Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Australie (suite)

Le niveau de vie

Le quart du produit national brut est investi en biens d’équipement, ce qui représente un taux très élevé. Afin d’encourager les investissements, le gouvernement a autorisé les industriels à déduire de leur revenu imposable 120 p. 100 des acquisitions de biens d’équipement. Mais, malgré ces efforts, l’épargne australienne ne parvient à financer que 88 p. 100 des investissements ; le reste doit provenir de l’étranger, et, de 1945 à 1966, les investissements étrangers ont représenté environ 25 milliards de francs, dont 49 p. 100 sont venus de Grande-Bretagne et 38 p. 100 de l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada). Le montant global des apports de capitaux a récemment considérablement augmenté (5,5 milliards de francs en 1968) ; le recul des Britanniques est largement compensé par l’accroissement des investissements réalisés par les États-Unis et le Japon, mais une partie de ces capitaux sont des investissements de portefeuille ; il faut y ajouter des apports technologiques importants. Il est certain que la stabilité des structures politiques, l’expansion continue de l’économie, la qualité de la main-d’œuvre placent l’Australie parmi les pays qui attirent le plus les capitaux extérieurs. Environ 500 entreprises sont totalement étrangères, mais le gouvernement australien favorise surtout les entreprises mixtes avec participation australienne en matière de financement et de gestion. Le gouvernement et les grandes banques ont créé récemment l’Australian Resources Development Bank, dont l’objectif est d’aider les compagnies australiennes et leurs associés étrangers dans les grands projets de développement du pays. Dans tous les domaines de l’économie, les entreprises profitent du remarquable travail réalisé par la Commonwealth Scientific and Industrial Research Organization, créée en 1926, dont l’essor a été particulièrement spectaculaire au cours des deux dernières décennies. Pour protéger les nouvelles industries, la Commission des tarifs douaniers établit une protection plus ou moins temporaire sur certaines productions. Cette production peut intéresser aussi bien des produits agricoles (le sucre par exemple) que des produits industriels (acier, certains produits chimiques de base, matériel électronique, etc.).

Les investissements étrangers compensent une partie du déficit commercial et contribuent à l’équilibre de la balance des paiements. Toutefois, les profits réalisés par les sociétés étrangères ne sont pas totalement réinvestis sur place, et la tendance au rapatriement des bénéfices préoccupe les autorités, qui souhaiteraient également une certaine diversification dans les pays fournisseurs de capitaux. En 1968, sur 320 millions de dollars australiens, 200 millions ont fait l’objet de rapatriement ; le régime des changes est en effet libéral. Le système fiscal est très simple : il n’existe pas de taxe sur le capital ; pour les dividendes, une taxe est retenue à la source.

Quant à l’impôt sur le revenu, il est proportionnel et progressif : il atteint les deux tiers des revenus des tranches les plus élevées (au-dessus de 176 000 francs). Il s’ensuit un certain nivellement de la société, les grosses fortunes étant assez rares et les gens misérables encore plus. Depuis plusieurs années, le nombre de chômeurs est resté à un niveau extrêmement bas, et l’Australie a parfaitement intégré les New Australians arrivés chaque année dans le pays.

L’Australie a joué le rôle de pionnier dans la législation du travail ; elle reste encore aujourd’hui un des pays les plus avancés du monde au point de vue social. La semaine de 40 heures en cinq jours est générale. Il existe trois semaines de congés annuels et dix jours de fêtes légales qui réduisent encore la durée effective du travail. En cas de maladie, le salarié a droit à une semaine payée par année de service dans l’entreprise. Au bout de quinze ans passés au service du même employeur, le salarié a un congé exceptionnel de trois semaines. Les femmes âgées de plus de 60 ans et les hommes âgés de plus de 65 ans qui résident sur le territoire australien depuis au moins dix ans perçoivent une retraite. Trois cent cinquante syndicats défendent les intérêts des travailleurs, mais se refusent à intervenir dans les problèmes politiques. Un salaire minimum garanti est fixé dans chaque ville et pour chaque profession. L’Australie est un pays à haut niveau de vie, plus élevé que celui de l’Europe occidentale. En 1967, le salaire moyen était de 1350 francs par mois. Le salaire féminin est au minimum de 75 p. 100 du salaire masculin (une part importante [40 p. 100] des femmes mariées sont salariées).

La sécurité sociale est bien organisée, et l’Australie est un des pays où les services médicaux sont le mieux assurés. On compte 15 000 médecins, soit une proportion de 1 pour 800 habitants, et les domaines isolés sont desservis par des médecins volants ; certains d’entre eux ont leur clientèle répartie sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés. En plus des cliniques privées, il existe 750 hôpitaux publics. Il n’y a pratiquement pas d’illettrés ; dans les régions les plus difficiles d’accès, l’enseignement est assuré par radio. Toutes les grandes villes ont des universités très actives. On compte plus de 3 millions de postes téléphoniques, soit pratiquement un téléphone pour quatre habitants.

La civilisation australienne apparaît en fin de compte plus proche de celle des États-Unis que de celle de l’Europe occidentale. La plupart des Australiens, qui sont pourtant des citadins, vivent dans des maisons individuelles entourées de jardins. Les banlieues des villes australiennes, comme celles de nombreuses villes américaines, s’étalent ainsi démesurément, mais presque toutes les familles possèdent au moins une voiture. Pour éviter de trop longs déplacements, les quartiers de résidence sont dotés de « supermarchés ». Les maisons sont le plus souvent de plain-pied, sans étage, construites en briques, en bois, en Fibrociment, mais rarement en matériaux très durables comme la pierre. Les styles sont très variés, et on ne trouve pas l’uniformité déprimante des petites maisons de la banlieue de Londres. Un grand confort intérieur, de beaux jardins en font des demeures agréables. Les trois quarts des Australiens sont propriétaires de leur maison.