Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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thérapeutique (suite)

L’allergie* relève aussi des processus immunitaires. La réaction allergique provient d’un conflit antigène-anticorps où l’antigène est appelé allergène et l’anticorps qu’il suscite réagine allergique. On peut désensibiliser un malade vis-à-vis de son allergène par une méthode immunologique : la désensibilisation spécifique. Celle-ci consiste à administrer l’allergène en cause, à doses d’abord infinitésimales, puis très progressivement croissantes, jusqu’à ce qu’il soit bien supporté et n’entraîne plus de manifestations allergiques. Le traitement doit être conduit avec beaucoup de précautions afin d’éviter de déclencher des réactions anaphylactiques violentes.

Si les réactions immunitaires sont indispensables pour combattre l’agression d’une manière générale, il est inversement des situations où on cherche à les déprimer. Les greffes d’organes en sont l’indication la plus connue, où la réduction des défenses immunitaires est recherchée pour prévenir la réaction de rejet (v. greffe, transplantation). Les substances employées à cet effet, dites « immunodépresseurs », sont actuellement de plus en plus employées en médecine interne, notamment dans les maladies auto-immunes (maladies où l’organisme développe des anticorps à l’égard de ses propres constituants). On s’emploie alors à déprimer les agents de la défense immunitaire en employant principalement les drogues anticancéreuses qui ont un effet immunodépresseur et le sérum anti-lymphocytaire préparé à partir de sérum de cheval immunisé contre les lymphocytes humains.

Cette thérapeutique, diminuant les défenses de l’organisme, comporte des risques évidents d’infections virales, bactériennes, de mycoses. Elle est également toxique pour les cellules sanguines. C’est pourquoi elle ne doit être maniée qu’avec grande précaution.


Les thérapeutiques substitutives

Elles visent à remplacer dans l’organisme ce qui manque ou qui fonctionne mal. Ce domaine très vaste va de la prothèse consécutive à une amputation à la transfusion des différentes fractions du sang. Nous n’en évoquerons que les aspects les plus caractéristiques.

• La thérapeutique mécanique adjuvante comporte toutes les prothèses* orthopédiques classiques qui aident l’handicapé physique à se mouvoir aussi correctement que possible. D’une autre sorte sont les prothèses vasculaires qui remplacent un vaisseau insuffisant : les carotides sectionnées accidentellement, les aortes menacées par la rupture d’un anévrisme peuvent être « récupérées » par l’intervention chirurgicale d’urgence consistant en la pose d’un tube plastique en Téflon. De même, les valvules cardiaques qui n’assurent plus l’alternance entre le remplissage et la vidange des ventricules sont remplacées par des valves artificielles en matière synthétique.

• La substitution d’organes, artificiels ou entiers vivants, est un chapitre important de la thérapeutique moderne, mais qui reste encore souvent à l’état expérimental.

Certains de ces organes artificiels servent à franchir un cap critique : ainsi, la circulation extracorporelle dérive le sang dans un circuit extracardiaque comportant des pompes mécaniques, un dispositif d’oxygénation et des circuits annexes (réchauffeur, débulleur), le tout formant un « cœur-poumon artificiel » permettant de réaliser des opérations à cœur ouvert sans interrompre la propulsion du sang à travers les artères.

Une technique toute nouvelle et qui reste encore en expérimentation est l’oxygénateur à membranes, ou poumon artificiel, toujours fondé sur la dérivation du sang dans un circuit extracorporel, destiné cette fois à l’oxygéner, chez un malade dont les poumons sont momentanément hors d’usage pour une durée bien supérieure à celle d’une intervention chirurgicale.

Le rein artificiel, également appelé hémodialyseur, peut servir à un usage prolongé pour une insuffisance chronique aussi bien que momentanée. Les malades souffrant d’une insuffisance rénale sévère et irréversible, jadis voués à une mort certaine, peuvent désormais vivre de longues années au prix d’une ou deux séances hebdomadaires d’épuration extrarénale de leur sang par passage dans le rein artificiel. Celui-ci permet également de passer le cap anurique (arrêt de la sécrétion d’urine) de certains états aigus, septicémiques ou autres.

Les stimulateurs cardiaques, ou pacemakers, sont de petits générateurs d’impulsions électriques qu’on place sous la peau du thorax des sujets souffrant de troubles du rythme cardiaque avec risques de syncope prolongée, c’est-à-dire de mort par arrêt du cœur. Ils sont conçus de manière à ne pas laisser le cœur ralentir à un rythme inférieur à 70 pulsations par minute.

Nous ne ferons que citer le cœur artificiel intrathoracique, qui pose des problèmes techniques considérables, notamment en ce qui concerne l’énergie nécessaire, et dont divers prototypes sont à l’étude. En dehors des organes artificiels, la thérapeutique substitutive dispose également de la greffe d’organes entiers vivants. Si la greffe de rein est la seule qui soit devenue pratiquement courante et réalisée avec succès, on connaît les problèmes soulevés par la transplantation cardiaque. Des tentatives de greffes sont faites pour de nombreux autres organes avec des résultats encore insuffisants.

• La transfusion* est un domaine qui a beaucoup évolué. Le sang pouvant être fractionné en ses différents composants, on peut actuellement le transfuser entier : c’est la transfusion de sang complet ; mais on peut aussi en transfuser les seuls éléments nécessaires à un malade donné. C’est ainsi qu’on transfuse des immunoglobulines aux malades qui ont un déficit immunitaire, des plaquettes à ceux qui ont des troubles de la coagulation. On transfuse de l’albumine humaine aux blessés en état de choc, des globules blancs à ceux qui sont en état d’aplasie médullaire au cours, par exemple, d’un traitement antileucémique. On transfuse aussi du plasma seul, dépourvu de ses éléments figurés, c’est-à-dire des globules et des plaquettes. On peut encore renouveler toute la masse sanguine d’un individu souffrant de certaines intoxications ou d’un nouveau-né ayant incompatibilité Rhésus avec sa mère, par la technique de l’exsanguino-transfusion.