Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tchao Mong-fou

En pinyin Zhao Mengfu ; nom social, Zi’ang (Tseu-ngang) ; surnom, Songxue daoren (Song-siue tao-jen). Peintre chinois (1254-1322).


Né à Huzhou (Hou-tcheou) dans une famille apparentée à la onzième génération au premier empereur des Song, il brilla à la cour des Mongols (v. Yuan [époque]) en tant que peintre, calligraphe et aussi administrateur. Secrétaire de la Commission de la guerre, il occupa la fonction de conseiller impérial et chroniqueur de la dynastie. En 1316, il se vit honoré d’un poste élevé à l’Académie ; à sa mort, il reçut le titre posthume de duc de Wei.

Les lettrés chinois l’ont souvent violemment critiqué pour avoir servi les Mongols. Mais même ses ennemis les plus acharnés ont reconnu ses dons innombrables. Initié dès son jeune âge à la peinture des personnages, des animaux, des fleurs, des oiseaux et des paysages, Zhao Mengfu étudie avec succès les classiques et se distingue particulièrement en calligraphie. Par la suite, jugeant trop galvaudé le style des Song*, il se tourne vers la manière des Tang (T’ang*) et assimile l’art des paysages de Wang Wei, l’art des chevaux de Han Gan (Han Kan). En ce qui concerne la calligraphie, il approfondit ses études d’après Wang Xizhi (Wang Hi-tche, ive s.).

Parmi ses œuvres parvenues jusqu’à nous se sont glissés de nombreux faux, notamment des peintures de chevaux. Nous nous arrêterons à l’observation de quelques chefs-d’œuvre qui nous paraissent authentiques et qui représentent les divers aspects de son art.

L’Étang des lotus (musée de l’Ancien Palais, Taiwan) est une copie de Huang Ch’uan (xe s.), scène d’automne constituée principalement par un oiseau posé sur une feuille de lotus fanée et une fleur dont il ne reste plus que le pistil et les étamines. L’empereur K’ien-long (Qianlong) y apposa douze cachets et calligraphia lui-même deux poèmes de sa composition pour louer cette scène où transparaît la beauté de l’automne.

Dans le domaine de la peinture de personnages, Zhao Mengfu peignit le plus souvent des thèmes confucéens et classiques, tels que des illustrations du Livre de la piété filiale (Xiao jing) ou des Neuf Chants (Jiu ge). Ainsi, la Visite de Kongzi (K’ong-tseu) à l’humble hermitage de Yüan Hsian (Taiwan) est fondée sur l’histoire de Confucius et de ses disciples. L’équilibre de cette peinture réside dans l’harmonie linéaire des rochers alliée à celle des plis des vêtements.

Parmi les sujets animaliers, le cheval prédomine. Retenons un feuillet d’album (Taiwan) où un homme tient son cheval sous le vent, composition simple qu’anime la robe flottante du maître. On trouve aussi d’autres animaux, tels des béliers et des chèvres : un rouleau conservé à la Freer Gallery de Washington représente un bélier peint selon un procédé de lavis dont la richesse des dégradés contraste avec les traits secs des poils de la chèvre à ses côtés ; dans l’inscription portée sur ce rouleau, l’auteur se flatte de ce que son étude contient une véritable « harmonie de l’esprit » (qi yun [k’i yun]).

L’art de Zhao Mengfu en matière d’orchidées, de bambous et de paysages est, lui aussi, remarquable. Arrêtons-nous à un rouleau horizontal du musée de Taiwan, qui compte parmi les plus célèbres de la peinture chinoise. Il s’agit d’une Scène d’automne des monts Cao (Ts’ao) et Hua (Houa), au style simple et appliqué, presque naïf : les différents éléments du paysage sont rendus sous la forme de signes proches de ceux que l’on pourrait employer en cartographie, mais peints d’un seul trait à la façon de l’art du calligraphe ; sous une apparence un peu plate, les touches d’encre varient à l’infini. Cette œuvre est la manifestation, aux yeux des lettrés chinois, du goût le plus raffiné dans l’art du paysage.

Bien que Zhao Mengfu se soit dit revenu à l’art des Tang, ses peintures donnèrent naissance au style nouveau du xive s. Son influence s’exerça non seulement sur sa famille (sa femme, Guan Daosheng [Kouan Tao-cheng], son fils, Zhao Yong [Tchao Yong], etc.) et sur les « quatre grands » de la fin des Yuan (v. Houang Kong-wang), mais aussi sur nombre d’artistes au cours des six siècles suivants.

H. C.-l.

➙ Yuan (époque).

Tchécoslovaquie

En tchèque Československo, État de l’Europe centrale ; 127 876 km2, 14,7 millions d’hab. Capit. Prague.


Le milieu naturel

La Tchécoslovaquie est un État fédéral socialiste, comprenant la république socialiste des Tchèques et des Moraves et la république socialiste de Slovaquie. En fait, la disposition naturelle des reliefs et des cours d’eau la divise en trois parties.


Trois grands ensembles

La première région, la plus riche, la plus étendue, est la Bohême*, qui comprend la capitale et fournit à elle seule plus de la moitié de la production agricole et industrielle du pays ; elle a bénéficié, dans le cadre de la Double Monarchie, d’investissements particuliers, qui expliquent la présence et la localisation des usines.

Physiquement, la Bohême recouvre l’espace appelé le « quadrilatère bohémien » ; expression géographique physionomique en même temps que stratégique. Le pourtour montagneux se compose de massifs et de plateaux anciens avec ou sans leur couverture, basculés et entaillés par un puissant réseau hydrographique.

Au centre de ce quadrilatère se juxtaposent deux éléments. D’une part, entre la Šumava et la Labe (Elbe), une série de plateaux forment des reliefs appalachiens et pseudo-appalachiens où les barres de quartzites viennent s’ennoyer à Prague : ce sont les Brdy (collines), très boisées et couvertes de pâturages et de champs médiocres. D’autre part, à l’est de la Labe, le Polabí est un bassin tectonique remblayé de couches sédimentaires. La vallée coule dans une dépression de 30 à 40 km de large et de 100 km de long, tantôt humide dans le fond des vallées, tantôt sèche sur les terrasses garnies de lœss. C’est là que le pourcentage de terres labourables atteint le taux le plus élevé de Tchécoslovaquie et qu’avant la collectivisation de grosses fermes se partageaient les sols fertiles. C’est la zone des plus belles exploitations d’État et des meilleures coopératives.