Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Thèbes (suite)

 J. Capart et M. Werbrouck, Thèbes, la gloire d’un grand passé (Vromant, Bruxelles, 1925). / E. Riefstahl, Thehes in the Time of Amunhotep III (Norman, Okla., 1964 ; nouv. éd., 1971). / C. F. Nims, Thebes of the Pharaohs (Londres, 1965 ; trad. fr. la Thèbes des pharaons, A. Michel, 1966). / K. Michalowski, Karnak (en pol., Varsovie, 1970 ; trad. fr., Hazan, 1973).

Thémistocle

En gr. Themistoklês, homme politique athénien (Athènes v. 525 - Magnésie du Méandre v. 460 av. J.-C.).


Thémistocle fut durant la période des guerres médiques le principal inspirateur de la politique athénienne. Il s’imposa par des qualités tout à fait extraordinaires, comme le souligne Thucydide : « Thémistocle était un homme, en effet, qui montra la valeur naturelle la plus certaine, et qui, à cet égard, méritait plus qu’un autre une admiration exceptionnelle. Par son intelligence propre, à laquelle l’étude n’avait ni préparé les voies ni rien ajouté, il excellait à la fois pour se faire, dans les problèmes immédiats, l’avis le meilleur, grâce à la réflexion la plus brève, et, relativement à l’avenir, la plus juste idée sur les perspectives les plus étendues. Une affaire était-elle entre ses mains, il savait aussi l’exposer ; n’en avait-il pas l’expérience, il n’en portait pas moins un jugement valable ; enfin, les avantages ou inconvénients pouvaient être encore indistincts : il savait au mieux les prévoir. Pour tout dire, par les ressources de sa nature et le peu de peine dont il avait besoin, cet homme fut sans pareil pour improviser ce qu’il fallait. » (Guerre du Péloponnèse, I, cxxxviii, 3.)

Son accession à l’archontat en 493 av. J.-C., à la stratégie en 490-489 témoigne de la transformation des conditions de la vie publique. Les riches propriétaires de la plaine et de la ville accaparaient les hautes fonctions ; lui-même, originaire de l’Attique, peut faire figure d’homme nouveau, la légende ne se privant d’ailleurs pas de broder sur la médiocrité de ses origines. Habile manœuvrier, il sut profiter (quand il ne le provoqua pas) de l’exil des plus grands noms du parti des aristocrates frappés d’ostracisme, tel Aristide (v. 540 - v. 468 av. J.-C.) en 483-482. Le mérite de Thémistocle fut de percevoir qu’Athènes ne serait une grande puissance que si elle se dotait d’une force navale qui assurerait sur le Golfe et son hégémonie et son approvisionnement. Dès 493, il faisait commencer au Pirée les travaux d’un port qui donnerait meilleur abri aux navires que la mauvaise rade de Phalère ; en 483, les dieux lui donnèrent les moyens de réaliser ses projets, un nouveau filon de plomb argentifère particulièrement productif ayant été découvert dans la région du Laurion. « Sous l’archontat de Nikodêmos, quand furent découvertes les mines de Maronée et que l’État eut retiré de l’exploitation cent talents de bénéfice, certains conseillaient de distribuer l’argent au peuple, mais Thémistocle s’y opposa : sans dire à quoi servirait l’argent, il conseilla de prêter un talent à chacun des cent plus riches Athéniens ; puis, si l’emploi était agréé, de porter la dépense au compte de la ville, et, dans le cas contraire, de recouvrer l’argent sur ceux qui l’auraient emprunté. Quand il eut reçu l’argent à ces conditions, il construisit cent trières, chacun des cent en construisant une ; ce fut avec elles que les Athéniens combattirent à Salamine contre les barbares. » (Aristote, Constitution d’Athènes, XXII, 7.)

Stratège de nouveau en 481-480, Thémistocle donna dans la guerre contre Xerxès Ier (v. médiques [guerres]) la pleine mesure de son talent. Il comprit très vite que les Spartiates, après leur dure défaite des Thermopyles, refuseraient de se sacrifier pour défendre Athènes. Il fit évacuer la ville, dont tous les habitants se replièrent sur l’île de Salamine, puis imposa aux Grecs, impatients de se retirer sur l’isthme pour défendre le Péloponnèse, le combat dans la rade même : par un faux transfuge, il fit dire au roi que la flotte grecque allait fuir de nouveau ; Xerxès voulut empêcher sa retraite, mais dans le chenal resserré où s’engagea l’affaire il ne put profiter de la supériorité du nombre de ses navires : la bataille de Salamine fut une magnifique victoire pour la Grèce tout entière, mais surtout pour Athènes (29 sept. 480).

Malgré son succès, Thémistocle ne put convaincre les alliés de mener avec vigueur la contre-offensive contre les Perses, frappés de stupeur ; les Athéniens lui en tinrent rigueur, il ne fut plus au nombre des stratèges. Néanmoins, il resta indispensable ; grâce à lui, les Athéniens, malgré l’opposition des Spartiates, reconstruisirent leurs remparts détruits par Xerxès, aménagèrent définitivement Le Pirée ; réconcilié avec Aristide, il posa les bases de la ligue de Délos, en laquelle il voyait un moyen d’assurer, face à Lacédémone, la puissance d’Athènes. Pourtant, son heure était passée ; Cimon*, partisan d’un partage de l’hégémonie entre Athènes et Sparte, imposait sa politique, en 472-471, il fit ostraciser son vieil adversaire.

Mais Thémistocle refusa d’abandonner tout rôle politique ; exilé, il continua de provoquer des troubles dans le Péloponnèse, tentant de soulever à Sparte même la révolte des hilotes. Cimon le fit alors condamner au bannissement définitif, ses biens furent confisqués ; il alla se réfugier au foyer du roi des Molosses, Admète, puis passa en Asie. À la mort de Xerxès, il se présenta à la cour d’Artaxerxès Ier, qui, respectant son âge et son génie, le combla d’honneurs, lui donnant les revenus de plusieurs villes pour sa subsistance. Il mourut à Magnésie, de maladie sans doute, encore que le souvenir de ses vertus fît penser qu’il avait préféré se laisser périr pour ne pas avoir à commander, au nom du roi, une expédition en Égypte contre les Athéniens.

J.-M. B.

➙ Athènes / Grèce.

Théodoric Ier l’Amale

(En Pannonie v. 454 - Ravenne 526), roi des Ostrogoths de 493 à 526.