Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

toundra (suite)

Dans les régions tropicales, on trouve à très haute altitude (plus de 4 000 m) une formation qui rappelle la toundra. Ainsi dans le massif du Ruwenzori (en Afrique orientale) — au-dessus de la zone à Senecio, Lobelia et Immortelles, accompagnées d’un grand nombre d’espèces d’origine boréo-atlantique — se développe une végétation surtout composée de Mousses et de Lichens, entre autre Cladonia rangiferina des régions arctiques.

J. M. T. et F. T.

 N. V. Polunin, Botany of the Canadian Eastern Arctic, t. III : Vegetation and Ecology (Ottawa, 1948) ; Circumpolar Arctic Flora (Oxford, 1959). / G. Lemée, Précis de biogéographie (Masson, 1967). / R. Dajoz, Précis d’écologie (Dunod, 1970).

Toungouses ou Toungouzes

Peuple altaïque disséminé à travers toute la Sibérie orientale, de l’Ienisseï au Pacifique (U. R. S. S. et Chine du Nord-Est).


Tous ces peuples appartiennent à la famille linguistique toungouse-mandchoue, elle-même rattachée au groupe des langues altaïques.


L’économie

De type semi-pastoral, elle est fondée sur la chasse et l’élevage du renne. Après sa capture en forêt, l’animal est utilisé pour la selle et le bât. Il sert également pour le trait chez les Toungouses proches d’Aïan. Son abattage par égorgement reste un acte sacrificiel ; il n’est jamais pratiqué à grande échelle pour la consommation de la viande, l’effectif des troupeaux étant trop restreint. Le chien — qui, souvent, attaque le renne, domestique ou sauvage — n’est utilisé pour la garde des troupeaux que chez les Toungouses de l’Ienisseï.

Chasse, pêche et élevage, parfois pratiqués isolément, sont le plus souvent conjugués.

Excellents trappeurs, les Toungouses sont, parmi les peuples sibériens, le plus expert dans la pratique du piégeage. Ils connaissent le travail des métaux, mais n’extraient pas les minerais. La demeure traditionnelle est une tente conique recouverte de peaux de renne.


Organisation sociale

Les croyances et les pratiques religieuses nous sont mal connues ; on sait cependant que les morts ne sont jamais incinérés, mais reposent dans un cercueil surélevé.

Le groupe se subdivise en tribus, puis en sous-tribus, clans exogames, sous-clans et familles restreintes.

Descendance patrilinéaire, mariage par achat et polygynie caractérisent le système de parenté.

Il faut noter certains emprunts aux cultures paléosibériennes chez les Orotches, dans la portion orientale du territoire toungouse proche des gilyaks (Guiliaks) : ici apparaissent l’endogamie, les règles d’hospitalité selon lesquelles un homme offre son épouse à un hôte, et, peut-être, certaine forme de mariage collectif.

N. D.

Touraine

Ancienne province de France, bordée au nord par le Maine, à l’est par l’Orléanais et le Berry, au sud par le Poitou, à l’ouest par l’Anjou. Capit. Tours*.



La géographie

Partagée en 1790 entre les départements d’Indre-et-Loire, dont elle a formé la plus grande partie, de Loir-et-Cher (Montrichard), de l’Indre (Mézières-en-Brenne) et de la Vienne (La Roche-Posay), la Touraine présente des traits d’une extrême variété. Juxtaposant sur un territoire pourtant restreint (env. 6 300 km2) des formations géologiques très diverses, coupée par un dense réseau de rivières convergentes, elle multiplie les contrastes. À une succession de plateaux boisés médiocrement doués (Gâtines et plateau de Sainte-Maure, argilo-siliceux ; Champeigne calcaire meuliérisée ; Brenne argileuse des étangs), elle opposa longtemps l’opulence de ses grandes vallées, Loire, Cher, Indre, Vienne, Creuse, couvertes de céréales, de fourrages, de prairies, ourlées de vignobles réputés (Vouvray, Montlouis-sur-Loire, Chinon). « Habit de bure orné de broderies d’or », selon le mot de Michelet, la Touraine s’est beaucoup mieux prêtée à cette image qu’à la flatteuse appellation de « jardin de la France », dont elle s’est parée, mais qui ne désigna jamais que le plantureux Val de Loire des varennes d’Amboise à la plaine du Véron.

Sans unité naturelle, la Touraine n’en a pas moins une profonde cohésion régionale. Servie par un climat généreux, ouverte à une vie de relation active par la facilité de ses accès et de ses passages, elle a connu un précoce peuplement (abris troglodytiques de ses versants de craie tuffeau, ateliers néolithiques du Grand-Pressigny), pétri ses hommes d’une même empreinte, d’une même sensibilité, aussi divers que soient Rabelais, Descartes, Balzac, Vigny, Bergson ou A. France. Un siècle durant, de la fin du xve s. à la fin du xvie, elle fixe la cour des Valois, donne à la Renaissance l’éclat de ses arts (châteaux d’Amboise, Chenonceaux, Langeais, Azay-le-Rideau, Ussé, Loches). Elle met fin, au xixe s. par l’amendement (pratique du falunage), au xxe s. par l’engrais, à la disgrâce de ses plateaux, livre son agriculture à la spéculation marchande (élevage laitier et de basse-cour, vins, fruits, légumes), cultive par le tourisme et l’accueil une douceur de vivre légendaire. Articulée sur un grand carrefour, elle se rassemble autour d’une capitale, Tours, dont, au travers de l’histoire, les destinées règlent toujours les siennes. L’usage antique d’associer sous un même vocable, civitas (civitas Turonorum), la capitale et la province comme celui, actuel, de qualifier, dans une assimilation spontanée, de Touraine le département d’Indre-et-Loire illustrent bien, au-delà de certaines nuances de délimitation régionale, une légitime et remarquable identité de fait.

Y. B.


L’histoire


La Touraine gallo-romaine

Originaire de la haute vallée du Main, une branche des Turons (Turones) s’établit entre Loir et Vienne, où elle édifie deux oppida. Les Turons, contraints d’accueillir les légions de César pendant l’hiver 57-56 av. J.-C., se révoltent en 52 à l’appel de Vercingétorix. Vaincus, ils sont dotés par César, ou plus vraisemblablement par Auguste, d’une nouvelle capitale non fortifiée, d’une centaine d’hectares de superficie : Caesarodunum (auj. Tours), puis ils bénéficient au cours du ier s. apr. J.-C. du statut de « cité libre », particulièrement avantageux sur le plan fiscal. Centre d’une riche région agricole, Caesarodunum développe son commerce grâce à la convergence de très importantes voies fluviales (Loire, Cher) et terrestres. Ainsi s’explique, en partie, le rapide enrichissement de sa bourgeoisie et de ses marchands, qui acquièrent de vastes domaines ruraux.

Les Turons accueillent, dès le milieu du iiie s., le christianisme, d’abord à Tours même avec saint Gatien (v. 250 - v. 300), puis dans les campagnes, dont saint Martin (370 ou 371-397) entreprend l’évangélisation et où il fonde la communauté de Marmoutier.