Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

température (suite)

On distingue donc des hyperthermies à thermostat non déréglé — liées à une augmentation des métabolismes pathologiques (hyperthyroïdie), non pathologiques (deuxième partie du cycle menstruel), ou à une impossibilité d’obtenir une sueur abondante (atmosphère chaude et humide) — et des hyperthermies fébriles, avec dérèglement du centre thermorégulateur : ce sont les fièvres d’origine infectieuse ou les fièvres d’origine centrale.


Anomalies de la température


Température centrale

L’élévation de la température du corps, ou hyperthermie, caractérise les fièvres*, dont il existe de nombreux types. Chez la femme, la température varie pendant le cycle menstruel, et la courbe de température est un moyen de déterminer le jour de la ponte ovulaire (v. contraception). L’abaissement de la température centrale s’observe accidentellement par exposition prolongée au froid et lors de certaines affections neurologiques. Il peut être déterminé volontairement lors de certaines interventions chirurgicales (sur le cœur, le cerveau) pour augmenter la tolérance des tissus au manque d’oxygène (anoxie*), mais cet abaissement de température nécessite un traitement complexe supprimant la lutte contre le froid : c’est l’hibernation* artificielle.


Température cutanée

La température de la peau est le reflet de la qualité de la vascularisation locale. Dans les oblitérations artérielles (artériopathies, embolies) ainsi que dans les maladies des vaisseaux capillaires (acrocyanose*), elle est abaissée. Dans les phlébites (inflammations des veines), elle est au contraire augmentée et elle se rapproche de la température centrale, qui est elle-même augmentée. D’une façon générale, l’augmentation de la température de la peau d’une région donnée est un signe d’inflammation (abcès, arthrite, etc.).

La température de la peau peut être mesurée avec un thermomètre spécial qu’on place successivement sur différentes parties du corps (à l’état normal, plus on s’approche de l’extrémité des membres, plus la température s’abaisse). On peut également enregistrer graphiquement les températures de toute une région : c’est la thermographie.


La thermographie

Ce moyen moderne de diagnostic peut être mis en œuvre par deux procédés : la détection des infrarouges et les cristaux liquides.

La détection des rayons infrarouges nécessite un appareillage important : une caméra à infrarouge balaye la surface à étudier, et un dispositif électronique convertit les signaux en un graphique, ou thermogramme, dont les points, plus ou moins foncés, correspondent aux différentes températures enregistrées.

Les cristaux liquides sont des substances qui changent de couleur pour de faibles différences de température ; on badigeonne la surface à étudier avec une solution de ces cristaux, et les différents points apparaissent en bleu, vert, rouge, suivant la température locale ; il n’y a plus qu’à faire une photographie en couleurs qui constitue le thermogramme de la région.

La thermographie constitue un moyen fiable de dépistage des tumeurs, notamment du sein (le dernier mot restant néanmoins à l’examen histologique), et un examen de surveillance des affections artérielles (artérites).

P. V.

 S. Geller, la Courbe thermique. Guide du praticien en endocrinologie féminine (Masson, 1961). / W. Renerski et S. Rozcowski, Thermorégulation. Pathophysiologie, pharmacologie (en pol., Varsovie, 1972).

tempéré (géomorphologie du domaine)

Étude des formes du relief des régions de climat (actuel) tempéré.


C’est de l’analyse des paysages des régions tempérées que la géomorphologie classique a dégagé les lois fondamentales de la morphogenèse, fondées sur la notion d’« érosion normale ». Les chercheurs européens et nord-américains, qui considéraient le modelé des régions qu’ils habitaient comme « normal » parce qu’il leur était familier, ont tout naturellement tenté d’expliquer les formes du relief par les processus qu’ils observaient.


Les formes observées et les explications classiques

Qu’observaient ces chercheurs ? Que les roches affleurent rarement à nu, en dehors de roches particulièrement difficiles à démanteler et de régions montagneuses à versants escarpés soumis à un climat d’altitude froid. D’une façon générale, les versants sont tapissés d’un manteau de débris dans lequel des fragments rocheux sont enrobés d’une matrice faite d’argile, de limon et de sable. Ce manteau détritique résulte de l’altération et de la désagrégation des roches sous-jacentes par l’action des processus météoriques combinée à l’action de la couverture vivante des sols (végétation et vie animale). Lors des averses, les eaux qui ruissellent sur les pentes entraînent de fines particules et les acheminent jusqu’aux rivières, qui les évacuent vers l’aval, ainsi que le prouvent leurs eaux boueuses à la suite des orages. Mais le ruissellement n’est pas le seul processus d’évacuation des débris sur les versants : la lente descente du manteau détritique n’est-elle pas attestée par exemple par le basculement de la tige des jeunes arbres encore faiblement enracinés et dont la base incurvée de bien des troncs d’arbre conserve la marque ? Ne voit-on pas au voisinage des sources de petites dépressions en forme de niche résultant du tassement provoqué par le soutirage des eaux de source, qui évacuent des débris fins et des substances dissoutes (phénomène de suffosion) ? Mais aussi, de temps en temps, un glissement en masse de tout un pan de versant, aux effets parfois catastrophiques, n’entraîne-t-il pas d’un coup une masse considérable de débris, quel qu’en soit le calibre ? Les rivières se chargent d’évacuer tous ces débris jusqu’à la mer : les alluvions qui tapissent leur lit en sont le témoignage, et le colmatage des estuaires ainsi que la progression des deltas des preuves irréfutables.

De ces observations, les auteurs concluent que les formes se façonnent imperceptiblement sous nos yeux et tendent vers un équilibre en accord avec le climat des latitudes tempérées. L’étude de régions lithologiquement homogènes et ayant connu une assez longue évolution pour que cet équilibre ait eu le temps de se réaliser doit permettre de définir les formes caractéristiques du modelé d’érosion normale. Nos massifs anciens répondent à ce double critère et deviennent de ce fait un terrain de choix dans le développement de ces idées. Les ingénieurs avaient montré que le profil des cours d’eau tend vers une courbe idéale concave vers le ciel telle que la pente du lit décroît constamment vers l’aval sans jamais devenir nulle (v. érosion) ; les géomorphologues croient pouvoir établir que les versants tendent vers un profil convexo-concave.