tragédie (suite)
Le goût de la tragédie est profondément inscrit dans le cœur de l’homme, toujours hanté par le mystère de sa destinée et de sa liberté. Tant qu’il y aura des hommes libres, les grandes tragédies du passé seront représentées et les créateurs s’essaieront à en composer de nouvelles. Le christianisme marquait en un sens la fin de la tragédie, puisqu’il élucidait l’énigme de la vie humaine. À mesure qu’il diminue son emprise sur l’esprit de l’homme, les vieux mythes grecs reprennent de la vigueur, et, par ailleurs, l’omnipotence de l’Administration et de l’État, « le plus froid des monstres froids », comme disait Nietzsche, peut faire revivre une sorte de fatalité antique, comme dans l’œuvre de Kafka*. Il reste qu’un climat religieux et mystique, quelque nom que prenne cette foi, préside nécessairement à la naissance d’une tragédie.
A. R.
➙ Classicisme / Corneille / Drame / Élisabéthain (théâtre) / Eschyle / Euripide / Grèce [la littérature grecque ancienne] / Racine / Shakespeare / Sophocle / Théâtre.
F. Nietzsche, Die Geburt der Tragödie (Leipzig, 1871 ; trad. fr. la Naissance de la tragédie, Gallimard, 1940). / F. A. Gevaert, Histoire et théorie de la musique dans l’Antiquité (Detaille, Gand, 1875-1881 ; 2 vol.). / M. Pohlenz, Die griechische Tragödie (Leipzig, 1930 ; 2e éd., 1954). / W. W. Jaeger, Paideia, die Formung des griechischen Menschen (Berlin, 1934-1947, nouv. éd., 1959, 3 vol. ; trad. fr. Paideia. La formation de l’homme grec, Gallimard, 1964). / H. Jeanmaire, Dionysos, histoire du culte de Bacchus (Payot, 1951). / C. Del Grande, Tragodia, essenza e genesi della tragedia (Naples, 1952). / G. Steiner, The Death of Tragedy (New York, 1961 ; trad. fr. la Mort de la tragédie, Éd. du Seuil, 1965). / H. J. F. Jones, On Aristotle and Greek Tragedy (New York, 1962). / A.-J. Festugière, De l’essence de la tragédie grecque (Aubier, 1970). / J. de Romilly, la Tragédie grecque (P. U. F., 1970) ; le Temps dans la tragédie grecque (Vrin, 1971). / J.-P. Vernant et P. Vidal-Naquet, Mythe et tragédie en Grèce ancienne (Maspero, 1972). / G. Rachet, la Tragédie grecque (Payot, 1973).