Tchö-kiang (suite)
Ce relief tourmenté s’enfonce sous la mer : de là une côte de subsidence, extrêmement découpée avec une multitude d’estuaires, de rades, de caps ; côte rocheuse très belle au sud de l’estuaire de Hangzhou. Cette côte est frangée de nombreuses îles et, en particulier, du grand archipel des Zhoushan (Tcheou-chan), au large de l’estuaire de Hangzhou. Cet estuaire est très fortement remonté par la marée, dont l’importance est exceptionnelle (elle dépasse parfois 8 m et progresse aussi vite que celle du Mont-Saint-Michel).
La partie méridionale est presque tropicale : la moyenne de janvier est supérieure à 8 °C jusqu’à Wenzhou (Wen-tcheou) ; au-delà, vers le nord, et notamment à Hangzhou, l’hiver devient plus rude. L’été est chaud, les pluies sont abondantes, supérieures à 1 500 mm, on compte en moyenne 180 jours de pluie : ce sont surtout des pluies d’été, apportées par la mousson, mais aucun mois ne reçoit moins de 25 mm ; les côtes sont ravagées, chaque année, en septembre et octobre, par des typhons. Ce climat permet une magnifique végétation sur les basses pentes des montagnes, où se mêlent plantes tropicales à feuilles persistantes (camphriers) et à feuilles caduques (laquiers, bambous) et des lianes tempérées (chèvrefeuille, glycine) dominant myrtes et azalées.
Les vallées, les bassins et la plaine septentrionale portent des rizières, très intensivement cultivées ; en hiver, elles sont aménagées en billons et portent des cultures variées (maïs, tabac, légumes). Quelques spécialisations apparaissent, à la place du riz : le jute aux environs de Hangzhou (la moitié de la production chinoise), le mûrier autour de Hangzhou et au sud du lac Taihu (autour de Huzhou [Hou-tcheou]), le coton (Jiaxing [Kia-hing] et Shaoxing [Chao-hing]). Le bassin de Jinhua (Kin-houa) est célèbre dans toute la Chine par son élevage de porcs. La région au sud du Taihu ajoute, à l’élevage du ver à soie, une très active pisciculture. Les pentes ont été partiellement mises en valeur par des champs en terrasses (maïs, millet, patates douces) ou portent des vergers (orangers de Wenzhou, pêchers de Fenghua), ou encore des jardins de théiers, principalement autour de Wenzhou ; ailleurs, deux ou trois ans de culture de maïs sont suivis de la plantation de conifères, coupés à vingt ans. Les côtes sont les plus actives de toute la Chine pour la pêche en mer, et l’archipel des Zhoushan est le centre le plus important à cet égard (usines de farine de poisson). Les jonques sont construites notamment à Ningbo (Ning-po), qui fournit également un grand nombre de jonques à la navigation sur le Yangzi. Dans toutes les villes côtières, une part importante de la population vit sur sampans.
Le Zhejiang n’a guère de ressources minières (fer à Shaoxing). Par contre, le Xin’anjiang, affluent du Zhejiang, a été barré aux gorges de Zhongguan (Tchong-kouan) : l’électricité ainsi produite alimente, principalement, les industries de Shanghai. Le Zhejiang est peu industrialisé. Il est traversé par la voie ferrée Canton-Shanghai sur laquelle s’embranche une voie vers Ningbo ; un second embranchement mènera de Jinhua à Wenzhou.
Hangzhou, la capitale provinciale, compte plus de 700 000 habitants : ancienne capitale des Song (1127-1279), elle est la plus célèbre ville d’art de la Chine. Tout le nord du Zhejiang montre d’ailleurs, jusque dans les maisons populaires, une grande originalité architecturale (maisons à étage, cloisons à panneaux amovibles, etc.).
J. D.