Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sylviculture

Science qui a pour objet la culture et l’entretien des bois.


Le terme de foresterie a un sens sensiblement plus vaste : c’est l’étude de tout ce qui touche à la forêt. La sylviculture s’attache à préserver et à améliorer la croissance des arbres à tous les âges, à leur permettre d’exercer au mieux leurs multiples fonctions protectrices ou productrices ; il s’agit en particulier souvent — mais non toujours — de produire le volume le plus élevé de bois de la meilleure qualité possible. Conserver en bon état, régénérer et faire produire, telle est la triple mission du sylviculteur.


Généralités

On distingue plusieurs régimes : 1o la futaie, dans laquelle les arbres proviennent généralement de semis et qui peut être régulière ou irrégulière (synonyme approximatif : jardinée) ; 2o le taillis, terme qui désigne aussi bien l’opération pratiquée que le peuplement traité, les arbres provenant de rejets ou drageons (le taillis peut être simple [aspect uniforme] ou fureté [perches de divers âges] ; le taillis sarté est — ou plutôt, en France, était — un taillis combiné avec une culture agricole) ; 3o le taillis sous futaie, dans lequel, entre les plages de taillis, sont réservés des sujets plus âgés (baliveaux, modernes, anciens, bisanciens) ; 4o le pré-bois, dans lequel arbres isolés ou bouquets de futaie alternent avec le pâturage.

Le sylviculteur veille à la production du bois, mais de quel bois ? La rectitude des fûts, leur cylindricité plus ou moins marquée, la présence ou l’absence de branches, le diamètre de celles-ci... sont autant de facteurs que l’on constate ou sur lesquels il peut agir ; en faisant pénétrer lumière, chaleur, pluie ou vent dans l’intérieur du peuplement suivant des rythmes dont, par la coupe, il est maître, le sylviculteur dispose de notables facteurs d’action, dans les limites, bien entendu, de certaines amplitudes imposées par la nature ; à lui de supputer ces dernières, à lui de les accroître ou de les réduire en jouant ainsi sur les sous-étages et sur les essences d’accompagnement.


Régénération (ou rajeunissement)

En dehors du cas du taillis, la régénération se fait souvent par voie naturelle : ensemencement par des porte-graines présents sur la parcelle ou (en général) peu éloignés. Elle peut se faire par coupe rase ou par coupes progressives. Elle se réalise aussi par voie artificielle : semis direct sur terre crochetée ou cultivée, ou, plus souvent, plantation de jeunes sujets sortis de pépinière forestière, soit après coupe blanche (totale ou par bandes), soit dans une coupe d’abri.

Les opérations par lesquelles se concrétise la sylviculture sont : 1o avant tout, la coupe des gros arbres, qui assure la production de la forêt (produits principaux) ; 2o la coupe des produits intermédiaires (éclaircies de sujets trop serrés, enlèvements à but sanitaire...) ; 3o les dépressages (qui desserrent des semis trop touffus) et les dégagements de semis (qui éliminent des concurrents gênants, sujets d’essences dites « secondaires »...).


Caractéristiques d’un peuplement

Ce sont la densité, la hauteur (la hauteur totale maximale caractérise assez bien une station, en particulier la fertilité globale de son sol) et l’état de santé.


Les essences

En France métropolitaine, il y a une cinquantaine d’espèces principales, complétées par une trentaine d’espèces plus petites. Mais, en un endroit déterminé, il n’y a guère le choix qu’entre trois ou quatre essences.

Chaque essence a son influence sur les autres. Si le Hêtre succède au Chêne, il risque de l’éliminer définitivement (à moins que le sylviculteur n’intervienne vigoureusement), car le jeune Hêtre supporte le couvert peu dense du Chêne, mais le jeune Chêne ne supporte pas celui du Hêtre. Pourtant, il y a des phénomènes d’alternance : Sapin-Épicéa, puis Épicéa-Sapin, à cause du changement d’humus. Certaines essences dégradent le sol, alors que d’autres l’améliorent. Les mélanges sont permanents ou temporaires, intimes ou par bandes, par petits groupes ou par grands groupes.

L’éclaircie est l’une des opérations les plus importantes de la sylviculture. Elle peut être, avant tout, sélective, donc éliminatrice et qualitative. Elle vise alors à répartir au mieux les sujets à conserver, à mettre en de meilleures conditions d’entourage les arbres d’avenir (les « prétendants ») : à fût droit, à section régulière et à faible décroissance, couronne régulière bien proportionnée, pousse terminale dominante, santé et vitalité (décelables par la couleur, la luisance...). Elle peut aussi être une éclaircie de mise en lumière, ayant pour objet principal un plus fort accroissement en diamètre ; elle est à entreprendre avant la fin de l’accroissement en hauteur ; souvent, elle succède à l’éclaircie sélective.


Caractéristiques

La sylviculture doit s’adapter aux buts recherchés. Si le but principal est la fonction de production, deux cas au moins sont à considérer. Si l’on recherche la quantité, il faut tout faire pour avoir l’accroissement annuel maximal. Si l’on recherche la qualité (menuiserie, déroulage...), suivant les particularités connues du bois, on hâtera ou on ralentira la croissance ; on recherchera souvent par un état serré à favoriser l’élagage naturel (ce qui diminuera le nombre et le diamètre des nœuds futurs du bois). Dans le cas où l’on veut maintenir en bon état les sols ou régulariser sources et ruissellements, ou s’il s’agit de forêt dégradée, il faudra éviter de dégarnir : une sylviculture écologique très conservatrice et un jardinage prudent s’imposent.

Le grand moyen d’action du sylviculteur, c’est la coupe. Il y a diverses sortes de coupes : en futaie régulière, on pratique la coupe d’ensemencement, la coupe de régénération et les coupes d’amélioration ; en futaie jardinée (peuplement irrégulier), la distinction est moins nette, et les coupes ont souvent un caractère mixte ; en taillis, la coupe enlève toutes ou presque toutes les tiges présentes, isolées ou en cépées.

Une des notions de base de la sylviculture est celle d’exploitabilité. Un arbre peut être réputé « exploitable » suivant des critères assez différents.