Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tōkyō (suite)

Le nombre moyen de personnes par famille s’élève à 3,13, variant de 2,59 (Toshima) à 4,24 (Chiyoda). En général, les secteurs résidentiels peu denses accusent des chiffres faibles ou moyens en raison de leur peuplement récent (jeunes ménages ou célibataires), tandis que les quartiers du centre (Chiyoda, Chūō), occupés anciennement, ainsi que les arrondissements ouvriers ont des familles plus nombreuses. Le rapport des sexes varie de même ; la moyenne des 23 arrondissements est de 103 hommes pour 100 femmes. Le pourcentage des premiers dépasse ce taux dans les quartiers ouvriers du nord, où vivent nombre de jeunes travailleurs célibataires ; il lui est inférieur dans tout le centre.


Le quartier et l’ambiance collective

L’existence est d’abord conditionnée par la maison traditionnelle, perméable au bruit et où l’intimité de l’individu est limitée par rapport à nos résidences de pierre ou de béton. La maison individuelle constitue encore le logement de la majorité des habitants ; toutefois, le passage à l’appartement s’opère sans heurt pour deux raisons : l’habitude dans certaines classes de partager dès l’époque féodale certaines servitudes (puits, toilettes) et le fait que la maison traditionnelle ne comporte qu’un rez-de-chaussée et que, de tout temps, la vie familiale s’est ainsi déroulée sur un seul niveau, mode de vie qui est celui des appartements modernes. Les appartements de style traditionnel, en bois, sont anciens (Meiji), mais ceux de béton n’apparurent que vers 1930 pour, depuis 1950, se multiplier rapidement ; cet essor correspond tout à la fois à l’accroissement rapide des besoins et à l’épanouissement d’un état d’esprit rendant acceptable à toutes les catégories de citadins l’idée de résider dans un cadre partiellement occidental.

Les quartiers populaires (Shitamachi) ont le mieux préservé les comportements anciens : plus on descend l’échelle sociale, plus la maison tend à abandonner une partie de sa fonction au profit de la rue. Loisirs et travaux se déroulent dans le cadre étroit des relations et des associations de quartier, renforcées par les liens traditionnels du type « père-enfant » entre employeurs et employés. Les quartiers de Yamanote, de résidence aisée, montrent une plus grande autonomie de la cellule familiale. Si toutefois le clivage fondamental entre ces deux groupes de quartiers demeure, il tend à se réduire en raison de l’essor d’une classe moyenne de salariés (dès 1950, employés et ouvriers formaient la majorité de la population urbaine), et la fusion des cultures des secteurs populaires et bourgeois s’opère rapidement. Les habitants des uns et des autres bénéficient de la même aisance matérielle et s’imprègnent partiellement de même d’un nouvel état d’esprit qui caractérise ce Japon de l’abondance : fidélité accrue à la famille conjugale, conscience plus nette du droit à la vie privée, liberté grandissante de la citadine, angoisses et désirs aussi qui caractérisent en tout pays la société postindustrielle. 59,9 p. 100 des revenus personnels des habitants de Tōkyō proviennent des salaires, 17,3 p. 100 d’affaires privées, 6,3 p. 100 de loyers, 6 p. 100 d’intérêts, 5,1 p. 100 de dividendes et 5,4 p. 100 d’autres sources. Le revenu moyen annuel se montait en 1971 à 280 861 yen (le plus élevé du pays et 1,73 fois la moyenne nationale).


Services collectifs et équipement scolaire

Le budget pédagogique de Tōkyō est géré par la Commission pédagogique municipale. En 1971, le nombre total des élèves a été de 1,5 million, répartis en plus de 2 000 établissements dont quelque 150 universités et collèges d’enseignement supérieur (le plus grand nombre est privé) ; 22,3 p. 100 des lycéens entrent à l’université (deux ou quatre ans), 41,8 p. 100 prennent un emploi (35 p. 100 des garçons et 50 p. 100 des filles) dans les bureaux (46,9 p. 100), l’industrie (32 p. 100) ou le commerce (8,8 p. 100). De 1935 à 1970, l’espérance de vie est passée de 46,9 à 69,3 ans pour les hommes, de 49,6 à 74,7 ans pour les femmes. L’évolution de la mentalité, qui écarte de plus en plus les parents âgés de la vie des jeunes ménages, pose des problèmes d’assistance chaque année plus aigus. Enfin, les 118 000 handicapés et les 580 000 malades mentaux de la capitale sont très insuffisamment soignés. 43 000 policiers veillent sur Tōkyō. Un équipement sophistiqué tente de pallier les inconvénients d’une circulation chroniquement difficile, bien que la vitesse en ville soit limitée à 40 km/h (ou peut-être pour cette raison). La délinquance juvénile notamment augmente régulièrement et les associations criminelles ont un rôle considérable dans bien des aspects de la vie urbaine. Enfin, Tōkyō demeure la proie fréquente du feu (de 2,8 à 3,8 sinistres par an et pour 10 000 hab.) : le maximum est en mars avec deux minimums en juillet et septembre, courbe exactement inverse de celle de l’humidité de l’air, le bois étant encore le principal matériau de construction.


Les fonctions

Tōkyō est le centre politique, administratif, économique et culturel du Japon. Le palais impérial (3 km2) occupe exactement le centre de la ville, ce qui vaut à celle-ci un énorme « poumon » que pourraient lui envier bien des métropoles européennes. Les ministères forment un bloc compact immédiatement au sud-ouest, autour du palais de la Diète, et les ambassades s’isolent dans les quartiers résidentiels élégants (Azabu surtout). La fonction administrative s’exerce entre la gare et le centre commercial de Ginza. Tōkyō est la seule ville « internationale » du Japon, la seule où les influences étrangères agissent en permanence et, à partir de là, gagnent les autres secteurs de l’archipel.


L’industrie

Il y a près de 100 000 firmes manufacturières dans la région de Tōkyō-Yokohama, soit 20,4 p. 100 des entreprises de la capitale (contre 218 000 entreprises commerciales : 46,8 p. 100) où travaillent 38,1 p. 100 des ouvriers japonais. C’est ainsi la région métropolitaine qui accroît le plus vite son potentiel manufacturier. Selon le nombre de firmes, les fabrications métalliques occupent le premier rang (16,6 p. 100), suivies de l’édition (12,1 p. 100), de l’outillage ordinaire (9,1 p. 100), de l’appareillage électrique (7,4 p. 100). Viennent ensuite les activités servant surtout à la consommation des habitants : vêtements (5,9 p. 100), alimentation, tissus, cuirs et plastiques (4,9 p. 100 chacun), l’ameublement (4,4 p. 100), l’appareillage de précision et le matériel de transport (3 p. 100 chacun). Pour le nombre d’ouvriers, l’appareillage électrique vient en tête (16,8 p. 100), suivi de l’édition (13,9 p. 100), de l’outillage général et des fabrications métallurgiques (10,8 p. 100 chacun), de l’alimentation et de l’appareillage de précision (5,4 p. 100 chacun), le reste occupant moins de 5 p. 100. En valeur, c’est l’appareillage électrique qui domine (16,4 p. 100), précédant l’édition (13,8 p. 100) et l’outillage (10,7 p. 100) ; produits métallurgiques et alimentaires viennent ensuite (7,4 p. 100 chacun), suivis du matériel de transport (6,7 p. 100) ; les textiles ne comptent que pour 2,5 p. 100. Cette situation est le résultat d’une évolution qui tend à donner une part croissante à l’équipement électrique et à l’outillage aux dépens des textiles et de l’industrie chimique.