Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sonorisation (suite)

D’autre part, pour obtenir un même niveau sonore, une salle absorbante nécessite une puissance acoustique plus importante qu’une salle réfléchissante. Pour une salle de volume V et dont le temps de réverbération est t, la puissance acoustique P est donnée par la formule d’Aigner :

P étant exprimé en watts acoustiques, V en mètres cubes et t en secondes. La puissance trouvée est un peu faible et correspond à un niveau d’environ 65 dB. En cinéma sonore, on utilise souvent la formule suivante :

Elle donne un niveau d’environ 80 dB pour une salle moyenne. En définitive, il faut très peu de watts acoustiques pour sonoriser une salle, mais il faut une puissance modulée très importante pour les produire.


Puissance modulée

Le rendement des haut-parleurs est faible ; il est :
— pour un haut-parleur électrodynamique sur baffle, monté en colonne acoustique ou en enceinte fermée, compris entre 2 et 6 p. 100 ;
— pour un haut-parleur électrodynamique monté dans un pavillon de sonorisation en extérieurs, compris entre 4 à 8 p. 100 ;
— pour un haut-parleur à chambre de compression et à pavillon exponentiel utilisé en extérieurs, de 15 à 35 p. 100.

Il faut ensuite tenir compte du facteur de forme de la modulation transmise, qui s’écarte notablement d’une sinusoïde, et des pointes des partiels ; de plus, il y a lieu de prévoir une marge de sécurité pour ne pas utiliser l’amplificateur à sa puissance maximale. La puissance calculée d’après la puissance acoustique et le rendement des haut-parleurs utilisés doit être multipliée par trois pour trouver la puissance nominale de l’amplificateur.

Les colonnes acoustiques produisent un faisceau acoustique d’une ouverture de 60° et d’une portée égale à 20 fois leur hauteur. En intérieurs, la base des colonnes est placée à 1,60 m du sol pour un auditoire debout et à 1,40 m pour un auditoire assis. Elles sont inclinées de quelques degrés afin que le faisceau sonore atteigne le sol à la limite de portée.


Sonorisation en plein air

En plein air, dans un endroit découvert, par vent nul, seule la surface du terrain compte pour déterminer la puissance modulée nécessaire. On utilise soit des haut-parleurs électrodynamiques à pavillon, soit des colonnes acoustiques protégées de l’humidité, ou encore des haut-parleurs à chambre de compression. Si des immeubles élevés bordent le terrain, il faut prendre garde aux réverbérations des murs et orienter les haut-parleurs en conséquence. Si le vent est fort, il faut majorer la puissance délivrée aux haut-parleurs ou en augmenter le nombre. Généralement, ils sont placés sur des mâts de 4 à 6 m de hauteur ; on compte sur un angle d’ouverture de 60° et on dirige leur axe de façon que le faisceau sonore touche le sol à 25 m de leur support ; ces supports sont espacés de 35 m. On fournit 10 W à chaque haut-parleur à pavillon. Dans ces conditions, on obtient un niveau acoustique de 75 dB. En superposant deux colonnes acoustiques de 2 m, la base de la première étant à 2,50 m du sol, on obtient une portée de 30 à 50 m avec une puissance modulée de 30 W.

R. B.

➙ Acoustique architecturale / Amplificateur audiofréquence / Audition / Haut-parleur.

 P. Hémardinquer, la Pratique de la stéréophonie (Éd. T. P., 1960). / R. Besson, Sono et prise de son (Éd. Radio, 1975).

sophistes

École philosophique grecque.


Le nom de sophiste vient de sophia, qui signifie « sagesse » ; le suffixe en « -iste » indique l’aspect quelque peu méprisable et méprisé, par les Grecs de bonne naissance, de ce « marchand de sagesse ».

Le sophiste a pourtant joué un rôle important dans la vie de la cité d’Athènes au siècle de Socrate, et son apport idéologique est loin d’être négligeable.

Les dialogues de Platon* nous en tracent un inoubliable portrait. La plupart des dialogues portent d’ailleurs le nom d’un sophiste. Tout en les considérant comme ses principaux adversaires, Platon ne tient pas les sophistes pour négligeables, puisqu’il fait d’eux les principaux interlocuteurs du « philosophe » qui parle par la bouche de Socrate. Le Protagoras ou Sur les sophistes ; le Gorgias ; enfin un dialogue tardif dans la vie de Platon qui a nommément pour titre le Sophiste, autant de textes où Platon, avec ironie, s’attaque aux sophistes, à leurs méthodes et à leurs thèses.

Le début du Protagoras dresse, en quelques traits, ce qu’on pourrait appeler le décor des sophistes, le lieu où ils déploient leurs armes. À la requête d’Hippocrate, jeune homme de la noblesse athénienne, Socrate se rend de bon matin et même de trop bon matin chez le sophiste Protagoras. Le jeune homme désire solliciter l’honneur d’être l’élève du célèbre sophiste et, dans sa peur d’essuyer un refus, se fait accompagner de Socrate. Ce dernier le tranquillise. Contre de l’argent, il obtiendra tout ce qu’il veut de Protagoras.

On voit là une raison importante du mépris de la caste noble pour le sophiste. C’est un salarié qui gagne sa vie, ni plus ni moins que quelque banal commerçant. De fait, les historiens nous apprennent que les sophistes distribuaient leurs cours de rhétorique pour des sommes souvent astronomiques : l’équivalent de 143 à 200 francs, mais parfois cela pouvait monter jusqu’à 5 000 francs, selon la renommée du sophiste. Des conférences populaires, il est vrai, données dans les gymnases, étaient plus accessibles au public : on payait de une demi-drachme à 4 drachmes d’entrée.

Du même coup, et sans avoir l’air d’insister, Platon esquisse la grandeur du philosophe et son désintéressement : Socrate, le « va-nu-pieds » qui, au lieu d’attendre les clients comme Protagoras, dans l’intérieur confortable d’un riche mécène, marche dans les rues d’Athènes, parlant à tous, jeunes et vieux, riches et pauvres.

Chez le riche Callias, Socrate et son jeune ami vont trouver un beau chapelet de sophistes, ceux qu’on peut considérer comme les plus importants de l’époque.

Le plus célèbre et le plus important par l’âge, d’abord, Protagoras d’Abdère. Platon nous le montre déambulant dans la cour, traînant après lui ses disciples, venus de loin pour l’entendre, les chassant devant lui à chaque demi-tour.

Hippias d’Elis, lui, est juché sur un siège élevé, d’où il tranche à la ronde les questions que lui pose un auditoire déférent.

Prodicos de Céos, enfin, est enfoui sous les fourrures, dans le cellier de Callias transformé pour la circonstance en alcôve, dans une atmosphère quelque peu trouble et homosexuelle (chose, il est vrai, banale à l’époque).