Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

terres rares (suite)

Les grands spécialistes des terres rares


Karl Auer, baron von Welsbach,

chimiste autrichien (Vienne 1858 - château de Welsbach, Carinthie, 1929). Auteur de recherches sur les terres rares, il a obtenu le cérium métallique et séparé le praséodyme et le néodyme. Il a inventé le manchon pour l’éclairage au gaz et étudié les propriétés pyrophoriques du ferrocérium.


Per Teodor Cleve,

chimiste suédois (Stockholm 1840 - Uppsala 1905). Il est l’auteur de recherches sur les dérivés du naphtalène et les complexes métalliques ammoniacaux. Il a découvert le thulium et l’holmium, et, avec William Ramsay, retiré l’hélium de la clévéite.


Johan Gadolin,

chimiste finlandais (Åbo [Turku] 1760 - Wirmo 1852). Il a découvert la gadolinite à Ytterby.


Georges Urbain,

chimiste français (Paris 1872 - id. 1938). Spécialiste des terres rares, il est parvenu à séparer les éléments des terres yttriques et a découvert le lutécium. (Acad. des sc., 1921.)

Terreur (la)

Période de la Révolution* française (1793-94).


Un des buts de la révolution de 1789 était l’instauration de la liberté, et d’abord de la liberté individuelle. Pour garantir cette dernière, lace à l’arbitraire du gouvernement, les révolutionnaires empruntèrent à Montesquieu* sa théorie de la séparation des pouvoirs. Or, quatre ans après la prise de la Bastille, s’établit la Terreur, qui provoqua la confusion des pouvoirs. Si cette période a fait moins de victimes qu’une légende contre-révolutionnaire l’a dit — les estimations les plus vraisemblables tournent autour de 40 000 morts —, ce sang répandu embarrassera les héritiers de la Révolution. L’historien René Rémond souligne que le premier geste du gouvernement de 1848 fut d’abolir la peine de mort en matière politique afin de dissiper le cauchemar qui continuait de confondre la République et la Terreur. Pourquoi cette Terreur ?


La volonté punitive des masses populaires

À l’été de 1793, c’est de nouveau la peur qui s’installe dans l’échoppe et la chaumière. Les ennemis de la République ont promis la mort à ceux qui la soutiennent. Ils sont victorieux.

Dunkerque est assiégée comme le sont les places fortes du Nord. Le Quesnoy et Maubeuge tombent après Condé et Valenciennes. Sur le Rhin, les Prussiens du duc de Brunswick prennent Mayence le 23 juillet. À l’est, la Savoie est envahie par les Sardes, et Nice est sous la menace. Perpignan et Bayonne attendent dans l’angoisse l’arrivée des troupes espagnoles. Les côtes sont tenues par les escadres anglaises, et Toulon va être investie.

La situation qui existait à la veille de Valmy* se répète-t-elle un an plus tard ? Cette fois, l’ennemi a des alliés encore plus actifs sur le territoire de la patrie. En Vendée*, les rebelles sont maîtres de Saumur le 9 juin, battent les troupes républicaines à Vihiers le 18 juillet et, après s’être emparés des Ponts-de-Cé, menacent Angers. Depuis le 2 juin, le mouvement fédéraliste allume la guerre intérieure dans d’autres départements. Caen devient la capitale de l’Ouest girondin, et Bordeaux avec Nîmes et Marseille jouent le même rôle pour le Sud-Ouest et le Sud-Est. Partout les exécutions sommaires de patriotes commencent ; ce sont celles de Lyon qui frappent le plus l’imagination des révolutionnaires. Brunswick avait signé en 1792 un manifeste qui promettait à Paris la subversion totale : l’entreprise débute ; le 13 juillet, Marat* est assassiné par Charlotte Corday, en qui les sans-culottes* veulent voir l’agent des tyrans.

Dans un peuple qui connaît de nouveau la disette, la peur s’amplifie. Mais elle se transforme chez certains militants révolutionnaires en volonté de défense et de punition pour les traîtres. Bientôt, dans les sections de Paris, les assemblées générales retentissent de la voix de ceux qui réclament contre les conspirateurs la peine de mort : « Attendrez-vous, disent-ils aux Conventionnels, que nous ayons encore à verser des larmes de désespoir sur les cadavres des Robespierre, des Danton, des Louis Legendre et de tous les fidèles habitants de la Sainte-Montagne ? » (Société des hommes révolutionnaires du 10 août.) Comme tant d’autres, un citoyen de la section des sans-culottes demande des mesures d’exception : « Ne disons pas la liberté ou la mort, mais la mort à ceux qui nous troubleront ; point de pitié, ils ont abusé du reste que nous avions ; s’ils veulent nous diviser et nous charger de fer, assommons-les sur le coup ! » Que l’Administration et l’armée soient épurées, que la taxation assure à tous le pain nécessaire et que le peuple se lève en masse ; avec la guillotine à chaque coin de rue, l’ennemi tremblera, s’enfuira ou sera exterminé.


Les réticences des Conventionnels

Les Montagnards hésitent, et parmi eux Robespierre*. Si ce dernier sait que le gouvernement révolutionnaire ne peut rien sans l’appui des masses, il sait aussi qu’il y a encore beaucoup de modérés parmi elles : ceux-ci sont nombreux parmi cette bourgeoisie travaillée par les fédéralistes et dont la République ne peut pas se couper. Robespierre craint aussi que ceux qui réclament le plus haut ces mesures terroristes soient manœuvrés par des contre-révolutionnaires désireux d’entraîner le pays dans les dernières convulsions de l’anarchie. Le 7 août, il dénonce encore ceux qui veulent porter le peuple aux prisons « pour y renouveler les horreurs de septembre ».

La campagne terroriste s’accentue alors : Jacques Roux, le 24 août, remarque que l’impunité dont jouissent les députés emprisonnés « enhardit prodigieusement les égoïstes et les fripons sans nombre qui nous entourent ». « C’est pourquoi il est indispensable de faire tomber au plus tôt sous le glaive de la loi la tête de nos traîtres. » La veille, la levée en masse a été décrétée ; que peut cette mesure si elle n’est pas comprise dans la Terreur, qui est essentiellement politique et qui montrera à tous la résolution des patriotes ?

À la fin du mois d’août, les Jacobins* finissent par en avoir conscience. La Terreur peut fournir au gouvernement la force coactive qui lui permettra de vaincre et de transformer les choses et les hommes. Mais les Jacobins entendent bien canaliser l’énergie populaire, régulariser la répression et enfermer la Terreur dans un cadre légal. Les journées populaires des 4 et 5 septembre leur permettent de vaincre les modérés qui siègent à la Convention.