Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sol (suite)

Les sols fersiallitiques se forment sous les climats à longue saison sèche et sont principalement développés dans les milieux méditerranéens. On les désignait autrefois du nom de sols rouges méditerranéens. Ces sols sont fréquents sur roche calcaire, mais s’observent aussi sur d’autres roches. Ils sont caractérisés par un complexe argileux à base d’illite et de montmorillonite, ce qui témoigne d’une altération ménagée. Les carbonates sont lessivés, mais le complexe absorbant reste saturé (pH 6-7,5). Le fer se fixe aux argiles et migre avec elles par lessivage. Sous un horizon A appauvri en argile, l’horizon Bt est donc enrichi en argile et en fer, et présente une structure polyédrique, parfois prismatique et une couleur rouge très vive, dans la mesure où le profil est soumis saisonnièrement à une profonde dessiccation. Il semble, cependant, que, si la rubéfaction peut être actuelle et résulter d’une dégradation des sols bruns méditerranéens après déboisement, la plupart des sols rouges des régions méditerranéennes soient hérités de périodes plus chaudes du Quaternaire. En profondeur, un horizon Ca est fréquent.

Les sols ferrugineux tropicaux caractérisent les milieux tropicaux à longue saison sèche et dont la végétation climax est la savane. Ils présentent bien des traits communs avec les sols fersiallitiques, mais sont généralement plus profonds et plus riches en oxydes de fer ; ils sont aussi relativement pauvres en argiles, qui sont principalement des kaolinites, ce qui atteste une altération beaucoup plus poussée, s’accompagnant d’un lessivage important de silice ; enfin, leur complexe absorbant est moins saturé. La liaison entre le fer et les argiles est faible ou nulle, et le fer libre tend à s’individualiser en fines concrétions ou en agrégats durcis très stables ; dans certaines conditions, il peut même y avoir induration généralisée de l’horizon B, qui constitue une cuirasse.

Les sols ferrallitiques se développent en milieu tropical forestier à pluviosité élevée (plus de 1 200 mm). Ils correspondent à une altération encore plus intense, qui s’accompagne d’une importante perte en silice. De ce fait, des oxydes d’alumine (gibbsite) s’individualisent à côté des oxydes de fer, et les argiles sont très pauvres en silice (kaolinite). La capacité d’échanges de ces sols est donc très faible, et le taux de saturation en bases très bas. D’autre part, chaleur et humidité favorisent une décomposition très rapide de la matière organique, ce qui acidifie les horizons superficiels, au point que la kaolinite elle-même est dégradée. À un horizon humifère A1 mince succède donc un horizon A2 limoneux beige très appauvri ; l’horizon B, argileux et compact, est enrichi en sesquioxydes et présente une coloration rouge brique à taches ocre ; au-dessous, une zone tachetée hydromorphe riche en kaolinite, à taches beiges, rouges et ocre, fait transition à la zone d’altération C.

Cependant, les profils montrent une plus ou moins grande abondance d’argile suivant les stations. Sur roche mère pauvre en silice ou en site bien drainé, la perte en silice est presque totale, de sorte que la synthèse d’argile est très faible : c’est la ferrallite vraie. Au contraire, sur roche mère acide ou dans les sites mal drainés, la silice tend à se recombiner à l’alumine pour former de la kaolinite : ce sont les sols ferrallitiques (stricto sensu). Enfin, dans les milieux qui connaissent une saison sèche, les hydroxydes peuvent s’indurer et donner naissance à des cuirasses ferrugineuses ou bauxitiques.


Les sols dont l’évolution est conditionnée par un facteur particulier

• Les sols hydromorphes sont des sols dont la genèse est dominée par la présence temporaire ou permanente d’une nappe d’eau qui engorge plus ou moins totalement le profil. Il en résulte l’absence d’oxygène, qui permet la réduction du fer et accroît sa mobilité, et une entrave à la vie biologique, ralentissant la décomposition de la matière organique. Les sols à pseudo-gley ne sont que temporairement engorgés ; un horizon g y présente un aspect bariolé (phénomène de marmorisation) du fait de la juxtaposition de taches ou de bandes grisâtres, pauvres en fer, et de taches de rouille, où le fer oxydé s’est concentré ; les oxydes de manganèse s’y individualisent en concrétions noires. Les sols à gley sont engorgés en permanence : l’horizon G ne contient que du fer ferreux, qui lui confère une teinte gris bleuté à verdâtre. Si l’engorgement est total, la matière organique reste à l’état de tourbe.

• Les sols sodiques ont leur genèse conditionnée par l’ion sodium. Ils se développent dans les régions sèches, notamment sur des roches très riches en sodium, ou encore au voisinage de la mer. Suivant le taux de saturation en sodium du complexe absorbant et le degré de lessivage, on distingue quatre types de sols sodiques. Les solontchaks, qui s’observent sous les climats à sécheresse accusée, résultent de l’apport de sel par une nappe phréatique ; mais le complexe absorbant reste principalement saturé en ions Ca, également abondants dans les eaux des nappes, ce qui assure un pH inférieur à 8,5 et une bonne structure ; des efflorescences salines blanches se forment souvent en surface. Les sols à alcali correspondent à une saturation plus grande en sodium ; lors des pluies, les argiles sodiques de surface se dispersent en donnant une structure particulaire compacte asphyxiante, tandis que le pH s’élève à plus de 8,5 ; en saison sèche, la matière organique remonte avec la soude et forme des efflorescences noires. Si, en plus, un certain lessivage entraîne en profondeur les colloïdes minéraux dispersés, il se forme un horizon B compact à structure prismatique, saturé en ions Na et à pH élevé (9) : c’est un solonetz. Enfin, si le lessivage est plus poussé sous climat plus humide, les horizons supérieurs sont désaturés et deviennent acides, tandis qu’en profondeur l’horizon B atteint des pH de l’ordre de 10 : c’est le soloth.