Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tōkyō (suite)

La fonction agricole

Le périmètre administratif englobe certains districts agricoles. La superficie cultivée se restreint d’année en année, mais le revenu moyen de ceux qui restent sur la terre s’améliore avec une relative concentration du sol : le nombre des familles gagnant moins de 500 000 yen a décru tandis que celui des revenus supérieurs à 1 million augmentait de 122,1 p. 100 de 1961 à 1967. Ce sont les maraîchers qui ont surtout bénéficié de cette évolution, suivis des éleveurs de porcs et de volailles, qui profitent des déchets des zones urbanisées voisines pour nourrir leurs animaux. Dans les marges montagneuses, les conditions demeurent traditionnelles (sériciculture, céréales) et une émigration se fait vers l’agglomération. Chez les ruraux de la plaine, le travail du sol est assuré par les femmes et les vieillards, tandis qu’hommes et jeunes gens exercent à la ville un emploi commercial ou industriel. La compétition est de plus en plus âpre pour le sol (entreprises immobilières, firmes industrielles, loisirs), et une loi a fixé les superficies qui doivent demeurer à l’écart de l’urbanisation en raison de leurs hauts rendements, améliorés en partie à l’aide des fonds publics. Toutefois, la spéculation fait rage, tandis que l’urbanisation entraîne dans les collectivités rurales des bouleversements profonds, pas toujours bénéfiques.


Les différents secteurs de l’agglomération

Le plan de Tōkyō a revêtu spontanément un schéma radioconcentrique dont la masse du palais impérial (3 km2) forment exactement le centre. Toutefois, le « centre » de la vie urbaine se localise plus à l’est (Ginza, Nihombashi), et, plus loin, des centres secondaires lui forment une ceinture (interrompue seulement du côté de la baie), tout au long de la voie ferrée périphérique (Ueno, Ikebukuro, Shinjuku, Shibuya surtout). Au-delà enfin s’étendent les banlieues proches, résidentielles à l’ouest, industrielles au sud et au nord, résidentielles et industrielles à l’est, le long de la baie.

• Le centre proprement dit, correspondant aux arrondissements de Chūō et de Chiyoda. S’y concentrent la fonction administrative urbaine (Yūrakuchō), les sièges sociaux des grandes entreprises (Marunouchi) et les organes financiers (Nihombashi) ou boursiers (Kabutochō), de grands magasins (Ginza, Nihombashi), des commerces de détail de luxe et des lieux de plaisir (Ginza). Là se trouvent les gares les plus animées (Yūrakuchū, Tōkyō, Ginza, Shimbashi, Ōtemachi), le nombre maximal d’abonnés au télex et la plus grande fréquence d’appels téléphoniques. La population diurne s’élève à 2,2 millions contre 400 000 la nuit. Différents aspects se côtoient dans ce secteur d’environ 1 km sur 4. Ginza est la grande artère commerçante, à la fois les « Grands Boulevards » et les « Champs-Élysées » de la capitale ; prolongée par la Chūō-dōri au-delà de Kyōbashi, elle court approximativement du nord au sud sur environ 2,5 km. C’est sa fonction commerciale qui la définit avant tout : deux noyaux de grands magasins (Ginza-4 et Nihombashi) séparés de multiples boutiques de luxe et de restaurants. Dans les ruelles voisines, parcourues jour et nuit par une foule dense, se serrent bars et magasins de mode. L’artère aboutit au nord au carrefour de Nihombashi, ancien point de départ des routes de l’empire et centre du commerce de gros. De là jusque vers la gare centrale, les banques et les organisations économiques occupent le quartier d’Ōtemachi. Plus au nord se trouve le quartier universitaire de Kanda : trois grandes universités (Chūō, Meiji, Nihon) y entraînent la présence de nombreuses librairies, comme aussi la prestigieuse université de Tōkyō, toute voisine. Au sud du palais se trouve le quartier politique ; autour de la Diète, les ministères s’allongent de part et d’autre d’une avenue unique. Au centre de cet énorme ensemble, la gare de Tōkyō et le remblai du chemin de fer qui traverse ces quartiers du nord au sud forment une frontière majeure séparant les quartiers commerçants, à l’est, des secteurs administratifs, politiques et d’affaires, à l’ouest.

• Les deux grands secteurs résidentiels de Yamanote et de Shitamachi. Ils se disposent de part et d’autre du centre. Shitamachi (Taitō, Sumida et Kōtō), traversé par la Sumida-gawa, offre un paysage uniformément plat, dont le quadrillage régulier fait alterner quartiers résidentiels et ateliers ; 900 000 habitants vivent ici, 46 p. 100 travaillant en usine contre 22 p. 100 dans des bureaux. Les familles sont nombreuses et en majorité de résidence ancienne, conservant ainsi une grande homogénéité culturelle et sociale. Riches de sanctuaires et de traditions, ces secteurs incarnent encore une certaine image du Japon féodal : il en est ainsi du quartier pittoresque d’Asakusa. Yamanote (Bunkyō, Toshima, Shibuya, Meguro, Shinjuku) correspond aux anciens quartiers de résidence militaire occupés à présent par la bourgeoisie ; tout en collines et en vallons, coupé d’escaliers et de jardins, il abrite environ 1,5 million de personnes dans ses ensembles résidentiels et les quartiers commerçants qui les séparent. Les appartements sont plus grands qu’à Shitamachi, et les loyers plus élevés ; 28 p. 100 seulement de la population vivent d’un travail manuel (moyenne de Tōkyō : 35 p. 100). Les appartements de luxe, en béton, s’y multiplient ainsi que les belles résidences privées. Le commerce de luxe y caractérise maint quartier (Aoyama, Akasaka, Roppongi).

• Les noyaux périphériques. Marquant au nord, à l’ouest et au sud la limite de Yamanote, la ligne de ceinture relie plusieurs quartiers qui relaient, pour la banlieue, les fonctions du centre urbain : Ueno, Ikebukuro, Shinjuku, Shibuya notamment. Tous offrent les mêmes caractéristiques : la gare en forme le centre et la convergence des lignes intérieures, du métro et de banlieue, y entretient un trafic journalier de 150 000 à 600 000 voyageurs. De grands magasins, souvent créés par les compagnies de chemin de fer privées, entourent ou surmontent ces gares, tandis que les rues alentour fourmillent de commerces de détail, boutiques de mode et d’alimentation, de restaurants, de supermarchés et d’établissements de plaisir. Relais entre les bureaux du centre et la résidence en banlieue, les gens s’y arrêtent volontiers une heure ou deux avant de rentrer chez eux, donnant à ces rues une animation intense le soir, le samedi et le dimanche.