Somalie (suite)
La faillite de celles-ci amènera le gouvernement de Rome à reprendre à son compte les projets de colonisation, et la Somalie italienne (Somalia), est créée en 1905. L’avance des Italiens vers l’intérieur est vite stoppée par Ménélik II, qui ruine leurs ambitions en les écrasant à Adoua (1896). En 1896-97, le souverain éthiopien mettra fin aux rivalités des Européens en les obligeant à signer avec lui une série d’accords frontaliers qui lui assureront notamment la possession de l’Ogaden et limiteront leurs colonies à d’étroites bandes côtières.
Entre 1899 et 1920, la colonisation européenne devait rencontrer de sérieuses difficultés à la suite des soulèvements politico-religieux fomentés comme en écho au mahdisme soudanais par Muḥammad ‘Abd Allāh Ḥassān, surnommé par les Britanniques le mad mullah (le « mullah fou »). De 1900 à 1913, malgré le soutien de l’armée de Ménélik, les forces britanniques furent partiellement tenues en échec. Il faudra en 1920 que les Britanniques engagent des moyens importants pour battre le mad mullah.
En 1925, la Somalie italienne s’accroît du Trans-Djouba et de Kismayou, cédés par les Britanniques en reconnaissance de la part prise par les Italiens à la guerre mondiale. En 1934-35, sous prétexte de désaccords sur les frontières définies par les traités de 1897 et de 1908, la Somalie italienne sert de base à l’agression des troupes fascistes contre l’Éthiopie. Celle-ci, vaincue, est réunie à l’Érythrée et à la Somalie pour former une grande « Africa Orientale Italiana ». Mais les Britanniques, que les Italiens avaient obligés à évacuer le Somaliland en 1940, au début de la Seconde Guerre mondiale, reviennent dès 1941 et, avec l’aide des Français libres et des résistants éthiopiens, libèrent ces territoires.
Malgré cela, ce seront finalement les Italiens qui seront chargés par les Nations unies de préparer l’accès de la Somalia à l’indépendance (1950-1960). Suivant des voies parallèles, le Somaliland accède à l’autonomie le 26 juin 1960 ; quelques jours plus tard, le 1er juillet, c’est le tour de la Somalia. Les deux pays fusionnent alors pour former la République somalie.
Au seuil de l’indépendance, le jeune État reçoit pour héritage une série de problèmes difficiles : manque de vitalité économique, insuffisance des moyens techniques et administratifs avec, de surcroît, un litige frontalier sans fin avec l’Éthiopie. En plus de cette affaire de délimitation, les responsables de la Somalie réclament depuis longtemps que leurs contribuables résidant en Somalie française, en Éthiopie et au Kenya soient unis à leurs frères de Mogadishu. À partir de 1960, de nombreux incidents de frontière feront des morts et des blessés.
En 1969, le président de la République, Abdirachid Ali Shermarke, est assassiné pour des motifs d’ordre tribal, semble-t-il. Quelques jours plus tard, un coup d’État militaire instaure un régime d’austérité. Le « Conseil de la Révolution », présidé par le général Muhammad Ziyad Barre (né en 1919), se fixe pour but de redresser le pays et de renforcer l’unité nationale. Proclamant la Somalie « république démocratique » et instaurant un régime de type socialiste, il s’efforce de lutter contre la corruption et de relever le potentiel économique du pays.
G. M.
E. Cerulli, Somalia. Scritti vari editi ed inediti (Rome, 1957 ; 2 vol.). / S. Touval, Somali Nationalism (Cambridge, Mass., 1963) / I. M. Lewis, The Modern History of Somaliland (Londres, 1965).