers de Tunis, très contrastés, révèlent bien les facettes multiples de cette polarisation centralisante que compensent mal des villes moyennes comme Bizerte, Sfax, Sousse ou les petites villes du littoral et de l’intérieur.


La médina ou l’attachement au passé

Autour de la vénérable mosquée de l’Olivier (Djāmi‘ al-Zaytūna), fondée au viiie s., la médina semble un défi à l’ordre géométrique au cœur de l’agglomération contemporaine. Les ruelles compliquées et étroites de la vieille ville sont inaccessibles à la circulation automobile, ce qui provoque de graves embouteillages aux abords de son périmètre. Plusieurs fois, le projet fut avancé d’éventrer la médina afin de faciliter la circulation dans l’agglomération. Mais les Tunisois ont toujours sagement reculé devant ce qui serait une sorte de sacrilège.

La médina, dans la juxtaposition de ses ruelles et de ses souks, de ses palais et maisons fermés sur des cours, dans la complémentarité secrète des lieux de rencontre, des cheminements ombragés et de l’espace intime de la famille, préserve encore, en dépit d’une certaine ouverture, l’ordre intérieur savamment agencé des vieilles villes de l’islām. Là, entre deux lagunes au fond du golfe, s’est formée peu à peu la capitale de la Tunisie, longtemps peu active à cause de la concurrence de Kairouan, puis rayonnante comme une des grandes cités de l’islām de l’Ouest, particulièrement au xive s.

Depuis le début de la colonisation, la médina s’est beaucoup transformée dans sa population et ses fonctions, sinon dans sa physionomie. Les activités culturelles et intellectuelles s’assoupissent ; les souks traditionnels déclinent ; le quartier juif de la « hara » a disparu ; la riche bourgeoisie tunisoise des « beldis » quitte les maisons de la vieille ville pour s’installer dans de nouveaux quartiers plus confortables. Pour autant, la médina n’est pas devenue une ville morte. Plus peuplée, elle sert de lieu d’accueil aux immigrants de la campagne, qui forment maintenant les deux tiers de sa population. « Pittoresque », elle attire sur un itinéraire consacré, de la porte de France (ancienne porte de la Mer) à la Grande Mosquée, les touristes étrangers à la recherche de dépaysement. Ses ruelles grouillent toujours d’activité.


La ville européenne ou la géométrie de la croissance

En contraste saisissant avec les cheminements secrets de la médina, la ville édifiée par les Européens étend ses grandes avenues rectilignes, ses carrefours à angle droit, ses immeubles monumentaux, sa géométrie fonctionnelle entre la vieille ville et la mer, véritable trait d’union symbolisant toutes les aspirations du développement colonial.