Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Stockholm (suite)

La ville actuelle est formée par cinq quartiers principaux : Staden, la vieille cité entre les ponts, au centre, avec ses vieilles rues étroites et ses monuments anciens (la Grande Église, le château royal, le Parlement), contournée par l’intense circulation qui traverse le Riddarfjärden ; au nord, installée sur les hauteurs de l’ôs, Norrmalm, ville moderne, ordonnée, centre des affaires, avec la gare ; au nord-est, Östermalm, quartier résidentiel luxueux aboutissant au port sur le Lilla Värtan, bordé au sud par l’île de Djurgården avec ses musées ; Kungsholmen, l’île du nord-ouest, où s’élèvent le palais de justice et l’hôtel de ville ; Södermalm, formant la rive sud du lac Mälaren et du Saltsjön, quartier à la fois résidentiel et industriel, qui a gardé près de « Slussen » des rues étroites et de vieilles maisons.

J. G.


L’art à Stockholm

Le Moyen Âge n’a pas laissé à Stockholm d’héritage considérable. L’intérieur gothique de l’église Saint-Nicolas et l’église franciscaine de Riddarholmen en sont les témoins les plus notoires. Il faut citer aussi l’activité des sculpteurs sur bois, influencés par le style de l’Allemagne du Nord, que représente le Saint Georges et le dragon (1489) de Bernt Notke (v. 1440-1509) à la Storkyrkan, la plus vieille paroisse de la ville.

En 1620, la ville frappait encore les observateurs par son aspect rural, le vert des toits couverts de gazon contrastant avec les hautes cheminées blanches. Mais l’impulsion donnée par Gustave Adolphe et plus encore par le régent A. G. Oxenstierna favorisa une activité architecturale sans précédent. Le style de la Renaissance nordique, très orné, est présent à l’église Saint-Jacob, commencée à la fin du xvie s., et à la « maison de Petersen ». Le milieu du xviie s. voit l’importance de Stockholm croître rapidement, et les demeures aristocratiques s’élever les unes après les autres. Le Riddarhuset (palais de la Noblesse), entrepris en 1641 par les Français Simon (1590-1642) et Jean (1620-1696) de La Vallée, terminé par le Néerlandais Justus Vingboons (v. 1620-1698), est d’un classicisme marqué par la Hollande. Dans le même esprit, les palais Wrangel, Rosenhane, Oxenstierna, l’ancien hôtel de ville et l’ancienne banque du royaume sont dus à Jean de La Vallée et au Suédois Nicodemus Tessin l’Ancien.

L’un après l’autre, de 1662 à 1700, Nicodemus Tessin l’Ancien (1615-1681) et son fils, Nicodemus le Jeune (1654-1728), dirigèrent les travaux du « Versailles suédois », le château de Drottningholm, dans l’île de Lovö. Les bâtiments à la française se dressent au milieu d’un parc orné de pavillons de style chinois, construits au xviiie s. par Carl Fredrik Adelcrantz (1716-1796), décorés sur des modèles de François Boucher et meublés d’objets spécialement importés par la Compagnie des Indes. C’est à Nicodemus Tessin le Jeune que revint l’entreprise du nouveau château royal (1697-1754), dont l’austère façade sur la mer emprunte beaucoup au baroque romain. Le bâtiment fait partie d’un vaste ensemble qui regroupe sur une terrasse la- place Gustave-Adolphe et le palais du prince héréditaire, plus tardif et qui comprenait autrefois l’Opéra de Gustave III, détruit au xixe s. C’est Trianon qui inspira à Gustave III l’idée du petit château de Haga, situé aux environs de la capitale. L’architecte Olof Tempelman (1745-1816) y collabora avec le décorateur français Louis Masreliez (1747-1810), qui propagea en Suède la mode du style Louis XVI.

Les œuvres du xixe s. cèdent, comme ailleurs, à un goût composite. Plus intéressantes sont les réalisations du xxe s. : le nouvel hôtel de ville, bâti entre 1911 et 1923 par Ragnar Östberg (1866-1945), un peu trop vénitien, mais de belles proportions ; la bibliothèque municipale (1928) de Gunnar Asplund (1885-1940) ; depuis la Seconde Guerre mondiale, la maison de la culture de Peter Celsing (1920-1974) et surtout les travaux d’urbanisme de Sven Markelius (1889-1972), maître d’œuvre de la ville satellite de Vällingby.

Les musées de Stockholm sont d’un grand intérêt. Outre les différents musées consacrés aux antiquités nationales, au folklore, à l’art ancien (grandes écoles européennes) et à l’art moderne, il faut citer des réalisations originales, comme le musée d’Extrême-Orient, qui présente dans un décor soigneusement étudié la collection royale récemment donnée à l’État, et aussi le musée Wasa, où sont exposés les objets trouvés au cours de fouilles sous-marines et provenant d’un vaisseau naufragé en 1628, aujourd’hui reconstitué.

E. P.

 Stockholm, la ville au bord des eaux (Stockholm, 1955).

stoïciens (les)

École philosophique grecque.


Stoa est un mot grec qui signifie « portique » : le fondateur du stoïcisme, Zénon, enseignait près du portique Poecile à Athènes. On appelle aussi parfois les stoïciens « philosophes du Portique ».

C’est vers 312 av. J.-C. que Zénon de Kition (v. 335 - v. 264 av. J.-C.) débarque à Athènes : platoniciens, aristotéliciens, cyniques* et mégariques se disputent l’enseignement philosophique. On l’appelle le « petit Phénicien » (Kition [auj. Lárnaka], située dans l’île de Chypre, appartient alors à des colons phéniciens), marquant par là peut-être le lien et la ressemblance de sa pensée avec la pensée orientale. Zénon est fils de marchand, et c’est presque par hasard, à la suite d’un naufrage, qu’il vient à la philosophie. Échoué à Athènes, il feuillette les Mémorables de Xénophon ; aussitôt passionné, il demande où l’on peut trouver des hommes aussi remarquables, et le libraire, montrant le philosophe cynique Cratès de Thèbes, qui passe par là, lui dit : « Tu n’as qu’à le suivre. » C’est donc par l’enseignement d’un cynique que commence le stoïcisme. La doctrine cynique, fondée par Antisthène, est avant tout un refus des conventions sociales : le sage vit selon la nature et en société avec lui-même. Pour dénoncer les attitudes qu’ils blâment chez leurs contemporains, les cyniques utilisent le scandale et le sarcasme : jugeant Zénon trop timide, Cratès donne à celui-ci un pot de purée à porter à travers le quartier du Céramique. Comme Zénon, confus, essaie de se cacher, il casse le pot d’un coup de bâton, et la purée coule le long des jambes de Zénon, qui s’enfuit, tout honteux. « Pourquoi t’enfuis-tu, petit Phénicien, je ne t’ai fait aucun mal ! », lui crie Cratès. Zénon, en tout cas, retiendra le sens de la répartie et de la réponse cinglante ainsi que l’idée, centrale dans le stoïcisme, que le sage est un homme qui vit conformément à la nature.