Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

thorax (suite)

Il est cependant des explorations médiastinales globales. Radiologiquement, le cliché thoracique de face étudie les bords du médiastin qui font contraste avec la clarté pleuro-pulmonaire ; la médiastinographie gazeuse est l’étude radiographique après injection d’air derrière le sternum. Ce contraste clair du tissu celluleux médiastinal souligne les contours de chaque élément médiastinal. Endoscopiquement, la médiastinoscopie, plus qu’une endoscopie vraie, est une biopsie chirurgicale du tissu celluleux et des ganglions du médiastin moyen pratiquée à l’aide d’un tube porte-lumière analogue aux principes endoscopes.


Pathologie

Les affections du médiastin, à l’exclusion des lésions des viscères thoraciques sont diverses.

• Les épanchements traumatiques. Ce sont l’hémomédiastin (sang dans le médiastin), provenant d’une plaie vasculaire ou de la rupture de l’aorte dans un traumatisme thoracique fermé, et le pneumomédiastin (air dans le médiastin), ou emphysème médiastinal, diffusant rapidement en rupture trachéo-bronchique.

• Les infections aiguës. Les médiastinites aiguës ont le plus souvent une origine œsophagienne. Elles sont gravissimes tant du fait de la virulence des germes bucco-pharyngés que de la fragilité du tissu celluleux médiastinal, où les variations perpétuelles de pression facilitent la dissémination, et que du voisinage des plèvres, où l’infection se propage très rapidement.

• Les infections chroniques. L’abcès froid du médiastin est presque toujours tuberculeux et d’origine vertébrale (mal de Pott) ou ganglionnaire.

• Les inflammations chroniques. Les médiastinites chroniques sont caractérisées par une sclérose progressive du tissu celluleux médiastinal étranglant les viscères et, en premier, les veines.

• Les tumeurs. Pour le clinicien, on groupe sous cette appellation toutes les opacités radiologiques du médiastin, même s’il ne s’agit pas histologiquement de tumeurs et même si elles naissent des viscères thoraciques, car leur diagnostic reste le plus souvent incertain jusqu’à leur exérèse. Les plus fréquentes sont :
— les goitres endothoraciques (tumeurs de la thyroïde*), qui siègent dans l’étage supérieur du médiastin antérieur ;
— les dysembryomes hétéroplastiques, ou kystes dermoïdes, qui contiennent des tissus de différenciations diverses (ectodermiques [peau, poils, dents], mésodermiques [os, cartilage] et endodermiques [épithélium glandulaire de type digestif]) et qui siègent dans l’étage moyen du médiastin antérieur ;
— les adénopathies, qui siègent dans le médiastin moyen et qui peuvent être liées à une lymphogranulomatose* (sarcoïdose ou maladie de Besnier-Boeck-Schaumann, ou maladie de Hodgkin), à la propagation d’un cancer du poumon ou des organes abdominaux ;
— les tumeurs du thymus, qui se développent dans l’étage moyen du médiastin antérieur ;
— les tumeurs développées aux dépens des nerfs, surtout du sympathique neurinome, ganglioneurome ou sympathoblastome ;
— les dysembryomes homoplastiques, qui reproduisent le tissu d’origine médiastinale voisin ; ce sont les kystes bronchogéniques, pleuropéricardiques et entéroïdes para-œsophagiens.


Chirurgie

La chirurgie du médiastin proprement dit et des organes qu’il contient nécessite un abord à travers la cage thoracique. On utilise une sternotomie médiane verticale pour le médiastin antérieur et une thoracotomie latérale transpleurale pour le médiastin postérieur. Les motifs les plus fréquents d’aborder le médiastin sont les interventions sur le cœur, sur l’aorte et sur l’œsophage.

J. T.

 J. et M. Garbay et C. Vanderpooten, les Écrasements thoraciques (Masson, 1956). / C. D. Haagensen, Diseases of the Chest (Philadelphie, 1956 ; 2e éd., 1971).

Thoreau (Henry David)

Écrivain américain (Concord, Massachusetts, 1817 - id. 1862).


C’est un peu le Rousseau américain. Ce « bachelier es nature » (Emerson) est un poète-naturaliste qui philosophie en herborisant. Philosophe à l’état de nature, il ne construit pas de système, mais bâtit une cabane et expérimente un mode de vie. Son but n’est pas une théorie, mais une récréation de soi, et son œuvre est la présentation de lui-même. Aussi se manifeste-t-elle sous forme d’articles et de conférences, éclats d’un immense « Journal ». De son vivant, Thoreau ne publia que deux livres ; A Week on the Concord and Merrimack Rivers (Une semaine sur la Concord et la Merrimack, 1849) et Walden, or Life in the Woods (Walden ou la Vie dans les bois, 1854), qui sont, sous une forme rhapsodique, des méditations sur la nature, le sujet par excellence de Thoreau. Son texte le plus connu. Résistance to Civil Government (publié ensuite sous le titre de Civil Disobedience [De la résistance civile], 1849), est devenu un classique de l’anarchisme. Moins connu de son vivant que ses amis Emerson* et Margaret Fuller (1810-1850), Thoreau apparaît aujourd’hui comme un pionnier de l’anarchisme et de l’écologie, un des premiers critiques de l’urbanisation, de l’industrialisation et de l’aliénation de l’homme dans la société de consommation. Mais ce n’est pas une tête politique, bien que sa pensée soit souvent manipulée et systématisée en ce sens.

« Transcendantaliste » comme ses amis Emerson et Amos Bronson Alcott, Thoreau appartient au mouvement idéaliste et romantique qui s’insurge, au plan philosophique, moral, social, politique et littéraire, contre le rationalisme, le sensualisme matérialiste et le libéralisme économique. Walden, traité d’économie quotidienne, réfute Adam Smith* et condamne la morale du profit et de la production. Mais Thoreau est plus radical, plus pratique et plus concret qu’Emerson. Sa nature de botaniste et d’artisan, capable de bâtir une maison de ses mains, s’oppose à celle, plus abstraite et cléricale, d’Emerson.