Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tir (suite)

Le projectile (balle ou obus), propulsé par une charge extérieure à lui-même, est guidé pendant son trajet dans le tube de l’arme à feu. Durant son trajet dans l’atmosphère, il décrit une trajectoire balistique, c’est-à-dire qu’il n’est plus soumis qu’à la pesanteur et à la résistance de l’air. Au contraire, les roquettes et les missiles, préguidés sur leur dispositif de lancement, sont propulsés par réaction, soit à l’aide de moteurs à poudre ou à liquide ne faisant pas appel à l’air ambiant (moteurs-fusées), soit à l’aide de réacteurs. Lorsque son moteur s’arrête, le projectile fonctionne comme un obus : il décrit alors une trajectoire balistique.

• Les trajectoires. On appelle trajectoire la courbe suivie par le centre de gravité d’un projectile. Pour tirer sur un objectif, il faut faire passer la trajectoire du projectile par cet objectif ou, dans le cas du tir fusant, à sa proximité immédiate. Quand elle est faible, la distance de l’objectif à l’arme est assimilée à sa distance topographique mesurée dans le plan de référence de la carte. Pour des objectifs éloignés, on remplace la distance topographique par la distance géodésique, mesurée sur la surface de l’ellipsoïde de référence.

D’autres éléments caractérisent la trajectoire :
— la flèche, point le plus élevé de son parcours, dont la hauteur est comptée à partir de l’altitude de la bouche à feu ;
— l’inclinaison, angle aigu que fait en un point la tangente à la trajectoire avec le plan horizontal ;
— le point d’impact, point de rencontre de la trajectoire avec le terrain ;
— l’angle d’impact, angle que fait la trajectoire avec le terrain au point d’impact.

D’autre part, en cas de tir fusant (obus éclatant avant de toucher le sol), si l’on dispose d’une fusée « à temps », on appelle évent la graduation à marquer sur cette fusée pour provoquer son éclatement en point choisi de l’espace.

En outre, la durée de trajet du projectile, pour atteindre un point déterminé de sa trajectoire, est une donnée très importante dans le cas du tir sur objectif mobile. Des tables de tir fournissent les éléments des trajectoires dites « de référence » (ou « des tables ») de projectiles tirés par des bouches à feu déterminées dans des conditions normales de densité et de température de l’air, de qualité de la poudre, etc. Les conditions du moment n’étant jamais identiques à ces conditions normales, les tables de tir indiquent les corrections qu’il faut apporter aux éléments théoriques du tir. Les tables fournissent aussi la valeur de la dérivation, angle que forme le plan vertical contenant le point de chute et la bouche à feu avec le plan de tir, et qui résulte de la rotation autour de son axe du projectile.

Lorsque l’angle au niveau de l’arme est inférieur à 45°, le tir est dit « plongeant » ; s’il est supérieur à 45°, le tir est dit « courbe » ou « vertical » ; on peut obtenir une même portée soit avec un tir plongeant soit avec un tir vertical, et l’on obtient la portée maximale avec un angle au niveau voisin de 45°. Si, comme dans la mitrailleuse, le tir n’utilise qu’une portion de trajectoire voisine de la ligne droite, il est dit « tendu ». Il est dit « rasant » si la flèche de la trajectoire est inférieure à la hauteur de l’objectif.

La trajectoire des roquettes comprend successivement une trajectoire de propulsion qui est fonction de la nature du moteur et une trajectoire balistique qui, identique à celle d’un obus, est fonction de la vitesse acquise par le projectile en fin de propulsion (les tables de tir sont analogues à celles des obus).

Pour la trajectoire des missiles, plusieurs cas se présentent. Si le missile a pour objectif un but ponctuel, mobile ou non (antichar, sol-air, air-air, air-surface), sa trajectoire est constamment en phase propulsée-guidée, un système autodirecteur agissant le plus souvent dans sa portion terminale. Pour les missiles balistiques surface-surface, la phase initiale propulsée-guidée est suivie d’une phase balistique dont la trajectoire est déterminée par les paramètres de la vitesse au point d’extinction des moteurs. Une nouvelle phase propulsée-guidée peut intervenir en fin de trajectoire : c’est le cas des MIRV, destinés à atteindre avec un missile unique plusieurs objectifs différents.


Les tirs de l’artillerie classique

Les projectiles chargés en explosifs chimiques peuvent agir par effet de souffle, par l’action des éclats de l’enveloppe ou par des effets particuliers dus au caractère (fumigène, incendiaire, etc.) de leur chargement. La pénétration dans le sol ou dans les bâtiments est meilleure avec les obus à parois épaisses qu’avec des missiles ou roquettes à parois minces, mais l’effet de souffle est plus puissant avec ces derniers, qui, à poids égal, possèdent une charge de poudre supérieure. L’action des éclats, redoutable sur le personnel, est fonction de la hauteur d’éclatement de l’obus (tir fusant), de l’angle d’impact et de la nature du sol (tir percutant). Des tableaux indiquent la valeur de la zone efficacement battue par les différents projectiles, la portée de leurs éclats, etc.


Le phénomène de la dispersion

Au cours de l’exécution d’un tir, on constate que les points de chute des corps tirés dans des conditions aussi identiques que possible ne se superposent pas, mais qu’ils sont « dispersés » sur le sol. Ce phénomène est dû aux variations entre deux coups résultants :
— de causes balistiques, variations de la vitesse initiale dues aux différences de poids des obus et des charges, aux variations de la vivacité de la poudre ;
— de causes aérologiques, variations de la pression, de la température et de l’état hygrométrique de l’air modifiant sa résistance au déplacement de l’obus ;
— de causes dues aux erreurs personnelles des pointeurs et au jeu des instruments de pointage, auxquelles s’ajoutent dans le tir fusant les irrégularités de fonctionnement des fusées.

Si le tir comporte un grand nombre de coups, la répartition des points de chute obéit à la loi de Gauss en portée comme en direction.