Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Suisse (suite)

Le Valais*

Il correspond, essentiellement, à la zone de drainage du Rhône, s’étirant sur 120 km, du Saint-Gothard vers l’ouest. Sur le plan morphologique, le Valais appartient en quasi-totalité aux massifs centraux (Alpes Pennines). Le Rhône, entre Loèche-la-Ville (Leuk) et Martigny, coule dans une gouttière au contact du massif cristallin et de sa couverture secondaire. Les glaciers actuels occupent 18 p. 100 de la surface du canton du Valais. Ce dernier est original sur le plan climatique. La vallée du Rhône, encadrée de montagnes culminant à 3 000-4 000 m, est un îlot de sécheresse ; du fait des vents ascendants, l’ensoleillement, est important, dépassant 2 120 heures par an à Sion. La faiblesse des précipitations (570 mm à Riddes) rend l’irrigation nécessaire : l’eau est apportée grâce à un système de canaux (les bisses). La vallée du Rhône est un milieu privilégié.

Canton montagnard, le Valais compte 50 p. 100 de surfaces non productives : les alpages s’étendant sur 26 p. 100 et la forêt sur 17 p. 100 du territoire, il ne reste donc qu’environ 7 p. 100 pour la surface agricole utile. Toutefois, le centre du Valais présente un aspect presque horticole : l’arboriculture y est pratiquée intensivement (pommes, abricots, pêches) ; s’y ajoutent des cultures légumières (tomates, asperges). Les coopératives agricoles prennent une grande part à cette activité. Mais c’est surtout la vigne qui marque une partie du Valais : importante à partir de Loèche-la-Ville, vers l’aval, elle s’étend sur plus de 3 000 ha et monte jusqu’à 920 m d’altitude (Venthône). La récolte représente le tiers du total suisse (9 p. 100 de vins blancs).

Le fond de la vallée a été aménagé afin de réduire les effets des crues et gagner des terres nouvelles.

Les vallées latérales ont gardé leur originalité : c’est le cas du val d’Anniviers. Une exploitation agricole peut avoir des terres situées entre 520 et 2 800 m d’altitude. Les migrations de travail sont ainsi très complexes.

L’industrie ne se marque guère dans les paysages. Pourtant, l’hydro-électricité a bouleversé l’économie. Il en va de même du tourisme, qui constitue pour certaines communes l’essentiel des revenus (Zermatt, Sion, Martigny, etc.). La haute vallée du Rhône est traversée par la frontière linguistique : le bois des Finges, « frontière plus inquiétante que le torrent de la Raspille », prétend un prospectus valaisan, marque la limite des deux aires linguistiques. Le tunnel du Simplon ouvre le Valais sur l’Italie.


Le Tessin*

C’est le seul canton suisse situé sur le versant sud des Alpes. Il forme un triangle dont la base, longue de 50 km, s’adosse au massif du Saint-Gothard. Sa pointe méridionale s’enfonce sur 90 km et approche la plaine du Pô. La partie nord du Tessin appartient au domaine des roches cristallines. À l’approche des grands lacs italiens, la couverture secondaire constitue l’essentiel des roches. La masse montagneuse forme une protection remarquable contre les influences climatiques du nord. Aussi le Tessin est-il une zone privilégiée. Les hivers sont relativement doux, les étés, chauds ; déjà s’annoncent les aspects méditerranéens (élevage du mouton, vigne). Mais les hautes vallées se dépeuplent. L’industrie est moins développée que dans les autres cantons suisses. L’hydro-électricité n’a touché que les hautes vallées. Chaque vallée constitue un milieu particulier. Les plus peuplées sont celles qui débouchent sur les lacs. Là, l’agriculture est intensive (dans la vallée de la Maggia : prés et labours, 68 p. 100 de la surface ; vignes, 2 p. 100 ; forêt, 8 p. 100 ; pâturages, 4 p. 100).

Le tourisme devient la première des activités économiques. Son essor explique l’accroissement démographique des petites villes : Locarno, Ascona, Ronco, Bellinzona (chef-lieu du canton du Tessin). La population du canton s’élevait à 118 000 habitants en 1850 ; elle est de 240 000 habitants en 1971.


Les Grisons*

La complexité physique est, ici, plus grande que dans le Valais et le Tessin. Les deux tiers de la surface sont drainés vers le Rhin ; le reste, essentiellement vers le Danube par l’intermédiaire de l’Inn. L’Engadine est séparée du reste des Grisons par une ligne de partage des eaux d’importance européenne. Sur le plan morphologique, les Grisons appartiennent aux massifs centraux alpins. Malgré leur morcellement, ils souffrent d’un certain isolement : c’est le cas en particulier des vallées méridionales (Mesocco, Bregaglia, Poschiavino et Münster). Dans le « canton des 150 vallées », les grandes vallées, encadrées par des massifs de plus de 2 000 m d’altitude, présentent des fonds plats. Les cols sont situés à plus de 2 000 m (Splügen, 2 113 m ; Flüela, 2 383 m ; Strela, 2 350 m ; Ofen, 2 149 m ; Saint-Gothard, 2 108 m).

Sur une superficie de 710 890 ha, les terres de labours n’occupent que 3 465 ha ; la forêt, 147 064 ha ; les prés, 46 551 ha ; la vigne, 212 ha. Les terrains improductifs (montagnes, glaciers, lacs, cours d’eau) couvrent plus de 400 000 ha. Ces chiffres expriment bien le caractère montagnard des Grisons. L’agriculture est de type alpin : les alpages constituent souvent « les meilleures terres ». Seulement 1 p. 100 des terres est situé à moins de 600 m d’altitude ; 10 p. 100, à moins de 1 200 m, mais 68 p. 100 au-dessus de 1 800 m. Aussi la plupart des fermes associent-elles l’exploitation des terres de vallées et les alpages. On compte 822 alpages dans le canton.

Sur le plan de l’habitat, l’originalité des Grisons vient des îlots d’habitations de Valaisans (Avers, Vals, Davos, Arosa). Les Valaisans se sont établis à partir du xiiie s., surtout dans les hautes vallées, au niveau des alpages. Habitant dans des fermes isolées, ils ignorent les assolements et les alpages communaux.

L’hydro-électricité et le tourisme ont bouleversé l’économie du pays. Le canton possède des stations touristiques, qui comptent parmi les plus importantes de Suisse : Saint-Moritz (7 500 lits), Arosa (3 900 lits), Valbella (4 035 lits), Flims (4 400 lits), Dorf (4 900 lits) ; l’ensemble de Davos (Landschaft Davos) totalise 18 300 lits.