Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sudètes (suite)

Parmi les Allemands des Sudètes expulsés en Allemagne fédérale se développe, entre autres mouvements irrédentistes, une association de réfugiés allemands des Sudètes (Sudetendeutsche Landsmannschaft), revendiquant le droit à la patrie (Heimatsrecht). Elle a été présidée par le socialiste Wenzel Jaksch (1896-1966), puis par le chrétien-démocrate Hans Christoph Seebohm (1903-1967). Mais son audience auprès des jeunes est faible, et l’accord signé le 11 décembre 1973 avec l’État tchécoslovaque sur la nullité des accords de Munich ne lui laisse plus comme rôle que l’évocation nostalgique du passé.

B. M.

➙ Tchécoslovaquie.

 W. Jaksch, Europas Weg nach Potsdam (Stuttgart, 1958). / J. Cesar et B. Černý, le Nazisme et le Troisième Reich (en tchèque, Prague, 1963). / R. Luža, The Transfer of the Sudeten Germans. A Study of Czech-German Relations, 1933-1962 (New York, 1964). / E. Frank, Karl Hermann Frank (Heusenstamm, 1971).

Suède

En suéd. Sverige, État de l’Europe du Nord.


Le cadre naturel


L’histoire géologique

Environ 80 p. 100 du territoire sont formés par un substratum de roches archéennes constitué principalement de gneiss et de granités, appartenant au bouclier fennoscandinave et que les géologues suédois appellent « Urberg », en distinguant plusieurs étapes dans sa formation, survenue entre 2 500 et 900 millions d’années. Les formations rocheuses les plus anciennes (entre 1 700 et 2 100 millions d’années) contiennent, avec des schistes et des calcaires, des roches métamorphiques : les « leptites », très riches en minerai de fer, à l’origine des mines du Bergslag et de Laponie. Les roches du système orogénique gothique (de 1 400 à 1 650 millions d’années) et celles du système dalslandique (de 900 à 1 100 millions d’années), composées surtout de gneiss, se sont mises en place dans le sud-ouest de la Suède.

La période algonkienne (de 800 à 500 millions d’années), qui succède à la formation de l’Urberg, semble surtout avoir été une période d’érosion intense. Des éruptions volcaniques eurent lieu, qui formèrent le large épanchement de porphyre de Dalécarlie. Des fossés tectoniques s’ouvrirent dans l’actuelle région du lac Vättern, comblé par des sédiments gréseux traversés de sills de dolérite. Au climat chaud et sec succéda un climat froid, marqué par des restes de moraines, des cailloux striés, des varves dans les formations schisteuses, témoignant d’une glaciation algonkienne. À la fin de l’époque algonkienne, l’Urberg et les formations rocheuses plus récentes étaient arasées par la pénéplaine précambrienne, dont l’allure s’est imposée depuis 600 millions d’années aux surfaces d’érosion qui l’ont reprise, expliquant ainsi la monotonie et la faiblesse actuelle du relief de la plus grande partie du territoire.

L’époque primaire est marquée, du Cambrien au Silurien, par une transgression marine qui, du sud vers le nord, recouvre progressivement la pénéplaine précambrienne avec une alternance d’avancées et de reculs. Les sédiments devinrent par la suite des grès, des calcaires (marbre de Visby) et des schistes. Ils ne subsistent actuellement qu’en Scanie, sur les côtes d’Öland, de Gotland, de la province de Kalmar, de Dalécarlie, d’Östergötland, de Västergötland et de Närke, ainsi que le long de la chaîne des Scandes, où ils sont chevauchés par le matériel algonkien des nappes de charriage venues de l’ouest lors du plissement calédonien. Des coulées de lave siluriennes ont conservé les calcaires au sud du lac Vänern et forment la grande mesa actuelle du Kinnekulle. Vers le sud-est, les sédiments du Paléozoïque inférieur se dressent actuellement en bourrelet de roche dure au-dessus de la surface de l’Urberg, donnant une ligne de glint en partie ennoyée par la Baltique et qui forme certaines parties des côtes occidentales d’Öland et de Gotland. Ce sont les calcaires ordoviciens (500 millions d’années) qui font la richesse agricole d’une partie de la Scanie, du Jämtland, de l’auréole du lac Siljan, des îles Öland et Gotland, où les marnes alimentent de grandes cimenteries.

C’est à l’époque de l’orogenèse calédonienne que s’est formé le massif des Scandes, long bourrelet montagneux qui limite la Suède vers l’ouest. Il est composé d’un matériel varié : schistes, quartzites avec roches métamorphiques et éruptives se disposant en nappes de charriage superposées. Les contrecoups des orogenèses hercyniennes et alpines n’ont guère modifié les traits structuraux fondamentaux acquis au lendemain des périodes algonkienne (pénéplaine de l’Urberg) et calédonienne (montagnes occidentales). Des mouvements tectoniques, avec jeu de horsts et grabens, ont donné un système de blocs basculés dans la Suède centrale, la région de Stockholm ainsi qu’en Scanie. Au Trias (Rhétien), des couches de houille atteignant parfois 1 m d’épaisseur, mais donnant un charbon de mauvaise qualité se sont formées en Scanie, où l’on trouve au sud des calcaires crétacés. Les sédiments tertiaires n’existent qu’en faible épaisseur, autour de Malmö.

Les glaciations quaternaires ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration du relief actuel de la Suède, et leurs effets se font encore sentir de nos jours. En Suède, on ne connaît que deux glaciations, que l’on appelle la grande glaciation (la plus ancienne) et la glaciation récente. Le centre de ces glaciations semble avoir été au voisinage du golfe de Botnie. Les masses de glace ont pu atteindre une épaisseur de 3 000 à 3 500 m en leurs points culminants. Lors de la grande glaciation, l’inlandsis s’est étendu jusqu’à l’Europe centrale, la mer du Nord et les îles Britanniques. La seconde, moins puissante, plus restreinte, a épargné à l’intérieur de la chaîne des Scandes de nombreux reliefs, qui constituent des nunataks comme le Kebnekaise.

Lors de la fonte des glaces, les moraines se déposèrent, et le matériel morainique couvre alors d’un manteau plus ou moins épais près de 95 p. 100 du territoire suédois. En Suède centrale, un système de moraines terminales et de dépôts deltaïques fluvioglaciaires rappellent, à petite échelle, la Salpausselkä de Finlande. La topographie de drumlin (basses collines morainiques de forme elliptique) est courante dans la Suède centrale. Des moraines radiales (longues bandes formées dans la direction d’écoulement des glaces) caractérisent les côtes du Norrland, particulièrement autour d’Umeå. Le matériel fluvio-glaciaire, spécialement sous la forme d’eskers (ou ôs) [chapelets de collines formant d’étroites chaussées], se rencontre au sud de la Scanie, où il isole des lacs, à l’ouest du lac Vänern et dans les régions élevées. La plus célèbre région d’eskers du monde est située au nord du lac Mälaren, où ils forment les terrains les plus élevés. La ville de Stockholm est bâtie sur l’un d’eux.

Dans le Sud, les dépôts morainiques provenant de la langue de glace installée sur la Baltique sont moins fournis en blocs et en sables que ceux qui viennent de l’intérieur, mais sont plus riches en argile et en chaux ; ils donnent de bonnes terres. Les moraines d’origine baltique représentent en Scanie 80 p. 100 des terres de labour et furent les premières colonisées.