Corps simple solide métallique.
En 1861, Crookes* observa des raies vertes dans le spectre des poussières d’une usine d’acide sulfurique ; il attribua ces raies à un nouvel élément qu’il appela thallium, du mot grec désignant un rameau. Indépendamment, le Français Claude Auguste Lamy (1820-1878), en 1862, découvrit et isola une certaine quantité de thallium.
État naturel
Le thallium ne représente que 10−5 p. 100 de la lithosphère et se trouve généralement disséminé dans divers minéraux (blende, micas et surtout pyrites), plutôt que concentré dans quelques composés naturels comme la crookésite (Cr,Tl,Ag)2Se ou la lorandite TlAsS2.
Atome
Cet élément de la colonne III A a le numéro atomique 81, et la structure électronique de l’état fondamental de l’atome est 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p6, 3d10, 4s2, 4p6, 4d10, 4f 14, 5s2, 5p6, 5d10, 6s2, 6p1. Il en résulte un rayon atomique de 1,71 Å, un rayon de l’ion Tl+ de 1,49 Å et un rayon de l’ion Tl+3 de 0,93 Å. On observe les énergies successives suivantes d’ionisation : 6,1 eV ; 20,5 eV ; 29,4 eV ; 50,9 eV.
L’atome donne naissance dans les composés autres que les alliages à deux séries de dérivés : les dérivés thalleux, où le thallium se voit assigner le nombre d’oxydation I, et les dérivés thalliques, où on lui attribue le nombre d’oxydation III.
Corps simple
Le thallium est un métal facilement fusible (tf = 302 °C), qui ressemble au plomb et qui a une densité de 11,8. Il s’oxyde à l’air et décompose la vapeur d’eau au rouge. Il se dissout dans l’acide sulfurique dilué et surtout dans l’acide nitrique dilué, mais moins aisément dans l’acide chlorhydrique, car TlCl est peu soluble en solution aqueuse.
Principaux dérivés
On observe les deux potentiels normaux suivants :
pour Tl+ + e ⇄ Tl, E0 = – 0,336 V,
Tl+3 + 2 e ⇄ Tl+, E′0 = 1,24 V.
Certains sels thalleux (chlorure, brome, iodure...) sont peu solubles dans l’eau et rappellent les sels d’argent ou de plomb.
Les sels thalleux peuvent être oxydés par des oxydants puissants, comme un permanganate ou le chlore, en milieu acide fort ; par contre, ils sont des réducteurs énergiques en milieu alcalin. En milieu acide, les sels thalliques sont très oxydants et donnent facilement des sels thalleux ; la formation du chlorure thalleux, peu soluble en solution aqueuse, favorise leur réduction ; on observe par exemple
Tl+3 + 3 I– ⇄ TlI + I2.
On connaît de nombreux complexes thalliques, en particulier les sels alcalins de l’anion complexe TlCl63−. L’hydroxyde Tl(OH)3 est très peu soluble en solution aqueuse, favorise leur réduction ; on observe par exemple $$$
On connaît quelques hydrures surtout doubles, comme TlAlH4, TlBH4, (TlH3)n, LiTlH4, ainsi que quelques organothalliques, TlR3 et R2TlX, où R est un radical hydrocarboné.
Le sulfate de thallium est récupéré dans les boues de la préparation de l’acide sulfurique, et, par l’action du zinc, on en précipite le thallium. Celui-ci est actuellement sans emploi notable.
H. B.