Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Somalie (suite)

La faillite de celles-ci amènera le gouvernement de Rome à reprendre à son compte les projets de colonisation, et la Somalie italienne (Somalia), est créée en 1905. L’avance des Italiens vers l’intérieur est vite stoppée par Ménélik II, qui ruine leurs ambitions en les écrasant à Adoua (1896). En 1896-97, le souverain éthiopien mettra fin aux rivalités des Européens en les obligeant à signer avec lui une série d’accords frontaliers qui lui assureront notamment la possession de l’Ogaden et limiteront leurs colonies à d’étroites bandes côtières.

Entre 1899 et 1920, la colonisation européenne devait rencontrer de sérieuses difficultés à la suite des soulèvements politico-religieux fomentés comme en écho au mahdisme soudanais par Muḥammad ‘Abd Allāh Ḥassān, surnommé par les Britanniques le mad mullah (le « mullah fou »). De 1900 à 1913, malgré le soutien de l’armée de Ménélik, les forces britanniques furent partiellement tenues en échec. Il faudra en 1920 que les Britanniques engagent des moyens importants pour battre le mad mullah.

En 1925, la Somalie italienne s’accroît du Trans-Djouba et de Kismayou, cédés par les Britanniques en reconnaissance de la part prise par les Italiens à la guerre mondiale. En 1934-35, sous prétexte de désaccords sur les frontières définies par les traités de 1897 et de 1908, la Somalie italienne sert de base à l’agression des troupes fascistes contre l’Éthiopie. Celle-ci, vaincue, est réunie à l’Érythrée et à la Somalie pour former une grande « Africa Orientale Italiana ». Mais les Britanniques, que les Italiens avaient obligés à évacuer le Somaliland en 1940, au début de la Seconde Guerre mondiale, reviennent dès 1941 et, avec l’aide des Français libres et des résistants éthiopiens, libèrent ces territoires.

Malgré cela, ce seront finalement les Italiens qui seront chargés par les Nations unies de préparer l’accès de la Somalia à l’indépendance (1950-1960). Suivant des voies parallèles, le Somaliland accède à l’autonomie le 26 juin 1960 ; quelques jours plus tard, le 1er juillet, c’est le tour de la Somalia. Les deux pays fusionnent alors pour former la République somalie.

Au seuil de l’indépendance, le jeune État reçoit pour héritage une série de problèmes difficiles : manque de vitalité économique, insuffisance des moyens techniques et administratifs avec, de surcroît, un litige frontalier sans fin avec l’Éthiopie. En plus de cette affaire de délimitation, les responsables de la Somalie réclament depuis longtemps que leurs contribuables résidant en Somalie française, en Éthiopie et au Kenya soient unis à leurs frères de Mogadishu. À partir de 1960, de nombreux incidents de frontière feront des morts et des blessés.

En 1969, le président de la République, Abdirachid Ali Shermarke, est assassiné pour des motifs d’ordre tribal, semble-t-il. Quelques jours plus tard, un coup d’État militaire instaure un régime d’austérité. Le « Conseil de la Révolution », présidé par le général Muhammad Ziyad Barre (né en 1919), se fixe pour but de redresser le pays et de renforcer l’unité nationale. Proclamant la Somalie « république démocratique » et instaurant un régime de type socialiste, il s’efforce de lutter contre la corruption et de relever le potentiel économique du pays.

G. M.

 E. Cerulli, Somalia. Scritti vari editi ed inediti (Rome, 1957 ; 2 vol.). / S. Touval, Somali Nationalism (Cambridge, Mass., 1963) / I. M. Lewis, The Modern History of Somaliland (Londres, 1965).

somation

Mot créé en 1913 par Ludwig Plate (1862-1937) et désignant toute variation du corps (ou soma) d’un être vivant plus ou moins continue, non héréditaire et s’opposant à la variation discontinue, ou mutation, qui, elle, est héréditaire.


On distingue plusieurs catégories de somations : la fluctuation, les variations allotropiques, les accommodats et les aberrations.


Fluctuation

C’est un fait très général que tous les caractères spécifiques (morphologiques, physiologiques, psychologiques) présentent des variations ; s’ils sont envisagés dans une population d’individus de la même espèce, on dit qu’ils fluctuent. Les fluctuations sont donc des variations quantitatives des caractères (pour autant que ceux-ci puissent être mesurés) de telle sorte que, pour le plus grand nombre d’individus, chaque caractère a une valeur moyenne en deçà et au-delà de laquelle les valeurs de plus en plus extrêmes sont portées par un nombre d’individus de plus en plus petit, la fluctuation s’exprimant par une courbe en cloche, ou courbe de fréquence. La fluctuation a été étudiée par Adolphe Quételet (taille de l’espèce humaine) et surtout par Wilhelm Ludwig Johannsen (poids des grains de haricots d’une race donnée). Les petites variations individuelles enregistrées ne sont pas héréditaires, elles tiennent seulement au fait que, par exemple dans le cas des haricots, les différents grains ne se développent jamais dans des conditions identiques : éclairement, nombre de gousses, place des grains dans la gousse.


Variations allotropiques

Elles résultent de la possibilité que possèdent certains corps ou êtres vivants de pouvoir se présenter, en fonction des conditions de milieu selon certains états ou aspects correspondant à des propriétés différentes. Pour les êtres vivants, c’est le fait que, sous l’action du milieu, l’espèce varie en fonction de l’habitat (variations géographiques) ou du climat (variations saisonnières).


Variations saisonnières

Elles sont bien connues parmi les animaux. C’est ainsi que, en Scandinavie, la Belette (Mustela nivalis), brune en été, devient blanche pendant les hivers longs et rigoureux ; de même, l’Hermine (Mustela erminea) de l’Europe centrale et des Pyrénées, à dos roux et ventre blanc pendant l’été, devient entièrement blanche pendant l’hiver. Les Renards arctiques et les Lièvres arctiques présentent les mêmes variations saisonnières dans la couleur du pelage, mais, dans les régions les plus nordiques, ils sont blancs toute l’année. De tels changements saisonniers s’observent également parmi les Arthropodes, en particulier des Papillons, qui présentent un dimorphisme saisonnier : certaines Vanesses européennes, dont celles qui sont nées au printemps diffèrent par leur coloration de celles qui sont nées en été ; ou des espèces africaines qui, à la saison des pluies, sont de grande taille et vivement colorées, alors qu’à la saison sèche les insectes sont petits et pâles (dimorphisme modifiable expérimentalement par l’action de la température ou de l’humidité).