Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Suède (suite)

On compte 225 agglomérations de plus de 2 000 habitants. Mais toutes n’ont pas droit au titre de villes. Le terme a une acception administrative et est attribué par une loi. La fonction commerciale des villes est attestée par le fait que les plus grandes, Stockholm, Göteborg, Malmö, sont des ports. Ces derniers sont encore nombreux parmi les villes de 30 000 à 100 000 habitants (Luleå, Umeå, Örnsköldsvik, Sundsvall, Gävle, Västervik, Kalmar, Karlskrona, Kristianstad, Trelleborg, etc.), particulièrement au Norrland, où la plupart des sites urbains sont des fonds d’estuaire. L’industrie, liée aux mines à l’origine, a fait naître la vie urbaine du Bergslag et a développé quelques grandes agglomérations dans l’intérieur de la Suède centrale (Norrköping, Jönköping, Örebro). Dans le Norrland, Gällivare et Kiruna sont des cités industrielles liées aux mines de fer. La fonction intellectuelle s’est épanouie à Lund et à Uppsala.


L’économie


Développement, niveau de vie et politique économique

La Suède est un pays industriel où la pêche et l’agriculture ne jouent qu’un rôle secondaire malgré l’importance qu’elles peuvent représenter pour l’économie nationale : l’agriculture couvre 90 p. 100 des besoins alimentaires du pays. En un siècle (1870-1970), la proportion des personnes vivant de l’agriculture est tombée de 52 à 13 p. 100 et celle des personnes vivant de l’industrie et du commerce s’est élevée de 9,5 à 48 p. 100. Actuellement, la Suède est l’État d’Europe dont le revenu moyen par habitant est le plus élevé. Pourtant, à l’origine, c’était un pays pauvre aux richesses naturelles très limitées et, pendant longtemps, ce fut une nation exclusivement agricole. La poussée industrielle débuta au cours des années 1850-1860 grâce au développement de l’industrie du bois, d’abord des scieries, puis des usines de pâtes mécaniques et chimiques, et ensuite des papeteries et des cartonneries, toutes ces industries alimentant une exportation croissante. L’essor général de l’industrie se produisit dans les dernières années du xixe s., lorsque la Suède put tirer parti des gisements septentrionaux de minerai de fer de haute qualité, exploiter totalement ses immenses forêts et utiliser ses eaux courantes pour la production d’énergie électrique à bon marché. Manquant de charbon au départ, l’industrie lourde se développa lentement, mais les Suédois s’orientèrent rapidement vers une industrie de transformation de qualité (pâte à papier, aciers spéciaux, machines, matériels électroniques et de précision) travaillant pour l’exportation. Disposant d’un outillage ultra-moderne, servie par une main-d’œuvre peu nombreuse, mais hautement qualifiée, la Suède apparaît comme un pays de grande productivité, comparable aux États-Unis. Au cours des dernières décennies, elle a atteint un des niveaux de vie le plus élevé d’Europe.

Depuis 1946, le pouvoir d’achat n’a cessé de s’accroître de 2,5 à 3,5 p. 100 environ par an. Le taux de croissance du produit national brut pour la période 1950-1970 s’établit à 3,9 p. 100. La part des activités industrielles et artisanales dans le produit national brut en 1971 était de 39,3 p. 100 contre 56,2 p. 100 pour le secteur tertiaire et 4,4 p. 100 pour l’agriculture et la sylviculture.

L’économie est dite « socialiste » en ce sens que l’État contrôle l’essentiel des services publics (chemins de fer, énergie électrique) ainsi que certaines grandes branches de production (mines de fer, aciéries). Il accorde d’importantes subventions pour l’équipement du pays et la protection de l’environnement, et stimule les investissements industriels. Il étend progressivement son emprise sur l’économie dans les secteurs les plus variés : projet de nationalisation des pharmacies, financement d’une usine de pâte à papier en 1972, d’une centrale nucléaire près de Malmö, etc. Mais, dans le domaine de la production industrielle, les neuf dixièmes relèvent du secteur privé. L’État intervient aussi au niveau de la distribution des revenus (impôts qui écrêtent les revenus élevés), des salaires et de l’emploi. Comme dans toute la Scandinavie, les coopératives tiennent une place notable dans le commerce de gros et de détail. Elles développent un pouvoir compensateur propre à empêcher que les grandes entreprises ne profitent pleinement d’avantages de monopole.

Salaires élevés, prix relativement stables, haute productivité, niveau de vie élevé sont le résultat d’une politique de concertation où interviennent l’État, les coopératives, les syndicats et le patronat. Entre les différentes catégories sociales, la transition est insensible. Sur le plan économique, la disparité ville-campagne s’atténue progressivement. Le paysan suédois dispose à l’heure actuelle d’un confort inconnu dans la plupart des campagnes européennes. Par ailleurs, il n’existe pas en Suède de régions véritablement économiquement ou socialement arriérées.


L’agriculture

Par suite de la pauvreté du sol (les surfaces cultivées ne couvrent actuellement que 9 p. 100 de la superficie totale) et de la rigueur du climat, l’agriculture fut longtemps médiocre. Les seules régions productives étaient la Scanie et les plaines argileuses entourant les grands lacs. Les surfaces agraires étaient très réduites, et les rendements faibles. Pourtant, pendant longtemps, la Suède a été essentiellement une nation de paysans ; 90 p. 100 de la population s’adonnaient à l’agriculture au xvie s. et 69 p. 100 au milieu du xixe s., soit, à cette époque, 2 407 000 personnes. Le chiffre maximal a été atteint en 1880 avec 3 100 000 personnes (67 p. 100 de la population totale). Depuis la dernière guerre, la population rurale n’a cessé de décroître et semble s’être stabilisée vers 2 000 000 de personnes, soit moins du quart de la population en 1973. Il s’agit surtout de petits propriétaires. Les grands domaines (au-dessus de 50 ha) sont situés généralement dans les régions les plus fertiles, en Scanie notamment. Le reste des terres est divisé en petites propriétés, ce qui a freiné longtemps la modernisation. L’État doit encore venir en aide aux trop petits propriétaires et leur accorder des primes à l’occasion des livraisons de lait.

La superficie cultivée représente environ 3 200 000 ha. De grands travaux de drainage ont été accomplis : 27 p. 100 du territoire cultivé sont drainés artificiellement, en particulier dans le Sud et l’Est, sur les grandes propriétés, qui coïncident aussi avec les meilleurs terroirs. L’agriculture couvre 90 p. 100 des besoins alimentaires du pays.