Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Testament (Ancien et Nouveau) (suite)

La sagesse orientale fournit le fond du livre de Tobie (iiie-iie s.). Avec l’histoire, émaillée de folklore et de merveilleux, d’une famille juive déportée à Ninive, un scribe érudit fait un petit roman apparenté au genre sapientiel, où se retrouvent tous les thèmes de la piété juive : juste mis à l’épreuve, prière exaucée, providence divine, exaltation des vertus familiales et sociales. L’ouvrage est précieux pour la connaissance des tendances religieuses des Juifs de la Diaspora.

Composé lui aussi dans les communautés de la Diaspora, le livre d’Esther garde le souvenir d’un pogrom dont les Juifs furent préservés d’une manière qui leur parut miraculeuse. Difficile à dater, il paraît avoir été écrit pour justifier la fête juive des Pourim, fête d’origine étrangère mi-profane, mi-religieuse. À noter que Dieu n’y est jamais mentionné.


La Bible et la culture grecque

À partir du iiie s. la Bible fait son entrée dans le milieu grec. C’est l’époque où fut entreprise la traduction grecque des Septante (v. Bible). Dans le judaïsme de la Diaspora, la rencontre de la foi juive et de la pensée grecque ne posa pas de graves problèmes. Il en fut autrement avec le judaïsme palestinien dans une Terre sainte soumise à des princes étrangers acquis à la culture grecque (v. Hébreux).

L’affrontement fut dramatique. Nous en percevons l’écho dans les livres des Maccabées. Le premier, écrit vers l’an 100 av. J.-C., est l’histoire de la révolte des Maccabées et du peuple pour sauver leur foi et leur indépendance. Bien informé des événements, l’auteur a consciemment imité le genre littéraire des anciens historiens d’Israël. Mais il utilise mieux ses sources et rédige un récit suivi à la manière des historiens grecs. Le deuxième livre (qui devrait être classé le premier, puisqu’il fut composé vers 124 av. J.-C.) traite partiellement le même sujet, mais dans une perspective différente. Plutôt qu’un livre d’histoire, il est un ouvrage d’édification à base historique. L’auteur prend une assez grande liberté avec les détails des faits. Les traits merveilleux, les prodiges, les discours grandiloquents et passionnés concourent à frapper l’imagination et la sensibilité du lecteur. Il faut noter que, dans ce livre, apparaît la croyance à la résurrection des morts et à la vie éternelle.

Ces points, que les écrits de l’Ancien Testament avaient laissés jusqu’ici dans l’ombre, nous les retrouvons dans le livre de Daniel, reflet, lui aussi, du climat des luttes maccabéennes. Ce livre fut écrit en 165 av. J.-C., donc au plus fort de la persécution d’Antiochos IV Épiphane. Il se présente comme un ouvrage composite écrit partie en hébreu, partie en araméen. Les sept premiers chapitres sont une série de récits, et les cinq autres une succession de visions. (Les chapitres xiii et xiv sont des suppléments qui n’existent que dans la version grecque.) Récits et visions ont un sens caché. Les personnages mis en scène, bien qu’ils portent des noms connus de l’histoire, sont des personnages conventionnels. La clé est fournie par l’histoire des faits contemporains de l’auteur. Pour prendre un exemple, Antiochos IV Épiphane le persécuteur est dépeint sous les traits de Nabuchodonosor, type littéraire de l’ennemi de Dieu et de son peuple. Le livre de Daniel est un message d’espoir à l’adresse des Juifs persécutés : l’aide que Yahvé a accordée dans les temps passés, il l’accordera encore ; c’est une constante de l’histoire du peuple de Dieu. Mais, au-delà du triomphe immédiat du peuple élu sur ses ennemis, Daniel annonce le triomphe et le salut définitifs de la fin des temps. Le livre de Daniel inaugure un genre littéraire nouveau, qui s’épanouira dans la littérature juive postérieure et dans l’Apocalypse de saint Jean.

Le livre de Judith est un petit récit qui s’apparente aussi au genre apocalyptique. La délivrance de Béthulie par une femme représente le triomphe de Dieu sur ses ennemis. Holopherne, général de Nabuchodonosor, est le serviteur des puissances du mal, comprenons d’Antiochos Épiphane. Et Judith, dont le nom signifie « la Juive », est le symbole du parti de Dieu. Le livre a été écrit vers le milieu du iie s. dans l’atmosphère de ferveur nationale et religieuse de la guerre sainte des Maccabées.

Les livres de Daniel, de Judith et des Maccabées sont les témoins de l’affrontement entre le judaïsme et l’hellénisme ; grâce à cette lutte, la pensée juive a pu conserver son autonomie et sa personnalité. Cependant, la culture grecque attirera beaucoup de Juifs. Vers l’an 50 avant notre ère, dans un ouvrage auquel la tradition a donné le nom de livre de la Sagesse, un Juif alexandrin va s’adresser à ses coreligionnaires, dont la foi juive est ébranlée par l’éclat de la civilisation hellénistique. Il les exhorte à la recherche de la véritable sagesse, qui vient de Dieu et qui est le principe de tout savoir. Esquissant une philosophie de l’histoire d’Israël, il montre l’action directrice de la sagesse divine et termine son livre par une explication des écrits de la sortie d’Égypte, qui est un excellent exemple d’exégèse midrashique (le midrash est un genre littéraire qui consiste à expliquer un texte en fonction du temps présent et que les rabbins utiliseront abondamment). Dans le monde grec, où le bouillonnement des idées aboutit souvent au syncrétisme, l’auteur du livre de la Sagesse affirme l’originalité de la pensée juive, même s’il l’habille à la grecque. Le christianisme devra faire de même quand il développera sa catéchèse et sa théologie.


Le Nouveau Testament


Les épîtres de saint Paul

Les livres du Nouveau Testament sont nés de la vie et des nécessités des premières communautés chrétiennes. L’ordre dans lequel ils nous sont présentés dans la Bible est artificiel. Le premier témoignage écrit sur Jésus et le christianisme est consigné dans les épîtres de l’apôtre Paul*. Ces lettres sont des écrits de circonstance envoyés par l’apôtre à des communautés chrétiennes fondées par lui. Il ne faut donc pas y chercher un exposé systématique et complet de la pensée de Paul, mais seulement une réponse à des problèmes concrets et limités.