Tripolitaine (suite)
Conquise avec le reste de l’Afrique* romaine par les Vandales au ve s., elle devient en 534 une possession de Byzance, qui la conserve jusqu’à la conquête arabe de 643. Le christianisme fait place à l’islām. La Tripolitaine appartient ensuite à différentes dynasties arabes (Arhlabides* [ixe s.], Fāṭimides* [xe s.], Almohades* [xiie-xiiie s.]) et Ḥafṣides [xiiie s.]) ou à des chefs locaux (dynastie des Banū ‘Ammār [xive s.]).
Repaire de pirates, la Tripolitaine est occupée en 1510 par les troupes espagnoles de Ferdinand le Catholique. Charles Quint la donne en fief en 1530 aux chevaliers de Malte. En 1551, le corsaire turc Dragut expulse les chevaliers de Tripoli, qui devient le chef-lieu d’un vilayet ottoman. Durant deux siècles et demi, les pirates turcs de Tripolitaine font peser une menace grave sur le trafic méditerranéen : aussi les États de l’Europe occidentale organisent-ils à plusieurs reprises des expéditions punitives et bombardent Tripoli, mais sans grand résultat.
Soumise aux Ottomans de Constantinople, la Tripolitaine devient indépendante (1714) sous le règne d’Ahmed Paşa Karamanlı (1711-1745), et les successeurs de ce dernier se contentent de payer un tribut à la Porte. Le pays jouit d’ailleurs d’une certaine prospérité, Tripoli étant le principal centre d’échanges commerciaux entre l’Afrique et l’Europe, en redevenant, comme jadis, le grand débouché maritime du Soudan.
Mais les exigences des pachas, qui prétendent soumettre les nations étrangères au paiement d’un lourd tribut, provoquent en 1801 une guerre entre la Tripolitaine et les États-Unis. Le conflit dure quatre ans : une expédition américaine oblige le pacha à conclure la paix (1805) et à réduire ses prétentions en matière de tarifs douaniers. En 1815 encore, les Américains envoient des troupes pour faire respecter le traité de 1805.
Mettant à profit des luttes internes, les Turcs réussissent à rétablir en 1835 leur autorité sur la région.
L’établissement des Français en Tunisie* en 1881 provoque des frictions à propos du tracé des frontières. L’occupation française a une autre conséquence : l’Italie, qui espérait s’installer elle-même en Tunisie, regarde alors vers la Tripolitaine et la Cyrénaïque voisine, où de nombreux colons italiens se sont établis à la fin du xixe s. En septembre 1911, l’Italie déclare la guerre à la Turquie et envahit la Tripolitaine, que les Turcs lui abandonnent au traité d’Ouchy (18 oct. 1912). Mais les Italiens n’occupent encore que la région côtière. Ils rencontrent de fortes résistances à l’intérieur des terres ; cependant, en août 1914, toute la Tripolitaine, y compris le Fezzan, est entre leurs mains.
La Première Guerre mondiale freine la colonisation ; l’entrée en guerre de l’Italie (23 mai 1915) suscite une révolte générale qui oblige les Italiens à évacuer leur colonie, sauf les ports de Homs et de Tripoli.
Après la guerre, les Italiens entreprennent la reconquête du pays et, en 1930, ils ont rétabli leur autorité sur l’ensemble de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque. Ces deux régions sont réunies le 1er janvier 1934 pour former la colonie italienne de Libye, qui est incorporée au royaume d’Italie le 9 janvier 1939.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le pays est le théâtre des combats de l’armée Rommel contre les Alliés. Conquise en janvier 1943 par la VIIIe armée britannique et les forces françaises du général Leclerc, la Tripolitaine, selon la décision des Nations unies, fait partie de la Libye depuis le 21 novembre 1949.
P. P. et P. R.
➙ Libye.
R. Bartoccini, Le Antichità della Tripolitania (Milan, 1926). / A. M. Morgantini, La Libia occidentale (Tripoli, 1938).