Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

stérilisation

Action de rendre stérile.


En bactériologie, depuis les travaux de Pasteur, la stérilisation est la destruction totale des germes et un milieu stérile (ou aseptique) est celui où il n’existe aucun germe vivant.

Par contre, en physiologie, le terme de stérilisation s’applique à la suppression des possibilités de se reproduire, avec conservation de toutes les autres fonctions de l’être vivant.


La stérilisation bactériologique

La stérilisation peut être obtenue par la chaleur, humide ou sèche, ou par d’autres procédés physiques, tels que rayons ultraviolets, rayons gamma, ou encore par des procédés chimiques employant l’eau de Javel, l’alcool, les vapeurs de formol, l’iode, les ammoniums quaternaires, l’ozone, etc.

• En chirurgie. La stérilisation du matériel, des vêtements des chirurgiens, des compresses, des pansements est obtenue par la chaleur sèche (étuve dite « de Poupinel ») ou par la chaleur humide (autoclave). La stérilisation de la peau du champ opératoire est obtenue par des agents chimiques (teintures d’iode, tétradonium, etc.). La stérilisation de l’air des salles d’opérations, qui est nécessaire dans certains cas, est obtenue par air puisé, filtré et traité par ultraviolets ou par ozonisation (v. asepsie).

• Dans l’industrie alimentaire. La stérilisation est l’une des méthodes de conservation des aliments, mais ce n’est pas la seule. En effet, pour conserver les aliments pendant une longue durée, il faut les passer à l’autoclave dans des bocaux ou des boîtes hermétiques, ce qui assure une conservation très prolongée, mais qui altère le goût. Pour une conservation de durée limitée, la pasteurisation, la congélation, la surgélation, la cryodessiccation, etc., donnent une sécurité suffisante et gardent mieux la saveur des mets (v. aliment, conservation). La stérilisation de l’eau est également l’une des phases de la préparation des eaux en vue de les rendre potables (v eau).


La stérilisation humaine

C’est l’obtention d’une stérilité* volontairement recherchée par une intervention chirurgicale. Il ne faut pas confondre stérilisation et castration. La castration est l’ablation des gonades (ovaires ou testicules) ; elle entraîne automatiquement la stérilité, mais aussi divers troubles, parmi lesquels la diminution des désirs et des possibilités sexuelles est souvent la plus ressentie. La stérilisation peut être obtenue plus simplement par ligature ou, mieux, résection des conduits génitaux : chez l’homme, c’est la résection des canaux déférents (v. génital), encore appelée vasectomie ; chez la femme, c’est la ligature ou la résection des trompes. Ces méthodes ne modifient en rien la libido et les possibilités de rapports sexuels. En France, la stérilisation pour convenance personnelle est interdite ; elle est réservée aux cas où une impérieuse nécessité thérapeutique contre-indique toute grossesse (résection des trompes chez une femme pour qui une grossesse constituerait un risque mortel par exemple). Dans certains pays, elles est autorisée (États-Unis) ou même recommandée (Inde) pour des raisons démographiques. C’est alors la vasectomie qui est généralement choisie.

P. V.

 G. Sykes, Disinfection and Sterilization (Londres, 1958 ; 2e éd., 1965). / K. H. Wallhäusser et H. Schmidt, Sterilisation, Desinfektion, Konservierung, Chemotherapie. Verfahren, Wirkstoffe, Prüfungsmethoden (Stuttgart, 1967). / D. Dargent et M. Fayette, Stérilisation chirurgicale de la femme (SIMEP, Villeurbanne, 1971).

stérilité

Impossibilité pour des êtres vivants de se reproduire.


On dit qu’un couple est stérile quand, après deux ans de cohabitation régulière, la femme n’a pas été enceinte. Cette définition, admise par pratiquement tous les auteurs, est le critère exigé pour les statistiques. Il est évident qu’il convient d’entreprendre une enquête diagnostique avant ce délai. La fécondité du couple humain est moindre que celle des autres Mammifères, où la fécondation est obtenue après un ou deux rapports sexuels. Dans l’espèce humaine, la grossesse survient seulement chez 20 p. 100 des couples le premier mois, chez 50 à 60 p. 100 les six premiers mois, chez 80 à 90 p. 100 la première année, et ce chez des couples ayant des rapports réguliers, sans contraception. La stérilité frappe environ de 10 à 15 p. 100 des couples.


Stérilité masculine

Autrefois, la responsabilité masculine était à peine envisagée. Un homme ayant une puissance sexuelle normale était considéré comme fécond, et ce d’autant plus qu’il faisait preuve d’une grande virilité. Ce n’est que relativement récemment qu’ont été dissociées les notions de puissance sexuelle et de fécondité.


Moyen d’exploration

Le spermogramme est l’examen fondamental. Il doit mentionner le volume de l’éjaculat, le nombre de spermatozoïdes par millilitre, le pourcentage des spermatozoïdes à mobilité normale, réduite ou nulle, le pourcentage et les types des formes anormales, l’existence et le pourcentage des cellules autres que les spermatozoïdes. La technique du test postcoïtal consiste à étudier les spermatozoïdes dans la glaire du col utérin chez la femme de dix à dix-huit heures après un rapport. Les autres examens sont demandés en fonction de l’examen clinique et du spermogramme : dosages hormonaux, exploration des voies urinaires, exploration des voies spermatiques et biopsie testiculaire.


Causes et traitements

• Stérilité par oblitération des voies séminales. L’obstruction des voies séminales entraîne une absence totale de spermatozoïdes (azoospermie excrétoire). La biopsie du testicule montre, par contre, que la spermatogenèse est conservée. L’obstruction peut siéger en un point quelconque des voies séminales, mais le point le plus souvent atteint est l’épididyme (canal collecteur des spermatozoïdes situé contre le testicule).

Les causes en sont multiples, mais l’infection est la plus fréquente. Parmi les causes infectieuses, il faut citer : la gonococcie, longtemps la cause principale et qui, après une éclipse, redevient assez fréquente ; la tuberculose génitale, dont les lésions diffuses atteignent autant la région prostato-vésiculaire que le canal déférent et l’épididyme, et qui est presque toujours associée à une tuberculose rénale ; les germes banals (staphylocoques, colibacilles, entérocoques), qui entraînent des lésions orchi-épididymaires isolées et de meilleur pronostic. Les causes traumatiques (section ou réactions fibreuses du canal déférent) peuvent résulter d’une intervention inguino-scrotale (cure de hernie ou d’hydrocèle) ou encore être dues à un accident (de la route, du travail, etc.). Enfin, les malformations congénitales (agénésie du déférent ou de l’épididyme) et les dystrophies (kystes du déférent et de l’épididyme) peuvent aussi être en cause.

Le seul traitement est chirurgical, mais il n’est possible que si les lésions sont très localisées et non évolutives. Il consiste en une anastomose épididymo-déférentielle ou déférento-déférentielle, réalisant un véritable court-circuitage de l’obstruction.

• Stérilité d’origine sécrétoire. Les causes en sont représentées par les azoospermies sécrétoires et les oligo-asthénospermies (v. sperme), dont les circonstances étiologiques sont multiples.