Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tabac

Plante de la famille des Solanacées, dont les feuilles, diversement préparées, se fument, se prisent ou se mâchent.



Introduction

Le tabac a vu son usage s’étendre en Europe depuis la colonisation des Amériques au xvie s., où il était d’un usage courant chez les Indiens. Il est l’objet d’une culture d’ampleur mondiale, depuis les latitudes élevées (sud de la Suède) jusqu’aux tropiques.

Dans le monde, les plus gros producteurs sont bien répartis entre les continents. Les rendements nationaux moyens varient de 600 à 2 500 kg/ha, les meilleurs étant obtenus dans les régions tropicales. La France n’est pas un producteur important (0,6 p. 100 du monde) et doit importer une part importante de sa consommation. La culture du tabac s’y est développée lentement, mais surtout après la Révolution. On la trouve essentiellement dans le Sud-Ouest, en Alsace et dans la vallée du Rhône. Le maximum a été atteint dans les années 1950 ; il y a une réduction actuelle, liée à la fois à des causes naturelles (maladie du mildiou) et à des causes structurelles. C’est que le tabac est exigeant en main-d’œuvre, tant pour sa culture que pour le traitement des feuilles à la ferme ; longtemps très contrôlé par l’État, il fournit un fort produit monétaire à l’hectare (7 fois la betterave, 12 fois le blé). Aussi la culture du tabac a-t-elle été très recherchée des petites exploitations familiales.

Cependant, l’augmentation régulière des surfaces des exploitations et l’intensification des productions animales entraînent une certaine désaffection pour le tabac dans les petites exploitations. Aussi un certain nombre de changements sont-ils en cours : mécanisation des travaux, simplification des contrôles. Cela doit entraîner des modifications régionales, le tabac commençant à apparaître dans des grandes exploitations.


Botanique

Le tabac appartient au genre Nicotiana, de la famille des Solanacées (v. Solanales). Le botaniste Godspeed subdivise ce genre en trois sous-genres, tant sur des critères cytogénétiques (types de chromosomes) que sur des critères morphologiques. Le sous-genre Rustica comprend plusieurs espèces cultivées pour la production de tabac, en particulier pour celui que l’on appelle « makhorka » et qui est très répandu dans l’Est européen. Sa richesse en nicotine le rend intéressant en pharmacologie. Le sous-genre Petunioïdes, riche en espèces, n’a pas d’intérêt industriel, mais une espèce est néanmoins utilisée dans le « narguilé » oriental. Le sous-genre Tabacum comprend surtout l’espèce Nicotiana tabacum, le tabac cultivé.

Il existe quatre grands types, distincts par la morphologie des feuilles, la taille et la teneur en nicotine :
— Havanensis (Amérique, Orient) ;
— Brasiliensis (Brésil) avec de nombreuses variétés françaises ;
— Virginica (sud-est des États-Unis [Virginie, Kentucky]) ;
— Purpurea (Extrême-Orient).


Production

Les qualités recherchées dépendent du type d’utilisation. Pour le cigare, la cape doit surtout avoir des qualités physiques (couleur, souplesse, finesse, résistance, élasticité) et l’intérieur doit être bien combustible et aromatique. Pour le scaferlati, on utilise en général des mélanges de tabacs ; on recherche une qualité constante avec des tabacs de base, qui donnent les qualités aromatiques, et des tabacs de remplissage, plus neutres, mais de bonne combustibilité. Pour les cigarettes américaines, on ajoute des « sauces » destinées à leur conférer un arôme particulier.

Signalons qu’il y a d’autres utilisations du tabac, en particulier pour la production de nicotine (pharmacie, usage insecticide) ; on choisit alors plutôt des variétés du sous-genre Rustica, où il y a un « regain » possible (repousse de feuilles).


Variétés

On distingue de nombreuses variétés, selon leur usage dominant :
— variétés pour cigare, plus ou moins spécialisées pour capes, sous-capes et intérieur ;
— variétés pour scaferlati et cigarette (tabacs d’Orient [c’est-à-dire de l’Est européen et de l’Asie Mineure] et tabacs des États-Unis [Virginie, Burley, Maryland, Kentucky]) ;
— variétés à mâcher et à priser.

En France, outre de nombreuses variétés étrangères, on cultive le Paraguay et le Dragon vert pour les tabacs noirs « scaferlati », et le Nigkerk (en très forte réduction) pour les tabacs à priser et à mâcher. L’Institut du tabac cherche à adapter des tabacs exotiques (Virginie dans les Landes, Burley dans le Lot, tabac pour cigares en Isère).


Écologie

La production principale étant la feuille, le cycle végétatif est court, ce qui permet d’étendre l’aire de culture. Le zéro de végétation est d’environ 12 °C, mais la croissance n’est vraiment active qu’à partir de 15 °C, avec un optimum à 27 °C. Les gelées ne sont pas très graves (dégâts si la température est prolongée de – 3 à – 5 °C) et sont rares vu les dates de semis ; des températures excessives sont nuisibles à la qualité (plus de 35 °C). La durée d’éclairement est également importante : la teneur en nicotine double quand l’éclairement passe de 500 à 800 heures dans le Sud-Ouest français. Les besoins en eau sont élevés (cela correspond au type d’organe formé), mais surtout la turgescence des feuilles doit être maintenue. C’est pourquoi on cultive sous toile (Cuba) pour obtenir une meilleure hygrométrie et une intensité lumineuse plus faible, qui entraîne un amincissement des feuilles ; de même, les feuilles moins éclairées ont des propriétés différentes sur le pied. Les sols jouent un rôle pour le rendement, mais aussi pour la qualité, comme pour toutes les productions où l’arôme ou le goût jouent un grand rôle. Les terres argileuses sont intéressantes pour la maîtrise de l’eau qu’elles permettent (bonne réserve), mais donnent des tabacs grossiers et forts ; les terres calcaires donnent une qualité aromatique meilleure, mais, à cause du calcium, les tabacs brûlent moins bien. Les sols les meilleurs sont de texture limono-argileuse ou sablo-argileuse.