Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

télégraphie (suite)

Le réseau Telex

L’évolution commerciale du télégraphe et l’utilisation de plus en plus appréciée par les usagers des services donnés par les téléimprimeurs ont amené les administrations, les sociétés exploitantes et les constructeurs de matériel à développer les moyens de mise en présence automatique. C’est ainsi qu’ont été étudiés, puis installés, des autocommutateurs spécialisés. Les abonnés au service Telex peuvent par simple émission de l’indicatif de l’abonné demandé (numérotation au cadran ou au clavier) entrer en communication avec ce dernier. La mise en présence est du même type que celle de deux abonnés au service téléphonique, c’est-à-dire à la demande et temporaire. La taxation s’effectue à la durée et à la distance. Alors que le message téléphonique ne peut aboutir sur un poste libre que si l’abonné décroche le combiné, le service Telex ignore cette sujétion. Si le téléimprimeur est libre, la réception des signalisations de l’appel du « demandeur » met automatiquement en marche le téléimprimeur, qui se trouve toujours en état de veille. C’est ainsi que des messages peuvent être reçus de nuit ou en période de repos, ce qui permet de donner au réseau un rendement deux fois plus élevé que celui du réseau téléphonique et de diminuer les taxes dans le même rapport (pour une même durée et une même distance).

Tous les téléimprimeurs sont obligatoirement dotés d’émetteurs automatiques de leur propre indicatif. Ils sont aussi dotés de dispositifs pour la perforation et l’émission automatique de textes préperforés sur bande. Les réseaux nationaux sont interconnectés. On distingue le réseau international à usage privé, c’est le réseau Telex, et le réseau international réservé aux établissements publics (Postes et Télécommunications), c’est le réseau Gentex. Ces deux réseaux utilisent les mêmes autocommutateurs en France, mais forment en Allemagne deux entités distinctes. Bien que la vitesse des échanges sur la base d’une modulation à 50 baud soit, sur les réseaux Telex et Gentex, limitée à 400 caractères à la minute le télégraphe en sa version moderne rend actuellement, et rendra de plus en plus, d’éminents services. Au 31 décembre 1973, le nombre des abonnés au réseau Telex mondial était de 594 126, et le nombre des abonnés au réseau français de 41 180. D’autre part, on assiste à un très grand développement dans les domaines des transmissions de données, de commutation de messages ou de commutation de paquets, qui apparaissent comme autant de mises en œuvre modernes du télégraphe de Hughes ou de Baudot.

G. D.


Les téléimprimeurs

Le principe électrique de base utilisé dans le système Morse est, à l’émission, la fermeture d’un circuit électrique par un manipulateur, et, à la réception, l’attraction d’un stylet par un électro-aimant actionné — soit directement, soit à la suite de nombreux transferts — par le courant de fermeture.

Dans les systèmes modernes, le manipulateur est remplacé par le clavier d’une machine à écrire. Chaque frappe d’un caractère entraîne l’émission du groupe de cinq éléments binaires significatifs du caractère encadré d’un élément binaire qui déclenchera le mécanisme d’inscription (signal start) et d’un élément binaire qui l’arrêtera (signal stop). Cette frappe peut aussi commander l’inscription par perforation sur une bande de papier des cinq moments significatifs. À la réception, l’électroaimant est remplacé par un lecteur qui déclenchera la frappe de la lettre correspondant à la combinaison. L’émetteur et le récepteur sont regroupés dans un même ensemble, qui peut ainsi visualiser sa propre émission.

Le Comité consultatif international télégraphique et téléphonique (CCITT) a imposé des normes techniques et des conditions d’exploitation bien précises. La durée nominale des impulsions est de 20 ms. Le code utilisé étant à 5 moments significatifs encadrés des moments start et stop, la durée d’un cycle d’émission est de 150 ms (7 × 20 + une garde de 10 ms), avec une tolérance de 0,75 p. 100. Cette durée correspond à l’émission de 7,5 moments par caractère.

Un code à 5 éléments binaires, ou moments, permet d’obtenir 25 = 32 combinaisons, ce qui est insuffisant pour individualiser les 26 lettres de l’alphabet, les 10 chiffres et un certain nombre d’ordres tels que, par exemple, l’espace entre les mots, le retour à la ligne, etc. Aussi, 2 de ces 32 combinaisons sont-elles réservées pour assurer un dédoublement du code, ce qui permet d’obtenir un nombre plus grand de combinaisons utilisables. Si les impulsions se suivent sans interruption, on obtient une fréquence de 50 impulsions par seconde, ou 50 baud (1 baud = 1 moment par seconde). La durée d’un cycle est indépendante de la vitesse de frappe. Elle est fixée par le téléimprimeur lui-même. C’est la succession des frappes, donc des cycles, qui dépend du manipulateur. Lorsque l’on inscrit le message sur une bande perforée et qu’on la fait défiler ensuite sur le lecteur-émetteur du téléimprimeur, on peut obtenir des vitesses de transmission de l’ordre de 50 baud, alors qu’une frappe directe d’une dactylographe à la vitesse moyenne de 40 mots par minute représente une vitesse télégraphique de 25 baud. La durée d’occupation du circuit est donc deux fois plus grande et le coût de la transmission augmenté d’autant. Cet accroissement des vitesses est recherché avec le développement des transmissions de données, et de nouveaux téléimprimeurs sont capables de transmettre de 20 à 30 caractères par seconde. Le code à 8 moments, dont 7 significatifs, permet la transmission d’une information plus riche, correspond à 27 = 128 combinaisons, donc caractères. Enfin, la rapidité de la transmission atteint de 200 à 300 baud.


Les modes de transmission

Le signal télégraphique est binaire et chaque caractère est représenté par un train d’impulsions. Deux modes de transmission peuvent être adoptés.

• La transmission par simple courant consiste, comme pour la numérotation téléphonique du cadran, à couper le courant continu de ligne, établi en permanence en l’absence de modulation et appelé pour cela courant de repos.