Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

théâtre (suite)

Les projets de théâtres sphériques sont relativement anciens : ceux qui sont issus du Bauhaus* remontent à 1924-1926. C’est alors que Xanti Schawinsky (né en 1904) imagine de placer l’action dramatique sur des aires situées à des hauteurs différentes d’une sphère, communiquant entre elles par des passerelles, des plans inclinés et un ascenseur. Schawinsky avait également prévu une piscine suspendue pour ballets nautiques. Andreas Weininger (né en 1899), également au Bauhaus, imagina de disposer des aires de jeu autour d’une spirale axiale. Les différents projets récents présentés vers 1960 sont dus au scénographe français Jacques Polieri, dont le « théâtre du mouvement total » apparaît comme une des conceptions les plus ambitieuses. Dans la formule établie avec la collaboration d’Enzo Venturelli, projections d’images et diffusions sonores, acteurs et figures constituent les composants d’une action à laquelle les spectateurs, installés sur des plates-formes en mouvement, sont intimement mêlés. Polieri, dépassant encore ce projet, ne craint pas d’imaginer que des « actions se déroulant à de très grandes distances les unes des autres pourront également être envisagées grâce aux télétechniques ». Selon Jacques Polieri, « l’inclinaison, la rotation, les orbites et les mouvements des systèmes planétaires constituent sans doute la structure géométrique même d’une scénographie future ».


Espaces dramatisés

Adapter le lieu théâtral traditionnel, ou le rendre totalement transformable, sortir des édifices clos et porter le théâtre dans des lieux improvisés, substituer le spectacle, art nouveau, au théâtre traditionnel, ces tendances ont été accompagnées d’une prise de conscience des valeurs liées à la conception d’un espace-instrument.

Composer, construire, aménager, animer un espace, susciter, au moyen de cet espace, des contacts et des échanges, cela dépasse largement l’acte théâtral tout en en reprenant, néanmoins, le principe même : partout dans le monde, cette préoccupation apparaît à travers les recherches et les travaux des architectes et des urbanistes d’aujourd’hui.

A. V.

 B. H. Clark, A Study of Modern Drama (New York et Londres, 1925 ; nouv. éd., 1940). / H. Gouhier, l’Essence du théâtre (Plon, 1943). / P. Sonrel, Traité de scénographie (Lieutier, 1943 ; 2e éd., Billaudot, 1957). / G. R. Kernodle, From Art to Theatre (Chicago, 1944). / C. Dullin, Souvenirs et notes de travail d’un acteur (Lieutier, 1946). / Architecture et dramaturgie (Flammarion, 1950). / G. Baty et R. Chavance, Vie de l’art théâtral des origines à nos jours (Plon, 1952). / J.-L. Barrault, Je suis un homme de théâtre (Éd. du Conquistador, 1955 ; nouv. éd., 1963) ; Nouvelles Réflexions sur le théâtre (Flammarion, 1959). / J. Vilar, De la tradition théâtrale (l’Arche, 1955) ; le Théâtre service public, et autres textes (Gallimard, 1975). / A. Veinstein, la Mise en scène théâtrale et sa condition esthétique (Flammarion, 1956) ; le Théâtre expérimental (Renaissance du Livre, Bruxelles, 1968). / R. Hainaux (sous la dir. de), le Décorde théâtre dans le monde (Elsevier, Bruxelles, 1957 et Meddens, Bruxelles, 1964-1973 ; 3 vol.). / M. Beigbeder, le Théâtre en France depuis la Libération (Bordas, 1959). / W. Fowlie, Dionysus in Paris (New York, 1960). / P. Van Tieghem, Technique du théâtre (P. U. F., coll « Que sais-je ? », 1960 ; 3e éd., 1969). / A. Veinstein, R. Gilder, G. Feidley et P. Myers (sous la dir. de), Bibliothèques et musées des arts du spectacle dans le monde (C. N. R. S., 1961). / M. Esslin, The Theatre of the Absurd (Londres, 1962 ; trad. fr. le Théâtre de l’absurde, Buchet-Chastel, 1963). / J.-P. Borel, Théâtre de l’impossible (La Baconnière, Neuchâtel, 1963). / B. Brecht, Schriften zum Theater (Francfort, 1963-1967, 7 vol. ; trad. fr. partielle Écrits sur le théâtre, l’Arche, 1963). / M. Corvin, le Théâtre nouveau en France (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1963 ; 4e éd., 1974) ; le Théâtre nouveau à l’étranger (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 2e éd., 1969). / V. Meyerhold, le Théâtre théâtral (trad. du russe, Gallimard, 1963). / Le Lieu théâtral dans la société moderne (C. N. R. S., 1963). / D. Bablet, le Décor de théâtre en France de 1870 à 1914 (C. N. R. S., 1965) ; la Mise en scène contemporaine, t. I : 1887-1914 (Renaissance du livre, Bruxelles, 1969). / T. Bogard et W. I. Oliver (sous la dir. de), Modern Drama. Essays in Criticism (Fair Lawn, N. J., 1965). / G. Dumur (sous la dir. de), Histoire des spectacles (Gallimard, coll. « Encyclopédie de la Pléiade », 1965). / J. Duvignaud, Sociologie du théâtre. Essai sur les ombres collectives (P. U. F., 1965 ; nouv. éd. les Ombres collectives, 1973) ; Spectacle et société (Denoël, 1970) ; le Théâtre et après (Castermann, 1971). / W. Benjamin, Versuche über Brecht (Francfort, 1966 ; trad. fr. Essais sur Brecht, Maspero, 1969). / H. Clurman, Naked Image (Riverside, N. J., 1966). / P. Brook, The Empty Space (Londres, 1968). / P. Brunel (sous la dir. de), Mort de Godot. Attente et évanescence du théâtre (Lettres modernes, 1970). / Les Voies de la création théâtrale (C. N. R. S., 1970-1975 ; 4 vol. parus). / B. Dort, Théâtre réel (Éd. du Seuil, 1971). / J. Grotowski et coll., Vers un théâtre pauvre (trad. du polonais, Éd. de la Cité, Lausanne, 1971). / J. Polieri, Scénographie-sémiographie (Denoël, 1971). / J.-L. Dejean, le Théâtre français d’aujourd’hui (Nathan, 1973). / Aux sources de la vérité du théâtre moderne (Lettres nouvelles, 1974). / J. Duvignaud et J. Lagoutte, le Théâtre contemporain. Culture et contre-culture (Larousse, 1975).

théâtres de musique

Théâtres destinés spécialement aux représentations d’opéras ou d’une action dramatique accompagnée de musique.


À l’origine, acteurs et spectateurs se confondent, puis tendent à se séparer : les premiers s’efforcent de rendre l’action (parfois insolite) présente et réelle aux seconds, qu’il s’agit de convaincre par le geste et la parole parlée ou chantée. Dans l’ancienne Grèce, on dresse, à l’usage des chanteurs, acteurs et musiciens, des théâtres provisoires en charpente. Au ive s. avant notre ère, on bâtit des théâtres en pierre en forme d’hémicycle, et des odéons. Après le théâtre de Dionysos à Athènes, d’autres s’édifient à Épidaure, à Argos, à Cnide, à Syracuse et à Ségeste. Plus tard, les Romains imitent les Grecs, mais accordent moins de place à la musique.