Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Talmud (suite)

La Gemara

La Gemara se développa tant en Babylonie qu’en Palestine et porta surtout sur la Halakha, c’est-à-dire sur l’établissement des normes de la vie juive. Mais il n’était pas rare qu’au cours des discussions une association d’idées amenât un développement haggadique de morale, de sagesse pratique, d’aperçus historiques ou même d’allusions « scientifiques ».

La Gemara des écoles palestiniennes se développa dès le milieu du iiie s., à Tibériade, à Césarée, à Sephoris et à Oucha (Usha). L’un des maîtres les plus éminents était Rabbi Johanan ben Nappaha (v. 180 - v. 279), disciple de Rabbi Juda. La matière orale, à la rédaction écrite de laquelle il donna la première impulsion, se trouve regroupée dans ce que l’on appelle habituellement le Talmud de Jérusalem (Talmud Yeroushalmi), moins connu et moins complet, de beaucoup, que celui de Babylone. La langue en est l’araméen occidental. L’ouvrage aurait été terminé, si l’on peut dire, vers 350, à l’époque où le christianisme, devenu religion officielle de l’Empire, persécutait le judaïsme ; en fait, il semble que, sous la forme où nous le connaissons, le Talmud de Jérusalem soit plus récent et date du ve s. La Gemara palestinienne ne traite que de 39 des 63 massekhtot de la Mishna.

Le Talmud de Jérusalem, pour lequel un regain d’intérêt se manifeste, a le mérite de témoigner du développement ininterrompu de la Halakha, depuis ses origines et sans solution de continuité. Ses Haggadot nous éclairent sur la vie juive en Palestine, au iiie et au ive s. Le Talmud de Babylone (Talmud Babli), rédigé en araméen oriental, est trois fois plus étendu. Il représente une sorte de compte rendu de l’activité des amoraïm babyloniens, qui, parfois, citent leurs collègues palestiniens ; parmi les plus célèbres de ces maîtres, il faut citer Abbaye (278-338) et Rava (299-352). On attribue à Rab Ashi (v. 375-427), chef de l’école de Soura, l’initiative de la compilation du Talmud de Babylone. On soutient, aujourd’hui, qu’il aurait utilisé certains recueils résumant les discussions des écoles. Mais il appartint à ses disciples et continuateurs d’achever ce Talmud. Le plus connu est Ravina († v. 499). Les rabbins de la génération postérieure, connus sous le nom de saboraïm, donnèrent à l’œuvre sa dernière touche.

La Gemara babylonienne ne couvre que 37 traités de la Mishna. On admet généralement que sa rédaction fut due, elle aussi, à l’imminence de graves persécutions, sous le règne des Sassanides. On prit l’habitude de copier ensemble les passages de la Mishna et la Gemara qui s’y rapportait. Dans le Talmud de Jérusalem, la Gemara suit l’ensemble de la citation d’un chapitre de la Mishna. Dans celui de Babylone, les citations se font alinéa par alinéa, chacun étant suivi de sa Gemara, de dimension variable.

Le Talmud de Babylone, dont l’étude se propagea très vite en Afrique du Nord et en Europe, connut une diffusion plus vaste et suscita une riche littérature de commentaires et de recherches. Le Talmud fut l’instrument qui permit au judaïsme de surmonter toutes les crises qui menacèrent son existence ; c’est bien pourquoi il fut l’objet de tant d’attaques, de calomnies et de traitements comme celui qu’infligea à 24 charretées de ses manuscrits, brûlés en plein Paris en 1242, le pieux Saint Louis, après une mémorable « disputation » en Sorbonne entre les théologiens catholiques et les rabbins chargés de défendre l’ouvrage, accusé de contenir des blasphèmes et des attaques contre le christianisme.

C’est le Talmud qui permit à la race que l’on disait « repoussée par Dieu » de trouver dans la notion de son élection la force de survivre.

E. G.

➙ Judaïsme / Juifs.

 M. Mielziner, Introduction to the Talmud (Cincinnati, 1894 ; 4e éd., New York, 1969). / A. Cohen, le Talmud (Payot, 1950). / A. Neubauer, la Géographie du Talmud (Olms, Hildesheim, 1965). / D. Malki, le Talmud et ses maîtres (en yiddish, Jérusalem, 1969 ; trad. fr., A. Michel, 1972).

Tamilnād ou Tamil Nadu

État de l’Inde ; 130 357 km2 ; 41 103 000 hab. Capit. Madras*.


Nommé Tamil Nadu (ou Tamizhagam) depuis avril 1967, l’État a été constitué en 1956 par le regroupement des territoires de langue tamoule qui appartenaient à l’ancienne présidence de Madras ou aux États voisins. Situé en latitude entre 8° et 14° N., il occupe la partie sud-est du Deccan*.


Les caractères physiques

Au point de vue structural, le Tamilnād comprend des régions montagneuses, des plateaux et une plaine littorale.

• Les régions montagneuses, massifs de gneiss et de charnockites, appartiennent à plusieurs ensembles. À l’ouest, elles comprennent une partie des Ghāts occidentaux, les Nīlgiri et les Palni, massifs aux flancs escarpés dont les parties sommitales dépassent 2 000 m. À l’est, des massifs plus fragmentés et moins hauts, les Ghāts orientaux ou collines du Tamilnād, se divisent en deux groupes : les monts Javādi, Kalrāyan, Chitteri et Shevaroy, formant au sud-ouest de Madras un arc montagneux interrompu par des passes étroites ; et, dans la région de Tiruchirapalli, le groupe des Pachaimalai et des Kollimalai. Enfin, le plateau de Mysore (ou Maisūr) domine les plateaux tamouls par une dénivellation de 300 à 400 m, constituant les Ghāts du Mysore.

• Les plateaux forment, dans cet encadrement montagneux, la plus grande partie du Tamilnād. Ils s’inclinent doucement du pied des Ghāts à la mer. Ce sont généralement des surfaces de gneiss qui, dans les conditions d’un climat subaride, ont été nivelées en glacis. Ils sont fréquemment dominés par des alignements d’inselbergs, collines abruptes ou entassements de blocs rocheux, qui sont les vestiges d’anciennes chaînes de gneiss ou de charnockites.

• La plaine littorale ne se distingue pas topographiquement des plateaux, car elle appartient à la même surface de glacis, qu’elle prolonge jusqu’à la mer. Mais elle est formée de roches récentes : le Jurassique (localement modelé en collines), le Crétacé et surtout les grès mio-pliocènes (grès de Cuddalore), qui forment des plateaux bas au voisinage de la mer. Une zone alluviale et lagunaire s’est développée le long de la côte, formant un rivage rectiligne. Le socle gneissique n’atteint le rivage qu’à Mahābalipuram et au cap Kanyā Kumārī (ou Comorin).