Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

test (suite)

Tests de connaissances

Les épreuves précédentes n’exigent en général aucune connaissance préalable. D’autres tests visent, au contraire, à évaluer les connaissances acquises dans un domaine donné. Ils sont utilisés pour pallier les imperfections des modalités traditionnelles de notation ou d’examen. Il en existe une assez grande variété, notamment en ce qui concerne le français et les mathématiques à l’école élémentaire et dans le premier cycle secondaire. Des examens de médecine ont également été présentés sous forme de séries de questions à choix multiple. Les tests de connaissances scolaires sont largement employés en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Leur préparation exige un travail important. Mais ces tests présentent de nombreux avantages : caractère objectif des résultats ; possibilité de questions assez nombreuses pour assurer au contrôle des connaissances une base large ; possibilité de correction automatique, fournissant aux élèves et aux enseignants des informations rapides sur le niveau général du groupe (par rapport à une population plus étendue), sur les lacunes éventuelles de chaque élève, etc. Le caractère parcellaire de ces épreuves et le fait que l’élève n’a pas, dans bien des cas, la possibilité d’exprimer sa réponse en phrases ont soulevé des critiques qui ne sont pas toujours justifiées. Dans bien des domaines, ces épreuves présentent un progrès certain sur les compositions traditionnelles.


Épreuves de personnalité

Les tests des catégories précédentes sont, le plus souvent, établis en respectant la méthodologie générale qui a été présentée plus haut. Ces règles méthodologiques sont respectées moins souvent dans le domaine des épreuves de personnalité, où certaines épreuves paraissent surtout destinées à fournir à l’intuition du psychologue l’occasion de s’exercer. On ne peut donc étendre à toutes les épreuves de personnalité les garanties qui sont offertes par un grand nombre de tests d’intelligence, d’aptitudes ou de connaissances.

Cependant, plusieurs questionnaires de personnalité ont été établis et étudiés de façon techniquement satisfaisante. On peut citer celui de R. G. Bernreuter (tendance névrotique, tendance à se suffire à soi-même, introversion-extroversion, dominance-soumission) et l’Inventaire multiphasique de personnalité de Minnesota (M. M. P. I.), qui fournit des informations sur neuf tendances dérivées de la nosologie psychiatrique. L’analyse factorielle a été également utilisée dans ce domaine et a permis de construire des questionnaires de personnalité comme ceux de G. P. Guilford ou de J. McKeen Cattell. Des questionnaires permettant de préciser les intérêts d’un sujet, en vue, notamment, de son orientation scolaire ou professionnelle, ont fait également l’objet d’études techniquement satisfaisantes. Les plus connus sont, aux États-Unis, ceux de G. F. Kuder et de E. K. Strong, et, en France, ceux de S. Larcebeau. On propose au sujet un grand nombre d’activités en lui demandant d’évaluer son intérêt pour chacune d’elles ou de choisir entre elles.

Les tests objectifs de personnalité sont constitués par des tâches dont on a constaté qu’elles différenciaient les sujets normaux de certaines catégories de sujets pouvant présenter des tendances névrotiques. Par exemple, on demande au sujet de suivre le contour d’une étoile avec un crayon, en contrôlant ses mouvements dans un miroir. L’épreuve permet de dépister certains sujets anxieux ou incapables de résister à une situation de stress. Ces tests sont relativement peu utilisés, mais leur emploi est appelé à se développer.

Les épreuves projectives s’éloignent souvent beaucoup de la méthode des tests telle qu’elle vient d’être décrite. Elles offrent au sujet un stimulus peu structuré, par exemple des taches d’encre (H. Rorschach) ou des scènes de signification ambiguë, comme un jeune garçon assis devant un violon (Thematic Apperception Test, ou TAT, de H. A. Murray). Les utilisateurs de ces épreuves supposent que les réponses des sujets à ces stimuli (par exemple l’interprétation qu’ils donnent des taches ou des scènes) dépendent de la structure de leur personnalité, que l’on pourrait ainsi appréhender en profondeur et dans sa totalité. L’interprétation des réponses du sujet repose sur un ensemble d’hypothèses dont beaucoup s’inspirent de la psychanalyse. Le problème de la vérification de ces hypothèses et de la validité de ce type d’épreuves reste posé.


Portée et limite de la méthode des tests

Les tests sont très largement employés dans de nombreux domaines de la psychologie. Les recherches sur l’origine, l’évolution et l’organisation des différences individuelles, incluant de larges secteurs de la recherche pédagogique, ne pourraient guère se concevoir sans l’usage d’instruments permettant une description objective de ces différences. Les applications de la psychologie à l’éducation, à l’orientation scolaire et professionnelle, à la sélection professionnelle, au diagnostic des troubles de la personnalité ou de la débilité mentale utilisent nécessairement aussi de tels instruments. Il ne faut pas, cependant, prêter aux tests des propriétés qu’ils n’ont pas, erreur dans laquelle on tombe d’autant plus facilement que l’on est moins bien informé sur cette méthode. En particulier, les résultats obtenus dans les tests dépendent à la fois de facteurs constitutionnels et de l’influence du milieu, et ils ne permettent pas de mesurer les potentialités foncières d’un individu, abstraction faite des conditions dans lesquelles celui-ci s’est développé. De même, les pronostics fondés sur les tests, s’ils sont généralement meilleurs que ceux qui utilisent les méthodes traditionnelles, sont très éloignés de la certitude et ne sont jamais formulés qu’en termes de probabilités. Enfin, les tests ne peuvent à peu près jamais servir de fondement unique à un conseil ou à une action pédagogique individualisés. Ils apportent seulement des éléments d’information, qui doivent être complétés, dans le domaine des applications individuelles de la psychologie, par des contacts personnels et une observation prolongée.

M. R.