Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tectonique (suite)

 A. Demay, Microtectonique et tectonique profonde (Impr. nat., 1943). / J. Goguel, Traité de tectonique (Masson, 1952 ; 2e éd., 1965). / J. Goguel (sous la dir. de), la Terre (Gallimard, « Encycl. de la Pléiade », 1959 ; nouv. éd., Géologie, 1972, 2 vol.). / P. C. Badgley, Structural and Tectonics Principles (New York, 1965). / J. Aubouin, R. Brousse et J.-P. Lehman, Précis de géologie, t. III : Tectonique, morphologie, globe terrestre (Masson, 1968). / C. Allègre et M. Mattauer (sous la dir. de), Structure et dynamique de la lithosphère (Hermann, 1972).

tégument

Complexe tissulaire qui recouvre le corps des êtres vivants.


Le terme de peau* au sens large (peau proprement dite et productions cutanées de revêtement, ou phanères, telles qu’écailles, plumes, poils), fréquemment utilisé dans le cas des Vertébrés, est pratiquement synonyme de tégument.

La situation particulière du tégument, à la limite entre l’organisme et son environnement immédiat, commande ses fonctions et, par là même, sa structure, qui doivent s’adapter aux conditions du milieu naturel.

Le premier rôle du tégument est d’isoler du milieu extérieur la cavité générale et les organes du corps, ce qui nécessite la présence d’une couche continue de cellules étroitement jointives ; aussi, le tégument est-il toujours constitué par un épithélium, d’origine ectodermique, simple chez les Invertébrés, stratifié chez les Vertébrés. Toutefois, le mésoderme participe typiquement à la constitution du tégument, soit par une simple densification d’éléments acellulaires du conjonctif sous-jacent qui constitue la membrane basale (anhiste) de l’épithélium (cas des Invertébrés), soit, outre cette basale, par une densification du tissu conjonctif sous-épithélial lui-même (d’origine mésodermique), qui est alors désigné comme derme, l’épithélium l’étant comme épidémie.

Chez les animaux primitifs, les larves aquatiques de groupes divers, les endoparasites, qui vivent tous dans l’eau ou dans les biotopes très humides, le tégument joue un rôle important dans les échanges physico-chimiques avec le milieu, en contrôlant les matériaux susceptibles de passer dans un sens ou dans l’autre (perméabilité sélective). Ces échanges peuvent intéresser la régulation de la pression osmotique ou bien être d’ordre excrétoire, mais surtout respiratoire, et l’on parle alors de respiration tégumentaire généralisée. Chez la plupart des animaux aquatiques plus élevés en organisation, la respiration est encore dévolue aux téguments, mais seulement en des zones limitées et spécialisées, à paroi mince et à très grande surface (la plupart du temps plissée) : les branchies. On peut cependant noter que, chez les Vertébrés, la plupart des Batraciens respirent beaucoup plus par leur peau que par leurs poumons.

Chez beaucoup d’animaux inférieurs et chez les larves aquatiques d’embranchements très divers (Arthropodes et Vertébrés exceptés), le tégument joue un rôle important dans la locomotion, en l’absence d’organes spécialisés dans cette fonction, par la possession de cils vibratiles, qu’ils soient uniformément répartis ou plus ou moins localisés. Notons que le revêtement ciliaire, par les courants qu’il détermine, peut également jouer un rôle de premier plan dans le renouvellement de l’eau au voisinage des branchies ou dans la nutrition microphage. La sécrétion de mucus par des cellules glandulaires tégumentaires intervient dans plusieurs processus de locomotion, notamment en réduisant les frottements (comme chez la majeure partie des animaux aquatiques, chez les Vers de terre...) ou en assurant un contact étroit et souple avec le substrat (Mollusques par exemple).

Le tégument étant en relation directe avec le milieu extérieur, il doit être capable de percevoir les variations qualitatives de ce milieu ; autrement dit, il doit posséder des cellules sensorielles dont les messages soient susceptibles de déclencher les réflexes adaptés aux circonstances. Même chez les animaux élevés en organisation, dotés d’organes sensoriels spécialisés, la peau joue encore un rôle de tout premier plan dans la perception de certains stimuli (sens du toucher, de la température).

Le tégument doit enfin, toujours du fait de sa situation, assurer la protection de l’organisme contre les principales actions néfastes éventuelles de l’environnement.

Une protection d’ordre mécanique contre les chocs ou les frictions peut être assurée par une véritable armure, sécrétion tégumentaire plus ou moins intimement adhérente à l’épithélium qui l’a produite : cuticule chitineuse des Arthropodes, coquille des Mollusques, périthèque (éventuellement calcifiée) de nombreux Cnidaires.

Chez les Vertébrés inférieurs (Ostracodermes, Poissons), l’armure est constituée par des écailles, formations essentiellement dermiques (os dermique, dentine, ganoïne) avec, primitivement, faible participation de l’ectoderme (émail). Cette armure tégumentaire, très développée chez les « Poissons cuirassés » du Silurien et du Dévonien, a subi une importante régression au cours de l’évolution, si bien que les écailles des Ostéichthyens ne sont plus constituées que par de fines lames osseuses dermiques recouvertes par l’épiderme. Certains Reptiles ou Mammifères (Tortues, Tatous par exemple) ont acquis secondairement une carapace qui rappelle celle des Poissons cuirassés. Chez les formes terrestres telles que Reptiles et Mammifères, dont le corps est particulièrement exposé aux frictions, la couche externe de l’épithélium stratifié est constituée de cellules aplaties mortes, cornées, subissant la desquamation compensée par l’activité d’une couche génératrice basale de cellules cubiques ; entre ces deux couches, les cellules sont polyédriques. Les écailles des Reptiles correspondent simplement à un épaississement et une densification de la couche cornée. Elles sont donc épidermiques, contrairement à celles des Poissons.

La vie terrestre, à l’air libre, hors de biotopes particulièrement humides, pose un autre problème aux animaux : celui de la résistance à la dessiccation. Cette résistance est assurée, chez les Arthropodes terrestres, par la présence d’une couche externe mince, riche en cires (imperméable) : la cuticule (épicuticule). Chez les Reptiles, l’épaisseur du tégument, la présence d’écaillés cornées constituent une protection efficace. Chez les Oiseaux ou les Mammifères, ce sont les plumes ou les poils qui jouent ce rôle en créant un microclimat au voisinage de la peau.