Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Stockhausen (Karlheinz) (suite)

À ses multiples activités pédagogiques sont venues se joindre depuis 1964 de non moins astreignantes activités d’interprète. À cette date, Stockhausen a, en effet, fondé un ensemble instrumental spécialisé dans l’exécution de ses propres œuvres de caractère mixte (live electronic, c’est-à-dire combinant l’exécution instrumentale et les moyens électro-acoustiques). La majeure partie de ses œuvres récentes fait appel à ces moyens mixtes.

Malgré ces tâches multiples, Stockhausen a su demeurer avant tout un créateur, l’un des plus considérables de la musique d’aujourd’hui. Au début de sa carrière, il fut l’un des jeunes chefs de file de la musique sérielle stricte post-webernienne, de pair avec Pierre Boulez, Luigi Nono, Luciano Berio et Bruno Maderna. Mais, dès 1956, avec son Klavierstück XI, il introduisit le tout premier l’élément aléatoire dans la pensée post-sérielle. Depuis lors, il s’est affirmé comme un créateur d’une souveraine liberté. Ses œuvres de grande envergure, de Gruppen et de Carré à Momente, à Stimmung ou à Hymnen, tout en assumant de manière toute personnelle l’héritage de la grande tradition romantique allemande, témoignent également d’une ouverture féconde vers la pensée musicale et philosophique de l’Orient. Pour Stockhausen, la musique est devenue un moyen tout-puissant de communion de l’homme avec l’univers. Si, du point de vue purement esthétique (de toute manière difficile à dissocier chez lui du point de vue éthico-philosophique), ses œuvres sont d’une réussite inégale, chacune d’entre elles marque néanmoins une étape nouvelle sur un itinéraire créateur. En 1956, le Chant des adolescents (Gesang der Jünglinge) fut le premier chef-d’œuvre véritable de la musique électro-acoustique pure ; en 1960, Kontakte fut le premier chef-d’œuvre « mixte » (sources instrumentales et électroniques). Gruppen, puis Carré réalisèrent à la même époque l’éclatement spatial appliqué à de grandes formations, et cette démarche avec Fresco (1969), Sternklang (1971) et Alphabet pour Liège (1972) aboutira à la sonorisation complète d’un lieu, donnant lieu à une multiplicité de musiques simultanées. Entre-temps, dès 1963 (Plus/Minus), Stockhausen avait invité les interprètes à participer à la création musicale, en leur fournissant des schémas, ou programmes verbaux, de caractère poético-philosophique (Aus den sieben Tagen). Dans ce dernier domaine de recherche ainsi que dans sa démarche vers l’Orient (Stimmung, 1968 ; Mantra, 1970), il s’est sans doute inspiré de l’exemple de John Cage. Il n’en demeure pas moins que son rayonnement et son influence sur la jeune musique d’aujourd’hui sont inestimables.

Les œuvres principales de Stockhausen

• orchestre : Spiel (1952) ; Punkte (1952-1962) ; Gruppen pour 3 orchestres (1958) ; Carré, pour 4 orchestres et chœurs (1960) ; Mixtur (avec générateurs sinusoïdaux et modulateurs à anneaux, 1964) ; Stop (1965) ; Troisième Région des Hymnen (avec musique électronique, 1969) ; Fresco, pour 4 groupes d’orchestre, musique de méditation (1969) ; Trans (1971) ; Inori (1974).

• ensembles de solistes : Kreuzspiel (1952) ; Kontra-Punkte (1953) ; Zeitmasse (1956) ; Refrain (1959) ; Momente, pour soprano, 4 chœurs et 13 instrumentistes (1962-1964) ; Mikrophonie I (1964) ; Mikrophonie II (1965) ; Adieu (1966) ; Prozession (1967) ; Stimmung, pour 6 chanteurs (1968) ; Kurzwellen (1969) ; Sternklang (1971) ; Alphabet pour Liège (1972) ; Ylem (1973) ; Musik im Bauch pour 6 percussions (1975).

• musique de chambre et instruments solistes : Schlagquartett (1952) ; Klavierstücke I-IV (1952-53) ; Klavierstücke V-X (1954-55-1962) ; Klavierstück XI (1956) ; Zyklus, pour 1 percussionniste (1959) ; Solo (1965-66) ; Spiral (1968) ; Pole für 2 (1969-70) ; Expo für 3 (1969-70) ; Mantra, pour 2 pianistes (1970) ; Dans le Ciel je me promène, 12 chants indiens à 2 voix (1972).

• musique électronique : Elektronische Studie I und II (1953-54) ; Gesang der Jünglinge im Feuerofen (1956) ; Kontakte (1960) ; Telemusik (1966) ; Hymnen (1967).

• musique intuitive (textes) : Plus/Minus (1963) ; Aus den sieben Tagen (1968) ; Für kommende Zeiten (1968-1970).

H. H.

➙ Aléatoire (musique) / Électronique [La musique électronique].

 K. Stockhausen, Texte zur elektronischen und instrumentalen Musik (Cologne, 1963-1971 ; 3 vol.). / K. H. Wörner, Karlheinz Stockhausen (Rodenkirchen am Rhein, 1963). / J. Cott, Stockhausen. Conversations with the Composer (New York, 1973).

Stockholm

Capit. de la Suède ; 750 000 hab. (agglomération d’environ 1 400 000 hab.).



La situation

C’est la ville la plus importante du royaume et la principale place commerciale et industrielle (usines sidérurgiques, ateliers de constructions mécaniques, fabriques d’appareils électriques [aspirateurs, réfrigérateurs, écrémeuses, téléphones, etc.], produits chimiques, raffinerie de pétrole, industries du coton, du cuir, du caoutchouc, alimentation, confection, etc.). L’agglomération groupe 18 p. 100 de la population active nationale, avec 15 p. 100 des emplois industriels, 27 p. 100 des fonctionnaires et 28 p. 100 des emplois commerciaux. Dans l’agglomération, 70 p. 100 de la population active relèvent du secteur tertiaire. Stockholm est le siège du gouvernement, des grandes administrations, d’un évêché catholique, des principales académies, d’un centre de recherches nucléaires et de grandes écoles. C’est aussi un carrefour, au débouché, sur la Baltique, de l’active région des basses terres centrales (Svealand), entre la Suède méridionale industrialisée et agricole et l’immense Norrland, peu peuplé, mais riche de ses forêts et de son minerai de fer. Routes et voies ferrées convergent vers Stockholm, lieu principal de passage entre le nord et le sud du pays. L’aéroport international de Bromma, au nord-ouest de la ville, et le port marchand (Lilla Värtan), le quatrième de Suède (6,5 Mt de trafic), assurent, entre autres, de nombreuses liaisons quotidiennes avec la Finlande.