Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

soins (suite)

Soins médicaux

Ils vont du comprimé ou des gouttes qu’il faut administrer aux malades à heure fixe aux traitements plus délicats (nursing) des maladies viscérales graves ou à l’entretien des grabataires, des handicapés, etc. Si les premiers sont affaire de bonne surveillance et de respect des prescriptions, les derniers sont parfois compliqués par de grandes difficultés pratiques, par exemple lorsqu’il s’agit de soigner de grands cardiaques ou des urinaires, ou des malades mentaux. Il y faut plus, alors, que des gestes mécaniques, et le traitement psycho-affectif est très important. L’activité des soignants ne se limite pas à la conservation des fonctions les plus naturelles ; elle englobe petit à petit des actes très efficaces, mais dont le risque n’est pas négligeable, tels que ceux qui sont pratiqués quotidiennement dans les hôpitaux : perfusions, soins oculaires, sondages, pansements superficiels, soins dermatologiques, physiothérapie, ergothérapie, soins dentaires, etc.

Les soins aux malades inconscients, quelle que soit la cause de cet état, relèvent d’abord du réanimateur, mais la majorité d’entre eux, sinon les plus essentiels, ont pour objet l’hygiène générale, la satisfaction des besoins énergétiques et métaboliques du grand malade. Dans les cas de coma prolongé, les soins sont très complexes, puisqu’il s’agit de surveiller les fonctions vitales, notamment lorsque la respiration elle-même est tributaire d’un artifice mécanique plus ou moins permanent. Les préceptes généraux applicables à tous les grands invalides doivent être suivis avec persévérance : changements de position réguliers ; massages des parties du corps qui supportent le poids principal ; aspiration des mucosités si la toux et l’expectoration ne peuvent pas être stimulées ; alimentation adéquate en principes énergétiques et inoffensive pour la trachée, où des particules peuvent se fourvoyer ; surveillance des muqueuses les plus fragiles (yeux, bouche, orifices génito-urinaires) ; surveillance et ajustement de la température ambiante afin d’en éviter les excès dans un sens ou dans l’autre ; surveillance classique de la température corporelle ; etc.

Nomenclature officielle des soins infirmiers aux assurés sociaux

Sans être une liste définitive ni surtout un aperçu de la grande variété des soins quotidiennement dispensés aux personnes souffrantes de toute sorte, la rubrique « soins infirmiers » de la Nomenclature générale des actes professionnels des médecins, des chirurgiens-dentistes, des sages-femmes et des auxiliaires médicaux, élaborée par le ministère de la Santé publique et la Sécurité sociale, en France, et en vigueur au 1er janvier 1974, donne des indications utiles. Sont cotés les actes suivants :
injection vaginale ;
cathétérisme urétral ;
lavage vésical ;
injection intraveineuse, prélèvement de sang veineux ;
injection sous-cutanée, intramusculaire ou intradermique ;
lavage, tubage d’estomac ;
pansements, petits, moyens ou grands ;
pansement d’anus artificiel ;
alimentation par sonde ;
pulvérisations.


Soins chirurgicaux

La préparation aux opérations chirurgicales comporte un type de soins un peu particulier : ceux-ci sont dispensés souvent à des sujets en apparence bien portants. En dehors des divers prélèvements exigés par les contrôles de sécurité (concernant le fonctionnement des principaux appareils, les anomalies sanguines ou humorales possibles, etc.), il convient de préparer les téguments de la région opératoire, d’exercer le malade en vue d’une certaine récupération des activités musculaires ou articulaires, de lui expliquer clairement, mais sans dramatiser, les principales étapes de l’évolution de son état. Si la surveillance, à la période préopératoire, n’est qu’intermittente, les soins, pour peu que l’état du patient soit jugé silencieusement précaire, se multiplient afin de pourvoir celui-ci d’un dossier complet avant son transfert à la salle d’opération. En chirurgie majeure, tous les efforts tendent à augmenter les défenses de l’organisme contre l’agression instrumentale. En dehors de l’oxygénation, qui a priorité absolue, cela signifie, en général, que tout délai est mis à profit pour redresser les principaux défauts humoraux décelés : d’où les perfusions adaptées à chaque cas particulier, donc variables à l’infini. Ces perfusions apportent toujours un complément d’eau, mais celle-ci véhicule les diverses substances considérées comme nécessaires, sel, sucre, acides aminés, lipides, insuline, sang total ou non, et les médicaments appropriés, diurétiques, cardiotoniques ou cardiorégulateurs, tranquillisants, etc.

L’opéré récent est un type de malade inconscient, mais très transitoirement, car, aujourd’hui, il n’est que rarement « autorisé » à passer hors de la salle de réveil avant d’être bien réveillé. Pendant toute la durée de l’inconscience, autrement dit de l’anesthésie générale, il est veillé par le spécialiste, qui suit son évolution de très près et à tous les points de vue. Ce dernier est assisté d’infirmières qualifiées.

Dans la période suivante, les opérés reçoivent les soins chirurgicaux et éventuellement médicaux (hématologiques, anti-infectieux, diététiques) ordinaires ; dans certains services hautement spécialisés, tels que ceux où se pratiquent les transplantations d’organes ou les interventions complexes sur le cerveau, sur le cœur ou sur le poumon, les soins sont d’une infinie variété, allant du simple pansement des plaies opératoires aux administrations de produits biologiques ou chimiques à visée immunologique les plus élaborés.

Tout acte est ici longuement pesé. La surveillance est très stricte, sans la moindre faille. Tous les paramètres significatifs sont captés par des appareils enregistreurs ; les examens médicaux sont multipliés et contrôlés par recoupements ; les thérapeutiques accessoires sont mesurées et vérifiées minutieusement. Rien ne peut être laissé au hasard, ni à la bonne nature. Les locaux sont assez semblables à ceux dont nous verrons la justification au paragraphe des brûlures.