Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Souabe (suite)

En 1079, Henri IV remet le duché à son gendre Frédéric Ier de Hohenstaufen, qui fonde une dynastie durable et permet à la Souabe de jouer un rôle national. Mais une partie de l’ancien duché passe aux comtes de Zähringen, installés dans le Brisgau et en Suisse alémanique. Pourtant, bien que le duché soit ramené des limites ethniques à un ensemble territorial plus réduit, et malgré des débuts difficiles, la dynastie progresse ; avec Frédéric Ier Barberousse, elle accède à la dignité impériale (1152), qu’elle conservera près d’un siècle. Frédéric Barberousse associe l’Alsace, où les Staufen possèdent de nombreux biens, à la Souabe, désormais liée étroitement au destin de l’Empire. Il agrandit le patrimoine familial par d’importants biens ecclésiastiques, construit de nombreux châteaux forts et fonde de multiples villes, qui sont à l’origine de la remarquable densité urbaine de l’Allemagne du Sud-Ouest, foyer culturel très actif et centre de la conscience nationale allemande. C’est ici que sont nées les puissantes dynasties des Habsbourg, des Hohenzollern et des Zähringen. À la mort de Barberousse (1190) lui succèdent ses trois fils Frédéric, Conrad et Philippe de Souabe (de 1196 à 1208).

Si l’empereur Frédéric II a résidé en Italie, ses fils Henri VII et Conrad IV ont administré la Souabe. Mais la mort de Conradin (1268) entraîne la disparition de cette dynastie, vomie par la papauté depuis la lutte inexpiable des papes contre Frédéric II ; le long interrègne (1250-1273) qui succède à la mort de Frédéric II marque les débuts de la désintégration politique de la Souabe. Les droits féodaux, les terres et les revenus subsistants sont administrés par les avoués de Haute- et de Basse-Souabe, mais tous les princes importants se font accorder l’immédiateté, à commencer par le comte de Wurtemberg, véritable héritier des ducs de Souabe, d’où l’échec des tentatives habsbourgeoises, soutenues par les villes, de reconstituer un espace politique souabe. L’anarchie s’installe et, pour se protéger des seigneurs qui les pillent, les villes se coalisent (première ligue souabe, 1331).

Une autre ligue, animée par Ulm, est constituée en 1376, alors que les Habsbourg, ayant abandonné les villes fidèles au parti impérial, soutiennent une ligue de petits seigneurs souabes, les Schlegeler ; d’où une anarchie constante, provoquant l’interdiction des ligues (1389). Les Habsbourg, malgré leur transfert à Vienne, continuent d’intervenir activement dans leurs terres ancestrales, composées de morceaux épars situés surtout au nord du lac de Constance, foyer d’une intense politique dynastique.

La Souabe autrichienne constitue, avec le Sundgau et le Brisgau, le noyau de la politique territoriale de l’espace sud-occidental de l’Empire.

Émergent encore le comté de Wurtemberg transformé en duché (1495) et des territoires plus limités et morcelés tels que le margraviat de Bade et les évêchés de Constance et d’Augsbourg. Le reste est composé de dizaines de villes libres, possédant parfois un important territoire rural, et de seigneuries diverses, souvent minuscules et parfois ecclésiastiques, qui ont réussi à obtenir le statut juridique de l’immédiateté. La Chambre impériale de Rottweil a conservé une fraction de l’ancienne importance impériale. De même, la chevalerie, très dense ici comme en Franconie, garde un relent de cette splendeur passée, comme l’atteste la puissance de ses ligues au xve s. Toutes ces forces morcelées se concentrent pour un chant du cygne à l’appel de l’empereur Frédéric III, qui réunit en 1488 les états généraux de Souabe, lesquels aboutissent à la Grande Ligue souabe.

Dirigée par un Conseil fédéral et disposant d’une armée de 12 000 fantassins et 1 200 cavaliers, la Grande Ligue assure la réconciliation générale tout en garantissant la prépondérance de l’Autriche en Allemagne du Sud. La Ligue se révèle un puissant instrument militaire par sa victoire sur le duc Ulrich de Wurtemberg (1519) — qui permet à l’Autriche d’espérer pendant quatorze ans intégrer le duché dans les possessions habsbourgeoises —, puis par l’écrasement de la révolte des paysans. Mais son engagement contre la Réforme entraîne sa dislocation (1533).

En 1512, la Souabe devient l’un des dix cercles de l’Empire, sous la direction du Wurtemberg, dont le prince sera dans sa politique d’extension territoriale souvent freiné par sa diète.

Le cercle — qui maintient ainsi le nom de Souabe jusqu’au début du xixe s., comme unique lien d’ensemble — demeure toutefois divisé en deux camps : les protestants, dont le chef est le duc de Wurtemberg, et les catholiques, alliés à l’Autriche. En 1815, la partie orientale est intégrée au royaume de Bavière, alors que le Wurtemberg absorbe l’ensemble des territoires souabes compris entre la Forêt-Noire et la nouvelle Bavière, de sorte qu’il correspond en fait à la grande majorité de l’ancien territoire souabe.

B. V.

soudage

Opération d’assemblage de deux ou de plusieurs pièces ayant une surface de contact commune, exécutée en fondant simultanément de chaque pièce la zone adjacente à cette surface.


L’opération s’applique essentiellement à l’assemblage de pièces en métaux et alliages, et quelquefois en matières plastiques.

Toutefois, dans le soudage par diffusion et par ultrasons, tout porte à croire qu’il n’y a pas de fusion proprement dite de la zone de jonction et que l’assemblage résulte d’une interpénétration à l’échelle atomique des structures cristallines des deux corps. Le soudage est dit autogène lorsqu’il est réalisé par fusion locale des zones à assembler de deux ou plusieurs pièces d’un même métal ou alliage, avec ou sans métal d’apport, ce métal ayant alors nécessairement la même composition que celle de ces pièces. Le soudage se fait par différents procédés faisant tous appel à une source de chaleur ou d’énergie.


Aspect métallurgique du soudage

Le métal ou l’alliage des pièces à souder, appelé métal de base, possède avant soudage une composition et une structure données. Sa composition est a priori homogène, puisqu’il s’agit de souder essentiellement des éléments mécaniques ; mais ce métal de base contient presque toujours certaines impuretés propres aux matériaux utilisés industriellement. Sa constitution est soit celle qu’indique le diagramme d’équilibre de ses constituants (état recuit), soit une autre hors d’équilibre (état trempé). Sa structure, et notamment la grosseur du grain, dépend de l’ensemble des traitements thermiques qu’il a précédemment subis, ce que l’on appelle son histoire thermique. Souvent, lors de l’opération de soudage, on grossit le volume en fusion par un appoint extérieur d’un métal ou d’un alliage, appelé improprement dans tous les cas métal d’apport. Celui-ci n’est d’ailleurs pas toujours identique au métal de base. Il se présente très souvent sous forme d’un fil, d’une baguette de soudure ou d’une électrode (dans le cas du soudage à l’arc électrique), quelquefois enrobée, c’est-à-dire protégée par une gaine constituée par un mélange de corps essentiellement minéraux. Le soudage se fait soit dans l’air, soit sous atmosphère neutre (argon, hélium, gaz carbonique, etc.) ou sous atmosphère réductrice (hydrogène), soit même sous flux solide ou sous vide ou encore dans l’eau pour le soudage à l’arc si la nécessité s’impose.