Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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thyroïde (suite)

L’ensemble des processus schématisés sur la figure 3 et le métabolisme des hormones ont été étudiés grâce à l’emploi des isotopes radioactifs de l’iode125I et131I en particulier. Ils ont pu faire ainsi l’objet de recherches in vivo et in vitro sur des coupes d’organes ou sur des modèles chimiques. Parmi ceux-ci, l’action directe de l’iode moléculaire I2 sur diverses protéines et la formation de T4 qui s’ensuit (P. von Mutzenbecher ; J. Roche ; M. Lafont et R. Michel) méritent d’être retenues.


Calcitonine

Cette hormone, initialement appelée thyrocalcitonine, est sécrétée par les cellules C parafolliculaires. C’est un polypeptide de 36 acides aminés (poids moléculaire : 3 600) [P. F. Hirsch], que l’on prépare par synthèse en vue de son emploi thérapeutique. Son action hypocalcémiante en fait un antagoniste de l’hormone parathyroïdienne, la parahormone.


Physiologie thyroïdienne

La régulation de la biosynthèse des hormones iodées comporte un facteur exogène alimentaire et des facteurs endogènes extra-thyroïdiens. Le premier est la couverture d’un besoin en iode, qui, chez l’homme adulte, est d’environ 15 mg par jour, contenus dans divers tissus animaux et végétaux. Une hormone antéhypophysaire du groupe des stimulines, la thyréostimuline, ou thyréotropine (Max Raymond Aron et Leo Loeb), désignée en général par le sigle TSH, contrôle l’ensemble des processus de l’hormonogenèse. TSH est une glycoprotéine de poids moléculaire voisin de 28 000. Elle active toutes les étapes indiquées ci-dessus, depuis la concentration des iodures sanguins par les cellules épithéliales jusqu’à la sécrétion de T3 et de T4 ; son taux sanguin et sa fixation par la glande commandent l’activité thyroïdienne, mais le premier est sous la dépendance directe d’une sécrétion hormonale hypothalamique et sous la dépendance indirecte du taux sanguin des hormones thyroïdiennes.

La mise en liberté de TSH par le lobe antérieur de l’hypophyse est régie par une hormone sécrétée par la région hypothalamique du cerveau : le facteur de libération de TSH, ou TRH (F. Schally et R. Guillemin), ainsi désigné à partir de sa dénomination anglaise (Thyrotropin Releasing Hormone). TRH est un tripeptide (pyro-glutamyl-histidyl-proline-amide) que l’on a synthétisé, ainsi que divers corps analogues de propriétés biologiques identiques. TSH est déversée dans le plasma sanguin et transportée au corps thyroïde sous l’action de TRH, mais la sécrétion de celui-ci est elle-même sous la dépendance de la concentration plasmatique de T3 et de T4, libres. Il existe donc un mécanisme de rétroaction (en anglais feed-back) des hormones thyroïdiennes sur les organes endocrines qui règlent leur sécrétion. On a pensé longtemps que le mécanisme, d’abord décrit par Robert Courrier (né en 1895), s’exerçait directement par la diminution de la sécrétion antéhypophysaire de TSH sous l’action de T3 et de T4. En fait, cette rétroaction s’exerce principalement sur l’hypothalamus, qui commande la libération de TRH. Le schéma de la figure 4 illustre le mécanisme de rétroaction.

Comme l’hypothalamus, situé à la base du cerveau, est relié à des régions de l’écorce cérébrale qui lui transmettent des impressions sensorielles, thermiques et psychiques, l’influx nerveux arrivant aux noyaux diencéphaliques élaborant TRH exerce une influence importante sur l’activité sécrétoire du corps thyroïde. L’activité de cette glande peut être contrôlée grâce à l’emploi d’un isotope radioactif de l’iode administré à l’état d’iodure à dose traceuse, bien inférieure à 1 µg.

Le rôle biologique des hormones iodées est lié à leurs activités signalées plus haut. L’activité qui se traduit par une stimulation de la consommation d’oxygène et des oxydations cellulaires est associée aux produits de la sécrétion d’autres organes endocrines, en particulier des capsules surrénales et du pancréas. Le corps thyroïde joue, en raison des activités métaboliques de T3 et de T4, un rôle de premier plan dans la thermorégulation (v. température) et dans la lutte contre le froid. T3 exerce ses effets plus rapidement que T4 en raison de sa pénétration plus rapide dans les cellules et, comme elle est plus active, elle constitue une sorte d’hormone de choc.

L’action de la calcitonine (P. F. Hirsch, G. Milhaud et L. Mac Intyre) est beaucoup plus limitée. Elle porte sur la régulation du métabolisme du calcium et, de ce fait, sur la formation et la mobilisation du phosphate tricalcique des os (PO4)2Ca3. Hypocalcémiante, elle est antagoniste de la parahormone, produit hypercalcémiant de la sécrétion endocrine des parathyroïdes. Son action s’exerce au niveau des ostéoblastes et conduit à un blocage de la résorption osseuse du phosphate tricalcique.


Troubles de la sécrétion des hormones


Les hormones iodées

L’hyperfonctionnement des cellules épithéliales conduit à la sécrétion d’un excès d’hormones iodées, qui se traduit par un syndrome de thyréotoxicose, lequel se manifeste en particulier au cours de la maladie de Basedow ou lorsqu’une partie de la glande est seule en état d’hyperactivité dans un « nodule chaud ». L’enregistrement de la radioactivité de la région sur laquelle se projette le corps thyroïde, après administration d’iodures marqués (scintigraphie), révèle l’existence de celui-ci et permet d’en déceler les anomalies. Les hyperthyroïdies ne comportent pas toujours la présence d’un goitre (lorsqu’il existe, celui-ci est diffus et de volume relativement faible) ; elles vont, par contre, nécessairement de pair avec les manifestations de la sécrétion d’un excès d’hormones (amaigrissement, augmentation du métabolisme de base et tachycardie).

Les fortes hypertrophies thyroïdiennes, atteignant parfois 1 kg, vont de pair avec une diminution de la sécrétion hormonale, dont les goitres simples sont la conséquence. Il existe dans certaines parties des Alpes et dans d’autres régions d’Europe et dans certaines régions d’Afrique une endémie goitreuse, qui atteint jusqu’à 80 p. 100 de la population de divers villages. Cette endémie a été reliée au défaut d’iode dans les aliments, mais elle comporte, à coup sûr, d’autres facteurs mal définis, entre autres divers produits alimentaires du type de certains antithyroïdiens soufrés (goitres dus au sulfocyanure des choux chez le lapin, à des dérivés soufrés hétérocycliques présents dans les fourrages chez les vaches en Nouvelle-Zélande). La distribution de sel de cuisine additionné d’iodures depuis 1920 a fortement réduit l’endémie goitreuse dans le monde, alors que celle-ci atteignait auparavant plusieurs millions d’hommes.