Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tropical (relief) (suite)

 K. Sapper, Geomorphologie der feuchten Tropen (Leipzig, 1935). / P. Birot, Géographie physique générale de la zone intertropicale, à l’exclusion des déserts (C. D. U., 1960 ; nouv. éd., 1973). / G. Rougerie, le Façonnement actuel des modelés en Côte-d’Ivoire forestière (I. F. A. N., Dakar, 1961). / J. Tricart et A. Cailleux, Traité de géomorphologie, 1re partie, t. V : le Modelé des régions chaudes. Forêts et savanes (C. D. U., 1965, 2e éd., 1973). / J. Hervieu, Contribution à l’étude de l’alluvionnement en milieu tropical (O. R. S. T. O. M., 1968). / F. Lelong, Nature et genèse des produits d’altération des roches cristallines sous climat tropical humide (Guyane française) [Fondation scientifique de la géologie et ses applications, Nancy, 1969]. / X. de Planhol et P. Rognon, les Zones tropicales arides et subtropicales (A. Colin, 1970). / M. Petit, Contribution à l’étude morphologique des reliefs granitiques à Madagascar (Tananarive, 1971). / P. Michel, les Bassins des fleuves Sénégal et Gambie. Étude géomorphologique (O. R. S. T. O. M., 1973). / J. Demangeot, les Espaces naturels tropicaux (Masson, 1976).

tropicale (médecine)

Étude des affections sévissant en zone tropicale, affections pour la plupart exotiques.


Les brassages de populations, la facilitation des voyages transcontinentaux ont grandement favorisé la pathologie dite « d’importation ». À la vérité, sous le terme de médecine tropicale s’entend actuellement celle qui touche non seulement les malades vivant en région tropicale, mais aussi celle qui s’intéresse aux modes de transmission de diverses maladies, notamment infectieuses, que celles-ci soient parasitaires, bactériennes ou virales. À cette double polarisation se rattachent toutes les questions concernant l’épidémiologie, l’hygiène tropicale et la prévention des maladies transmissibles. À la limite, on peut estimer que la pathologie tropicale est étroitement liée à l’écologie* en raison du caractère prééminent des transmissions vectorielles (par des Insectes vecteurs) de certaines anthropozoonoses et des incidences socio-économiques inhérentes à la prévention de ces maladies.

Les principales maladies tropicales sont représentées par les parasitoses (v. parasitisme). Les unes (protozooses) sont dues à des Protozoaires sanguicoles (paludisme*, trypanosomiases*) ou non sanguicoles (amibiase*) ; les autres (helminthiases) sont dues à des Helminthes (Vers), qui peuvent être également sanguicoles (filarioses) ou non sanguicoles (bilharzioses, ankylostomiase, anguillulose et onchocercose). L’intrication de ces diverses parasitoses chez un même sujet dans une région donnée rend parfois difficile le diagnostic de chacune d’entre elles. Surtout, la notion de réinfestation possible rend très aléatoires certaines chimiothérapies. Ce n’est pas la moindre difficulté du tropicaliste que de savoir accorder la priorité à telle ou telle parasitose (notamment le paludisme à Plasmodium falciparum avec accès pernicieux et l’hépatite amibienne) afin d’instituer à temps un traitement qui peut être véritablement salvateur. Il est également essentiel de connaître le plus précisément possible la répartition géographique des grandes endémies parasitaires. Ce n’est, en effet, que par un interrogatoire bien conçu, fondé sur des notions de « géographie médicale », que le clinicien ou, a fortiori, l’épidémiologiste peut appréhender les problèmes parfois très complexes posés par la pathologie parasitaire d’importation.

À cet égard sont très précieux les relevés épidémiologiques hebdomadaires émanant d’organisations telles que l’Organisation mondiale de la santé (O. M. S.), par exemple, qui permettent de situer exactement l’incidence et la prévalence des maladies transmissibles.

D’autres affections s’observent sinon exclusivement, du moins essentiellement en zone tropicale. Il en est ainsi de certains tableaux dysentériques d’origine bactérienne (dysentérie bacillaire), d’infections quarantenaires (peste*, choléra*, variole*) et de diverses maladies infectieuses bactériennes (lèpre*), virales (arboviroses telles que la fièvre jaune, la dengue, les fièvres hémorragiques ; arénaviroses telles que la fièvre de Lassa) ou fungiques (mycétomes, histoplasmose africaine, chromoblastomycose, etc.). Par ailleurs, divers syndromes ou maladies dont la cause n’a pu, jusqu’à présent, être précisée sévissent préférentiellement en climat tropical : cancer du foie affectant les populations bantoues et indiennes ; tumeur de Burkitt décrite en Ouganda, dont l’origine commune avec celle de la mononucléose infectieuse (virus d’Epstein-Barr) semble néanmoins la plus probable ; ulcères phagédéniques, d’étiologie le plus souvent plurimicrobienne, mais pour lesquels, en réalité, plusieurs facteurs s’imbriquent.

Parallèlement à ces différents groupes d’affections les favorisant souvent ou pouvant en être la conséquence ultime s’observent des syndromes carentiels de malnutrition et/ou de dénutrition. Les aspects malheureusement classiques du syndrome de Kwashiorkor (troubles digestifs graves et cachexie d’origine carentielle), du marasme et de certaines avitaminoses comme le béribéri, la pellagre, le scorbut font partie intégrante du contexte médico-social des pays tropicaux. Ainsi se retrouve la notion de l’influence de l’environnement dans le déclenchement et la gravité de certaines épidémies (rougeole entre autres), et la nette prédominance de leur distribution dans les pays dits « du tiers monde ». La ceinture de pauvreté du monde, ou « tropical belt » des auteurs anglo-saxons, a quasi l’apanage de ces processus morbides, qui sont étroitement liés au niveau du développement économique et, partant, de l’hygiène.

Indépendamment de la pathologie tropicale observée « sur le terrain » existe une pathologie exotique dite « d’importation », touchant particulièrement les travailleurs migrants en provenance des tropiques. L’insuffisance de contrôle sanitaire au départ des pays d’origine et parfois à l’arrivée dans le pays d’accueil peut entraîner chez ces sujets de longues hospitalisations, lourdes de conséquences individuelles et collectives. Il peut en découler une pathologie de l’adaptation à composante psychosomatique, qui peut, à son tour, avoir des répercutions organiques : c’est trop souvent dans ces cas que l’on découvrira une tuberculose, véritable fléau des transplantés de l’Afrique de l’Ouest par exemple. Un autre aspect de cette pathologie est représenté par les maladies vénériennes : si, actuellement, certaines s’observent surtout sous les tropiques (maladie de Nicolas Favre), d’autres peuvent être considérées comme des maladies « internationales ». Leur brusque flambée chez les jeunes accroît les difficultés de la prévention. Pour les tréponématoses, il est, en outre, difficile de faire la distinction entre syphilis vénérienne et syphilis endémique, qui partagent leurs stigmates sérologiques avec le pian (maladie de peau due à un autre tréponème).