Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Somme. 80 (suite)

Les moyens de communications offrent des qualités mêlées : à côté des grandes artères anciennes ou récentes, il reste des zones plus isolées. Le rail est la desserte encore essentielle avec la ligne Paris-Lille, d’où part à Longueau-Amiens la ligne vers Boulogne, Calais et la Grande-Bretagne ; mais les liaisons de Longueau vers Tergnier et Reims ou vers Rouen sont moins actives, et le reste est fait de lignes très locales et souvent remises en question. Le canal du Nord est une voie toute récente (1966) au trafic croissant, mais il est de gabarit limité et dessert seulement l’extrême est du département ; le débouché sur la Manche n’est assuré que par le plus que centenaire canal de la Somme (1835) et les modestes ports de Saint-Valery-sur-Somme et d’Abbeville. L’autoroute Paris-Lille-Bruxelles ne dessert également que l’est du département par les échangeurs d’Estrées-Déniécourt et de Roye (où une bretelle atteint Amiens à 40 km), mais les vieilles nationales Paris-Calais ou Paris-Dunkerque ne sont plus adaptées au trafic actuel, et les liaisons entre Amiens et le reste du département sont souvent difficiles, notamment l’hiver. L’équipement aéronautique hésite entre Amiens (Glisy) et Péronne (Mons-en-Chaussée).

Le secteur tertiaire doit son importance (39 p. 100 des actifs) essentiellement au renforcement progressif du rôle de capitale régionale d’Amiens comme centre de services (administration, enseignement) et de commerce (plus des deux cinquièmes de tout le commerce départemental), avec notamment deux sièges de maisons à succursales multiples (Coopérateurs de Picardie, Ruche picarde) et deux hypermarchés, mais le rayon d’attraction d’Amiens ne dépasse guère 30 à 40 km, et les autres centres (Abbeville, Péronne) ont une attraction encore plus locale. Enfin, le tourisme se renouvelle. Né des plages de galets ou de sable de l’étroite façade littorale ou des « huttes » pour la chasse au canard sauvage dans la baie et les étangs de la Somme, il anime de résidences secondaires les vallées et les régions les plus proches du bassin houiller ou de l’agglomération parisienne.

Cette économie en cours d’évolution, où l’agriculture le cède à l’industrie et au tertiaire, s’accompagne d’une évolution démographique faite d’un long déclin dû à un exode (vers le Nord et surtout Paris) ayant fait passer ce département du premier rang en Picardie en 1861 au troisième actuellement, puis d’une légère reprise depuis 1962. De 1968 à 1975, le département a gagné plus de 5 p. 100 de population (presque la moyenne française ou picarde) grâce à un renversement du solde migratoire, devenu légèrement positif, et surtout à un excédent naturel encore favorable. La Somme compte ainsi encore peu de population étrangère (1,6 p. 100), mais encore nettement plus de jeunes que de vieux. Le problème de l’emploi continue donc de s’y poser, doublé d’un problème de qualification professionnelle qui gêne le développement recherché des secteurs secondaire et tertiaire.

J.-P. M.

➙ Amiens.

sommeil

État physiologique caractérisé par une suspension immédiatement réversible de la vigilance.



Généralités

La réversibilité immédiate individualise le sommeil par rapport au coma ou à l’hypnose, par exemple. Cette suspension de la vigilance correspond à la « perte de réactivité critique, c’est-à-dire de la capacité d’élaborer des réactions appropriées à un complexus donné de circonstances » (Piéron).

La durée du sommeil par 24 heures varie avec l’âge, allant de 18 heures, chez le nourrisson de 3 mois, à 6-9 heures chez l’adulte. Le sommeil, une heure après l’endormissement, a son maximum de profondeur ; celle-ci décroît ensuite régulièrement. L’endormissement ou l’éveil plus ou moins rapides peuvent être l’occasion de phénomènes dits « hypnagogiques », telle l’impression angoissante d’une impotence musculaire. Ils traduisent un certain manque de synchronisme entre la suspension de la conscience et les phénomènes qui en sont concomitants. En effet, le sommeil s’accompagne de phénomènes moteurs (relâchement du tonus musculaire, modifications des activités réflexes musculaires) et de phénomènes végétatifs (ralentissement du pouls, abaissement de la tension artérielle, des sécrétions gastriques, etc.).

Le sommeil est également l’occasion d’une activité « subconsciente » importante, le rêve*. On admet actuellement que même les sujets qui ne se souviennent pas de leurs rêves ont tout de même, pendant leur sommeil, une activité onirique.

La privation de sommeil est difficilement supportée sur le plan physique et sur le plan psychologique. Le sommeil est l’occasion d’un repos physiologique.


Neurophysiologie

L’activité électrique du cerveau (électro-encéphalogramme) se modifie pendant le sommeil, et l’on assiste au remplacement des ondes rythmiques habituelles par des ondes lentes sur lesquelles se marquent des accidents paroxystiques, les ondes en fuseau et les complexes K.

Le sommeil s’accompagne toujours d’un relâchement plus ou moins important du système de vigilance, intéressant toutes les modalités sensorielles. Vers 1958, des enregistrements polygraphiques de longue durée, réalisés chez l’homme et chez l’animal (M. Jouvet), ont permis de déceler la succession schématique de deux états différents au sein du sommeil comportemental.
1. Le sommeil avec ondes lentes cérébrales, ou sommeil à ondes lentes, se manifeste par l’apparition de fuseaux et d’ondes lentes corticales et sous-corticales dus à la synchronisation des éléments corticaux. Au cours de cette phase, le seuil d’éveil en réponse à des stimulations est augmenté.
2. Le sommeil avec activité corticale rapide (identique à celle de l’« éveil »), ou sommeil paradoxal, correspond à l’activité onirique chez l’homme. Cette phase de sommeil est marquée par deux phénomènes particuliers : d’une part, on observe la disparition totale du tonus musculaire antigravitaire, en particulier au niveau des muscles de la nuque ; d’autre part, les yeux sont animés de mouvements rapides.