Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Ts’ing (époque) (suite)

L’art de l’estampe, au xviie s., s’enrichit à Nankin et à Suzhou (Sou-tcheou) d’impressions en couleurs, notamment pour des « méthodes » de peinture comme le célèbre Jardin du grain de moutarde (1679 et 1701). Les estampes dites « Kaempfer » (British Museum, Londres), vers 1685, marquent le sommet d’un art tout de fraîcheur et de raffinement, qui se limitera surtout, par la suite, à l’estampe populaire.

À part quelques fabrications provinciales comme celles des « blancs de Chine » au Fujian (Fou-kien) ou des grès dits « boccaro » à Yixing (Yi-hing), au Jiangsu (Kiang-sou), toute la production de la porcelaine est concentrée à Jingdezhen (King-tö-tchen), au Jiangxi (Kiang-si), ville qui compte en 1712 près de 3 000 fours. Sous Kangxi, le bleu sous couverte est d’un beau ton saphir et s’emploie aussi « poudré » ou « soufflé ». Les monochromes se multiplient, « sang-de-bœuf », noirs parfois dorés, turquoise, céladons, etc., cherchant souvent à reproduire les chefs-d’œuvre des Song*. Mais les émaux polychromes dominent : « famille verte » aux tons francs, « biscuits » à fonds colorés ou noirs, « famille rose » à partir de 1720 environ, d’une gamme plus délicate, accordée à un nouvel émail carminé. Des objets raffinés destinés à la cour (« coquille d’œuf », par exemple) sont produits, aussi bien que des séries de commande pour l’exportation, transportées par les navires des « compagnies des Indes » européennes. Une maîtrise parfaite de la technique conduira à des recherches de tours de force (imitations d’autres matières, incrustations, tons superposés, etc.) qui tariront l’élan créateur. Le déclin est sensible dès la fin du xviiie s.

Les autres artisanats d’art sont également florissants : soieries somptueuses, tapisseries de soie kesi (k’osseu), pierres dures habilement taillées, au style volontiers archaïsant ; verres colorés, émaux peints sur métal, émaux cloisonnés dont le décor n’a ni la fraîcheur ni la liberté de ceux de l’époque Ming. Les laques offrent une grande variété : laques rouges sculptés dits « de Pékin », au relief quelque peu monotone, laques incrustés de pierres, de coraux, d’ivoire, paravents « de Coromandel » ornés de pigments colorés, très recherchés en Europe, grandes armoires peintes ou dorées de l’époque Kangxi, qui sont la meilleure réussite dans un ensemble de productions souffrant parfois de leur excès de richesse et de virtuosité.

D. L.-G.

➙ Chine.

 R. S. Jenyns, Later Chinese Porcelain (Londres, 1951, 4e éd., 1971). / D. Lion-Goldschmidt, les Poteries et porcelaines chinoises (P. U. F., 1957). / J. F. Cahill, la Peinture chinoise (Skira, Genève, 1960). / H. M. Garner, Chinese and Japanese Cloisonné Enamels (Londres, 1962).

tube électronique

Ampoule scellée comprenant, au moins, deux électrodes entre lesquelles s’établit, dans certaines conditions, un courant électrique.



Historique

Le premier tube électronique (Thomas Edison*, 1883) est une diode (deux électrodes) comprenant un filament analogue à celui d’une lampe d’éclairage et une plaque métallique électriquement accessible à l’extérieur de l’ampoule. Destinée d’abord par Edison à l’analyse des particules de carbone qui, en s’échappant du filament, viennent noircir le verre de l’ampoule, la plaque laisse passer un courant électrique lorsqu’elle est reliée au pôle positif de la source qui alimente le filament. Cet effet, dit « effet Edison », est utilisé par J. A. Fleming pour le redressement du courant alternatif (1904). Le dispositif reçoit peu après une troisième électrode (grille), prend le nom de triode et devient une sorte de relais (Lee De Forest, 1906). Ce relais électronique présente de très intéressantes propriétés amplificatrices. Il est rapidement perfectionné : tétrode à grille accélératrice (Walter Schottky, 1915), lampes spécialisées à électrodes multiples (1926). Dans le même temps, le phénomène physique initial, l’émission, est étudié : Joseph John Thomson* (1889) l’attribue à un mouvement de particules d’électricité ; Jean Perrin* (1895) décrit l’agitation thermique qui produit l’émission électronique ; Irving Langmuir (1913) démontre l’importance d’un vide poussé dans l’ampoule. L’émission dite « thermoionique » est donc, plutôt, thermo-électronique. Le filament incandescent de la lampe d’Edison, d’abord de carbone, de tungstène, puis de tungstène thorié ou nickelé, est progressivement perfectionné : recouvert d’oxydes divers selon un procédé découvert par Arthur Rudolph Wehnell en 1904 et appliqué vers 1928, il fonctionne à plus basse température (rouge sombre) et présente une plus grande aptitude émissive. Enfin, pour permettre son alimentation en courant alternatif, le filament devient un simple élément chauffant et laisse la fonction émissive à une enveloppe tubulaire (cathode), généralement en nickel et recouverte d’oxyde de baryum et de strontium. La télégraphie, puis la téléphonie sans fil doivent leur essor aux perfectionnements de la lampe (audion) de Lee De Forest. De 1914 à 1918, le général Gustave Ferrié contribue au lancement des premières fabrications en série d’une lampe triode destinée à la télégraphie militaire, puis à son développement dans le secteur civil. L’ampoule de la lampe que l’on appelle alors lampe de T.S.F., puis lampe radio est d’abord sphérique, comme celle des lampes d’éclairage, puis elle prend une forme de poire ; mais la technologie de construction conduit à utiliser des rondelles de mica munies de fines perforations qui immobilisent les montants des électrodes. Pour centrer ces rondelles dans l’ampoule, celle-ci forme un épaulement, puis devient simplement tubulaire. La lampe de T.S.F. prend le nom de tube électronique.

Deux savants

Lee De Forest, ingénieur américain (Council Bluffs, Iowa, 1873 - Hollywood 1961). Ajoutant, en 1906, une grille à la valve de Fleming, il créa la lampe triode.

Sir John Ambrose Fleming, électricien anglais (Lancaster 1849 - Sidmouth, Devonshire, 1945). Il inventa en 1904 la lampe diode, ou valve de Fleming, pour détecter les ondes radio-électriques.