Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tenue de route (suite)

• Dérapage de l’essieu arrière. À toute déviation angulaire de l’axe longitudinal de la voiture correspond un écart transversal du milieu de l’essieu avant. Cette déviation angulaire continue à croître jusqu’à ce que l’arrière soit passé en avant. Ce phénomène, dit « tête-à-queue », cesse au moment où l’avant repart, ce qui nous ramène au cas précédent d’équilibre stable.

Le comportement des voitures diffère selon que l’essieu avant ou l’essieu arrière est moteur. En ligne droite, sur sol plan ou en pente ascendante, il n’existe pas de réactions transversales ; la traction avant est désavantagée dans la mesure où toutes les forces considérées ne tendent qu’à charger l’essieu arrière. En courbe à grand rayon, les réactions transversales absorbent une partie de l’adhérence totale également sur chacun des deux essieux. Tant que la vitesse limite de négociation du virage n’est pas atteinte, on peut appliquer un effort moteur déterminé à l’essieu arrière, car l’inertie longitudinale vient le surcharger aux dépens de l’essieu avant : à la limite, on ne trouve plus d’adhérence disponible, et toute application d’un effort moteur entraîne le dérapage de l’essieu considéré. La traction avant reprend l’avantage, car un dérapage de l’essieu avant est moins dangereux que celui de l’essieu arrière. Enfin, dans les courbes à court rayon, la traction avant peut virer un peu plus vite, en raison du fait qu’une des composantes de l’effort moteur se retranche de l’effort centrifuge développé, ce qui augmente la sécurité d’adhérence au dérapage.

J. B.

➙ Adhérence / Frein.

Teotihuacán

Un des plus importants sites archéologiques de l’Amérique précolombienne, situé dans la vallée de Mexico, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de l’actuelle capitale mexicaine.


Centre cérémoniel grandiose, Teotihuacán a été aussi, pendant la période classique ancienne (300-600 apr. J.-C.), le centre politique d’une civilisation dont l’influence s’étendra depuis El Tajín, au nord du Mexique, jusqu’à Tikal et Kaminaljuyú au Guatemala. Pour la première fois, la vallée de Mexico va connaître une civilisation capable d’exercer sa suprématie sur ce qui forme aujourd’hui le Mexique et une grande partie de l’Amérique centrale.

L’histoire de Teotihuacán débute pendant la période préclassique tardive (300 av. J.-C. - 300 apr. J.-C.) et se termine vers 600 apr. J.-C., moment où la cité perd son hégémonie. Les archéologues divisent cette longue période en quatre phases chronologiques. Les deux premières, Teotihuacán I et II, se situent dans le préclassique, alors que les phases III et IV appartiennent à la période classique.

C’est vers la fin du préclassique que furent construites les premières structures (plates-formes et groupes d’habitation), situées à l’extrémité nord du site. À l’époque Teotihuacán III, quand cette civilisation connut son plus grand épanouissement, la cité, avec plus de 11 km2 de superficie, atteignit des proportions véritablement « urbaines ». Elle était traversée par une longue voie, connue sous le nom d’Avenue des morts, qui la coupait du nord au sud. À l’extrémité nord de cette chaussée se trouvent la pyramide de la Lune et, plus à l’est, la pyramide du Soleil, au sud une grande enceinte rectangulaire nommée la citadelle. La pyramide du Soleil, la plus importante, mesure 222 sur 225 m à la base et 64 m de hauteur. Elle est construite d’adobe et de cailloux, avec des façades à degrés revêtues de pierre. La poterie trouvée à l’intérieur de la pyramide est datée de la phase II, préclassique. Au sommet se trouvait, semble-t-il, un petit temple fait de bois auquel on accédait par un escalier de pierre. La citadelle, enceinte flanquée de terrasses, contient le temple de Quetzalcóatl. Il en subsiste aujourd’hui la base, une pyramide tronquée entourée d’autres constructions moins importantes qui ont sans doute servi d’habitations. Cette pyramide est l’une des constructions les plus intéressantes, car elle présente une innovation architecturale importante : le « talud-tablero », combinaison de panneaux verticaux et de talus obliques. Les panneaux verticaux sont ornés de bas-reliefs et de têtes en ronde bosse qui représentent, alternés, Tlaloc, le dieu de la Pluie, et une gueule de serpent qui est sans doute Quetzalcóatl. Les talus portent des bas-reliefs qui représentent des serpents ondulés.

D’autres structures se répartissent de chaque côté de l’Avenue des morts, comme le « temple de l’Agriculture », orné de magnifiques peintures murales, ou de grands ensembles d’habitation. Ces derniers, au plan complexe, comportent de nombreuses pièces de forme rectangulaire ou carrée, disposées autour de cours intérieures et de places. Si certains de ces ensembles paraissent avoir été des palais, d’autres doivent sans doute être interprétés comme ayant servi d’habitation aux nombreux artisans, commerçants, serviteurs qui devaient graviter autour de Teotihuacán. En effet, le nombre élevé d’édifices ainsi que leurs vastes dimensions témoignent de l’importance que dut atteindre la population (bâtisseurs et habitants) : elle a été estimée, selon les auteurs, entre 10 000 et 100 000 personnes. Pour concevoir des travaux d’une telle ampleur, il faut imaginer une élite dirigeante très puissante, probablement formée de prêtres cumulant les pouvoirs politique et religieux.

Sur le plan artistique, les gens de Teotihuacán n’ont pas été seulement de grands bâtisseurs, mais aussi d’excellents sculpteurs et surtout des peintres exceptionnels. L’architecture, massive et sévère, s’est peu servi de la sculpture comme élément décoratif, à quelques exceptions près : le temple de Quetzalcóatl, on l’a vu, et le palais de Quetzalpapalotl. Un énorme monolithe sculpté en bas relief a été découvert dans la cour du temple de la Lune : il représente une figure féminine identifiée à Chalchiuhtlicue, la déesse de l’Eau. Parmi les pièces les plus remarquables de la sculpture figurent les masques finement sculptés en jadéite, serpentine ou albâtre qui étaient probablement attachés sur le visage des morts, ou sur le paquet funéraire contenant le corps.