Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

atmosphère (suite)

Charles Fabry, physicien français (Marseille 1867 - Paris 1945), professeur à la faculté des sciences de Paris. Ses travaux se rapportent à l’optique et particulièrement à la spectroscopie. Créateur d’un interféromètre, il établit un système international de longueurs d’onde. En 1913, il découvrit l’ozone de la haute atmosphère. (Acad. des sc., 1927.)

Léon Teisserenc de Bort, météorologiste français (Paris 1855 - Cannes 1913). Directeur de l’observatoire de météorologie de Trappes, il développa les observations par ballons-sondes et, en 1899, il découvrit la stratosphère. (Acad. des sc., 1910.)

Le rôle de l’atmosphère dans le transport des êtres vivants

L’air contient, outre des spores et des grains de pollen, toute une faune diverse et variée, dont les représentants sont constamment recrutés à la surface de la terre. Ce recrutement se fait par les courants ascensionnels, par les vents, par les forts courants d’air qui apparaissent autour d’un centre d’orage et, dans certaines régions, par les tornades et les typhons.

Ce « plancton aérien » peut être transporté à des distances considérables et retomber sur la terre très loin du point d’origine : par exemple, la rouille de la tige du blé, dont les spores ont été ainsi transportés en Grande-Bretagne à partir de l’Afrique du Nord et de la Russie.

La matière biologique véhiculée par l’air peut être classée en trois catégories principales suivant la taille.

• Les grandes formes ayant une longueur de un décimètre à quelques millimètres. Elles ne sont généralement transportées par le vent que dans les régions où il y a des typhons et des ouragans, formant un tourbillon capable d’aspirer l’eau. Par ce moyen, des Poissons, des Invertébrés et des petites plantes isolées font un voyage occasionnel à travers les airs. Ces « pluies » de Poissons ont été très souvent signalées, et des hommes de science en ont été témoins (Inde, Amérique, France, Hollande, Grande-Bretagne).

• Les petites formes variant de quelques millimètres à un dixième de millimètre. Ces petits organismes ont des possibilités considérables de distribution grâce aux courants de convection et aux vents à des altitudes modérées.

Au Spitzberg, après un coup de vent du sud, les champs de neige et les glaciers du Nord-Est ont été parsemés d’Insectes variés (80 p. 100 encore vivants), principalement des Pucerons, dont, notamment, Dilachnus piceæ, parasite du Sapin ; or, la région la plus proche où pousse le Sapin est la presqu’île de Kola, à environ 1 400 km. Mais il est le plus souvent difficile aux animaux ainsi transportés de s’adapter à un nouvel environnement.

• Les formes de taille microscopique inférieure au dixième de millimètre. Des multitudes de micro-organismes sont constamment entraînés dans l’air.

Ils sont très résistants aux facteurs défavorables rencontrés dans l’espace. S’il est hermaphrodite ou parthénogénétique, un seul individu parvenu dans un milieu approprié peut donner naissance à une descendance. La résistance des micro-organismes à une basse température, à une basse pression et à la sécheresse est supérieure à celle des organismes de plus grande taille, mais ils sont plus sensibles aux radiations, spécialement au rayonnement ultraviolet, qui semble entraver leur propagation.

• Transport aérien à la surface du sol. Des organismes peuvent être traînés ou roulés par le vent lorsque la nature du sol s’y prête. La neige forme un support particulièrement favorable. Le nombre des « coureurs de neige » est grand parmi les plantes alpines et scandinaves.

Dans les régions sableuses (steppes et déserts, dunes des côtes marines), de nombreuses plantes sont roulées avec leurs fruits par le vent ; on les nomme coureurs de steppes, telles les espèces Salsola et Crambe. Parfois, ce ne sont que des fructifications ou des fruits accrochés les uns aux autres qui sont transportés. Certains Lichens du genre Lecanora sont ainsi dénommés Lichens migrateurs.

De nombreux Insectes sont entraînés régulièrement par les vents ascendants depuis les vallées jusque dans la zone alpine. Sur les sommets peu élevés et par temps chaud, ils peuvent soit continuer à se déplacer, soit former des rassemblements massifs. C’est le cas du Capricorne Oxynurius cursor, que l’on rencontre bien au-dessus des limites de la forêt. Si le vent les conduit à haute altitude par temps froid, ils entrent en catalepsie et tombent sur le sol, tels l’Hémiptère Gastrodes grossipes et les Pucerons du genre Mindarus, provenant de l’étage boisé ; ils sont alors la proie des Carnassiers alpins (Nebria et Parodiellus obliquus).

Dans le cas où les Insectes emportés par le vent tombent à la surface de l’eau, ils peuvent être transportés par celle-ci et déposés finalement sur une rive. Maints exemples de cette dissémination dite « anémo-hydrochorique » ont pu être observés au bord des lacs de haute montagne, sur les rives des lacs d’eau douce de basses régions (lac Érié ou lac de Neusiedl) ainsi que sur des rivages marins.

La dissémination par le vent ou l’eau ou les deux réunis représente un apport souvent très important de nourriture organique pour le monde animal autochtone, particulièrement en haute montagne ; d’autre part, la dissémination passive peut amener certaines espèces à coloniser de nouvelles régions.

R. H.

L’action de l’atmosphère sur les êtres vivants

C’est vraisemblablement à partir des gaz de l’atmosphère (méthane, gaz carbonique, vapeur d’eau) dont était entourée notre planète au cours des premiers âges que la matière organique complexe a dû apparaître avec la formation des premières macromolécules de protéines. C’est aussi probablement grâce à l’énergie transmise par l’atmosphère (radiations) qu’à partir de ces macroprotéines les virus ont pu se former. Ces derniers semblent bien être, dans l’état de nos connaissances, le stade initial de la vie, car ce sont eux qui ont le métabolisme et la physiologie les plus simples.