Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

audition (suite)

Par contre, l’audition binaurale joue un grand rôle dans l’orientation auditive et l’exploration du champ acoustique. Cela paraît être expliqué par la disposition des voies auditives. En effet, les fibres qui proviennent de chaque oreille se dirigent en majorité vers le cortex du côté opposé, mais un certain nombre se dirigent du même côté, de sorte que certains centres reçoivent des influx des deux oreilles. Cette convergence d’influx provenant des deux oreilles permet l’intégration des informations sonores des deux côtés et, si les sons ne sont pas trop différents, la création d’une image sonore unique. Cette image peut présenter un certain relief. Ce mécanisme est à la base des procédés de reproductions stéréophoniques.

La possibilité de discerner la position de la source sonore découle des différences des sons qui parviennent à chacune des deux oreilles, selon l’orientation de la tête par rapport à la source. L’oreille la plus proche reçoit, en effet, une intensité plus grande que l’oreille la plus éloignée.

D’autre part, les sons parviennent à l’oreille la plus proche avant d’atteindre l’autre oreille. Si le stimulus est un son pur continu, celui-ci est alors en avance de phase de ce côté. On admet que, pour les basses fréquences, ce seraient les différences de temps (ou de phase) qui joueraient un rôle important, alors que, pour les fréquences élevées, ce seraient les différences d’intensité.

Ces deux facteurs permettent une détermination très précise de l’angle de la direction de la source avec le plan médian du corps. La capacité de discrimination peut atteindre 0,1°. Cette faculté a été utilisée dans des dispositifs de repérage des avions par le son.

Il faut noter, toutefois, qu’il est possible de localiser les sources sonores avec une seule oreille, probablement d’après les variations de l’intensité reçue en fonction de la position. La précision est beaucoup moins grande qu’avec les mécanismes binauraux.


Les anomalies et perturbations de l’audition

En dehors des lésions qui entraînent des surdités*, l’audition peut être perturbée dans différentes conditions.

Par exemple, la perception d’un son est diminuée en présence d’autres sons, en particulier des bruits. C’est le phénomène de masquage, très fréquent dans la vie courante.

Dans certaines conditions, c’est la qualité de la sensation qui est altérée, par exemple en hauteur ou en intensité. Cette anomalie constitue la paracousie.

Dans certains cas, la sensation, pour un même son, est différente pour les deux oreilles. C’est la diplacousie. L’oreille saine fournit une sensation correcte, mais celle de l’autre oreille est anormale. Fréquemment, c’est la hauteur qui est changée. La différence est souvent d’un demi-ton. Elle atteint parfois une octave.

Lorsque le son est très intense, des distorsions se produisent dans les vibrations cochléaires, celles-ci entraînant la production de sons subjectifs, qui n’existent pas dans le stimulus.

Dans d’autres cas, des sons subjectifs surviennent dans l’oreille, même en l’absence de stimulus sonore. On les appelle des acouphènes. Ce sont des bourdonnements, tintements, sifflements, etc. Ils témoignent en général de la présence d’une lésion de l’appareil auditif.

À la suite d’une exposition à un son assez intense, on observe d’abord une adaptation, qui se traduit par une diminution de la sensibilité de l’oreille.

Si le son est très intense et prolongé, il survient une fatigue auditive, qui persiste un certain temps après la cessation du stimulus. Elle peut d’ailleurs devenir irréversible et constituer un traumatisme acoustique.


L’audition dans la série animale

Chez les animaux les plus primitifs, on trouve des organes sensibles aux vibrations mécaniques, mais il est difficile d’affirmer qu’ils puissent permettre des sensations tonales comparables à celles des Vertébrés supérieurs.

Chez les Insectes, il existe une bonne sensibilité aux vibrations sonores et une certaine discrimination des fréquences. Les organes récepteurs sont de deux types : poils sensibles (sensilles) et organes tympaniques (ou organes chordotonaux). Les cils (sensilles) se trouvent très largement distribués sur la surface du corps (Chenilles, Criquets, Sauterelles). Ils paraissent jouer le rôle de récepteurs de vibrations plutôt que de véritables organes auditifs. Les organes chordotonaux existent chez certaines familles d’Orthoptères, Hémiptères, Lépidoptères, et sont situés soit sur le thorax ou l’abdomen, soit dans les pattes antérieures. Ils comportent deux tympans qui enferment une cavité remplie d’air, au milieu de laquelle se trouve une fibre nerveuse sensible.

Il semble que la gamme de fréquences à laquelle peuvent répondre les organes tympaniques est très étendue, et qu’elle se situe entre 500 et 50 000 Hz (Sauterelles, Papillons). Il existerait d’ailleurs une sensibilité accrue pour les fréquences qui constituent les signaux d’appel de ces Insectes*, chez qui les signaux sonores apparaissent d’ailleurs très importants dans la vie de relation. Un exemple curieux est donné par les Papillons, qui détectent les cris de haute fréquence des Chauves-Souris, et peuvent ainsi éviter d’être capturés.

Chez les Poissons, il existe un organe labyrinthique qui comporte une partie sensible aux variations d’équilibre (saccule et utricule) et une partie auditive, la lagena, qui représente une cochlée rudimentaire. De plus, les Poissons possèdent un organe sensible aux variations de pression aquatique, constitué par la ligne latérale. Celle-ci est formée d’un tube situé dans l’épiderme tout le long de la paroi latérale du corps et dans la cavité duquel se trouvent des organes récepteurs. Mais il est probable que ces structures servent à détecter les remous de l’eau plutôt que les vibrations sonores, et à permettre une sorte de sondage des obstacles. Chez les Poissons cartilagineux, la lagena ne semble pas avoir un rôle important, mais chez les Poissons osseux l’audition est plus développée et a pu être mise en évidence par des méthodes utilisant les réflexes conditionnés. Chez ces Poissons, les sons qui se propagent dans l’eau sont reçus par l’intermédiaire de la vessie natatoire, qui sert de récepteur et de résonateur. Chez certaines espèces, les vibrations de cette dernière sont ensuite transmises à l’oreille interne grâce à de petits osselets, les osselets de Weber. Le Poisson rouge (Carassius auratus) peut entendre des sons dans une gamme comprise entre 200 et 4 000 Hz. La lagena semble être indispensable pour l’audition.

Un certain nombre d’expériences prouvent d’ailleurs que de nombreux Poissons émettent des sons. Ceux-ci proviennent quelquefois de la bouche, mais, chez certains, c’est la vessie natatoire qui peut produire des vibrations grâce aux muscles qui l’entourent et qui se contractent rythmiquement. Il est probable que les sons émis interviennent dans la vie de relation de ces animaux.

Chez les Amphibiens, la lagena est plus développée que chez les Poissons. Chez les Anoures (Grenouilles), il existe un tympan et une oreille moyenne avec des osselets. Celle-ci permet la transmission des vibrations aériennes aux liquides de l’oreille interne. La sensibilité auditive chez la Grenouille se situe entre 50 et 10 000 Hz.