Ancienne province de France, bordée au nord par le Maine, à l’est par l’Orléanais et le Berry, au sud par le Poitou, à l’ouest par l’Anjou. Capit. Tours*.
La géographie
Partagée en 1790 entre les départements d’Indre-et-Loire, dont elle a formé la plus grande partie, de Loir-et-Cher (Montrichard), de l’Indre (Mézières-en-Brenne) et de la Vienne (La Roche-Posay), la Touraine présente des traits d’une extrême variété. Juxtaposant sur un territoire pourtant restreint (env. 6 300 km2) des formations géologiques très diverses, coupée par un dense réseau de rivières convergentes, elle multiplie les contrastes. À une succession de plateaux boisés médiocrement doués (Gâtines et plateau de Sainte-Maure, argilo-siliceux ; Champeigne calcaire meuliérisée ; Brenne argileuse des étangs), elle opposa longtemps l’opulence de ses grandes vallées, Loire, Cher, Indre, Vienne, Creuse, couvertes de céréales, de fourrages, de prairies, ourlées de vignobles réputés (Vouvray, Montlouis-sur-Loire, Chinon). « Habit de bure orné de broderies d’or », selon le mot de Michelet, la Touraine s’est beaucoup mieux prêtée à cette image qu’à la flatteuse appellation de « jardin de la France », dont elle s’est parée, mais qui ne désigna jamais que le plantureux Val de Loire des varennes d’Amboise à la plaine du Véron.
Sans unité naturelle, la Touraine n’en a pas moins une profonde cohésion régionale. Servie par un climat généreux, ouverte à une vie de relation active par la facilité de ses accès et de ses passages, elle a connu un précoce peuplement (abris troglodytiques de ses versants de craie tuffeau, ateliers néolithiques du Grand-Pressigny), pétri ses hommes d’une même empreinte, d’une même sensibilité, aussi divers que soient Rabelais, Descartes, Balzac, Vigny, Bergson ou A. France. Un siècle durant, de la fin du xve s. à la fin du xvie, elle fixe la cour des Valois, donne à la Renaissance l’éclat de ses arts (châteaux d’Amboise, Chenonceaux, Langeais, Azay-le-Rideau, Ussé, Loches). Elle met fin, au xixe s. par l’amendement (pratique du falunage), au xxe s. par l’engrais, à la disgrâce de ses plateaux, livre son agriculture à la spéculation marchande (élevage laitier et de basse-cour, vins, fruits, légumes), cultive par le tourisme et l’accueil une douceur de vivre légendaire. Articulée sur un grand carrefour, elle se rassemble autour d’une capitale, Tours, dont, au travers de l’histoire, les destinées règlent toujours les siennes. L’usage antique d’associer sous un même vocable, civitas (civitas Turonorum), la capitale et la province comme celui, actuel, de qualifier, dans une assimilation spontanée, de Touraine le département d’Indre-et-Loire illustrent bien, au-delà de certaines nuances de délimitation régionale, une légitime et remarquable identité de fait.
Y. B.
L’histoire
La Touraine gallo-romaine
Originaire de la haute vallée du Main, une branche des Turons (Turones) s’établit entre Loir et Vienne, où elle édifie deux oppida. Les Turons, contraints d’accueillir les légions de César pendant l’hiver 57-56 av. J.-C., se révoltent en 52 à l’appel de Vercingétorix. Vaincus, ils sont dotés par César, ou plus vraisemblablement par Auguste, d’une nouvelle capitale non fortifiée, d’une centaine d’hectares de superficie : Caesarodunum (auj. Tours), puis ils bénéficient au cours du ier s. apr. J.-C. du statut de « cité libre », particulièrement avantageux sur le plan fiscal. Centre d’une riche région agricole, Caesarodunum développe son commerce grâce à la convergence de très importantes voies fluviales (Loire, Cher) et terrestres. Ainsi s’explique, en partie, le rapide enrichissement de sa bourgeoisie et de ses marchands, qui acquièrent de vastes domaines ruraux.
Les Turons accueillent, dès le milieu du iiie s., le christianisme, d’abord à Tours même avec saint Gatien (v. 250 - v. 300), puis dans les campagnes, dont saint Martin (370 ou 371-397) entreprend l’évangélisation et où il fonde la communauté de Marmoutier.