Ts’ing (époque) (suite)
L’art de l’estampe, au xviie s., s’enrichit à Nankin et à Suzhou (Sou-tcheou) d’impressions en couleurs, notamment pour des « méthodes » de peinture comme le célèbre Jardin du grain de moutarde (1679 et 1701). Les estampes dites « Kaempfer » (British Museum, Londres), vers 1685, marquent le sommet d’un art tout de fraîcheur et de raffinement, qui se limitera surtout, par la suite, à l’estampe populaire.
À part quelques fabrications provinciales comme celles des « blancs de Chine » au Fujian (Fou-kien) ou des grès dits « boccaro » à Yixing (Yi-hing), au Jiangsu (Kiang-sou), toute la production de la porcelaine est concentrée à Jingdezhen (King-tö-tchen), au Jiangxi (Kiang-si), ville qui compte en 1712 près de 3 000 fours. Sous Kangxi, le bleu sous couverte est d’un beau ton saphir et s’emploie aussi « poudré » ou « soufflé ». Les monochromes se multiplient, « sang-de-bœuf », noirs parfois dorés, turquoise, céladons, etc., cherchant souvent à reproduire les chefs-d’œuvre des Song*. Mais les émaux polychromes dominent : « famille verte » aux tons francs, « biscuits » à fonds colorés ou noirs, « famille rose » à partir de 1720 environ, d’une gamme plus délicate, accordée à un nouvel émail carminé. Des objets raffinés destinés à la cour (« coquille d’œuf », par exemple) sont produits, aussi bien que des séries de commande pour l’exportation, transportées par les navires des « compagnies des Indes » européennes. Une maîtrise parfaite de la technique conduira à des recherches de tours de force (imitations d’autres matières, incrustations, tons superposés, etc.) qui tariront l’élan créateur. Le déclin est sensible dès la fin du xviiie s.
Les autres artisanats d’art sont également florissants : soieries somptueuses, tapisseries de soie kesi (k’osseu), pierres dures habilement taillées, au style volontiers archaïsant ; verres colorés, émaux peints sur métal, émaux cloisonnés dont le décor n’a ni la fraîcheur ni la liberté de ceux de l’époque Ming. Les laques offrent une grande variété : laques rouges sculptés dits « de Pékin », au relief quelque peu monotone, laques incrustés de pierres, de coraux, d’ivoire, paravents « de Coromandel » ornés de pigments colorés, très recherchés en Europe, grandes armoires peintes ou dorées de l’époque Kangxi, qui sont la meilleure réussite dans un ensemble de productions souffrant parfois de leur excès de richesse et de virtuosité.
D. L.-G.
➙ Chine.
R. S. Jenyns, Later Chinese Porcelain (Londres, 1951, 4e éd., 1971). / D. Lion-Goldschmidt, les Poteries et porcelaines chinoises (P. U. F., 1957). / J. F. Cahill, la Peinture chinoise (Skira, Genève, 1960). / H. M. Garner, Chinese and Japanese Cloisonné Enamels (Londres, 1962).