Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

spirochétoses (suite)

Les fièvres récurrentes ou borrelioses

Ces maladies se manifestent par des accès fébriles de plusieurs jours, séparés par des rémissions de quelques jours. La fièvre récurrente à Pou est cosmopolite : elle survient dans les régions de misère, de famine et de mauvaise hygiène. Le parasite Borrelia recurrentis est transmis par l’écrasement du Pou sur la peau et non par sa piqûre. Huit jours après la contamination apparaissent une fièvre élevée (à 40 °C), un malaise intense avec prostration, des signes méningés et une grosse rate (splénomégalie). Au bout de six jours, la fièvre tombe, les signes disparaissent ; une accalmie de sept jours est observée, suivie d’un nouvel accès identique au premier. Il est rare que d’autres accès soient observés après le second.

La fièvre récurrente à Tiques est plus localisée géographiquement, se manifestant par petits foyers sporadiques (Espagne, États-Unis, Venezuela). Le germe est transmis par des Tiques du genre Ornithodorus, et les symptômes sont analogues à ceux de la fièvre récurrente à Pou, mais il y a souvent plus de deux accès.

Le diagnostic des borrelioses se fait par recherche du parasite dans le sang et par réactions sérologiques. Le traitement par antibiotiques (pénicilline ou tétracycline) est efficace, mais on observe parfois des complications oculaires, hépatiques ou rénales.

La prophylaxie consiste en la destruction des parasistes vecteurs (Poux, Tiques) par les insecticides.


Les leptospiroses

Les leptospiroses sont répandues dans le monde entier. Les animaux (Rats, Chiens et Porcs plus rarement) sont le réservoir de Virus, l’Homme s’infectant au contact de milieux souillés par les déjections de ces animaux. Il s’agit des maladies frappant essentiellement les cultivateurs, les vétérinaires, les égouttiers, au cours d’épidémies autumno-estivales.

Pénétrant dans l’organisme par voie transcutanée (à travers la peau par écorchures, excoriations), les germes passent dans le sang (phase septicémique), puis vont gagner certains viscères (foie, rein, muscle, système nerveux).

On distingue deux groupes de leptospiroses.

• La leptospirose ictéro-hémorragique (longtemps appelée spirochétose ictéro-hémorragique) réalise un ictère infectieux à rechutes. L’incubation est silencieuse (de 7 à 15 jours) ; le début, brutal, se fait par une poussée de fièvre à 40 °C avec frissons, puis la fièvre se maintient en plateau, accompagnée de douleurs musculaires, de saignements de nez, de rougeurs des conjonctives. Il existe un syndrome méningé et une atteinte rénale. L’ictère (jaunisse) apparaît le 5e jour et augmente en quelques jours ; il marque la deuxième période de la maladie. Durant celle-ci, la fièvre et les autres signes diminuent. Au 15e jour survient une rechute fébrile transitoire, mais les autres signes diminuent encore jusqu’à la convalescence. Des complications peuvent s’observer : myocardite, encéphalite, iritis, etc. Dans certains cas, s’observe un ictère grave avec phénomènes hémorragiques, coma, manifestations d’insuffisance rénale. Le diagnostic est parfois difficile avec une angiocholite (infection des voies biliaires) ou une septicémie*.

• Les leptospiroses anictériques (sans ictère) sont dues à d’autres germes. Les symptômes apparaissent après un début brutal et ont une importance variable : formes purement fébriles, purement méningées, purement digestives. Ces leptospiroses (canicola, grippo-typhosa) guérissent sans séquelles.

Le diagnostic biologique peut être fait par isolement (hémoculture, uroculture, inoculation au cobaye) ou par sérodiagnostic (après la phase septicémique).

Le traitement curatif est fondé sur la pénicilline, le repos et le traitement symptomatique.

Le traitement préventif de ces maladies professionnelles à déclaration obligatoire repose sur la protection des téguments (bottes, gants) et la destruction des Rongeurs.

P. V.

Split

V. et port de Yougoslavie (Croatie), sur l’Adriatique ; 109 000 hab.


À l’emplacement de l’actuel Split, non loin de la cité antique de Salone (Salona, auj. Solin) et sur son territoire, se trouvait au début de notre ère un petit village d’Illyriens et de colons grecs nommé Aspalathos ou Spalatum. Vers 300, l’empereur Dioclétien* y fit construire son palais. C’est du vaste périmètre quadrangulaire de ce palais, où s’installèrent les habitants de Salone, fuyant les incursions barbares, qu’est née la ville de Split.


Salone

Salone fut jusqu’à la fin du iie s. av. J.-C. une place forte et le port maritime des Dalmates illyriens. Dans les sources romaines, elle apparaît pour la première fois en 119 av. J.-C., à l’occasion du passage de l’armée romaine du consul Quintus Caecilius Metellus. Après les guerres civiles, elle accéda au statut de colonie et devint le chef-lieu de la province de l’Illyricum, pays se situant entre l’Adriatique, la Drina, le Danube et la Drave et qui sera plus tard le Royaume croate. Sa prospérité se poursuivit tout au long de l’époque impériale. Au ier s. furent construits le nouveau forum et le théâtre, et, au iie s., on édifia l’arène, dont les fondements sont conservés. C’est là que furent suppliciés, sous Diolétien, les martyrs chrétiens. L’empereur fit construire plusieurs thermes tapissés de mosaïques polychromes, dont la plus connue, toujours en place, représente la poétesse Sappho entourée de Muses. Hors les murs, il y avait plusieurs nécropoles, d’où proviennent une grande quantité de stèles, de cippes, de sarcophages au décor sculpté que conserve le Musée archéologique de Split.

L’époque chrétienne fut particulièrement prospère ; au début du ve s., Salone fut élevée à la dignité de métropole ecclésiastique de l’Illyricum, et, après la chute de l’Empire, l’Église y fut le seul pouvoir constitué. La ville est ainsi l’un des plus importants sites archéologiques paléochrétiens. Du ive au vie s. y furent construites une dizaine de basiliques urbaines, connues par des fouilles. Le plus riche ensemble architectural était le centre épiscopal : deux grandes basiliques parallèles, un baptistère, plusieurs oratoires, l’évêché, le tout décoré de mosaïques. Hors les murs, plusieurs basiliques cimétériales s’élevèrent dans les nécropoles chrétiennes où étaient inhumés les saints martyrs.