Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

socialisme (suite)

Élu le 5 mai 1966 chef du « contre-gouvernement » formé par la F. G. D. S., il amorce un rapprochement entre celle-ci, le parti communiste français et le parti socialiste unifié : ainsi est établie une plate-forme électorale en vue des élections législatives de mars 1967. Si celles-ci marquent un progrès des socialistes et des communistes, les événements de mai 1968 et les élections de juin démantèlent l’opposition de gauche.

Absent du congrès d’Alfortville (4 mai 1969) qui donne naissance au nouveau parti socialiste (P. S.), F. Mitterrand prend en 1970 la présidence de la Convention des institutions républicaines (C. I. R.), qui avait été à l’origine de la F. G. D. S. À l’issue du congrès socialiste d’Épinay (11 juin 1971), il apparaît comme le leader d’un parti socialiste plus orienté à gauche, qui exclut « toute stratégie de troisième force » et préconise la mise au point d’un programme de gouvernement qui serait à discuter avec les communistes. Élu le 16 juin 1971 premier secrétaire du P. S., il est réélu le 27 juin 1973 au lendemain des élections législatives, qui marquent un net progrès de la gauche (P. S. - P. C. F. - radicaux de gauche), unie autour d’un programme commun de gouvernement. Leader de cette gauche, F. Mitterrand se présente aux élections présidentielles de mai 1974 : le 19 mai, il échoue de justesse, avec 49,19 p. 100 des suffrages exprimés, devant Valéry Giscard d’Estaing.

P. P.

G. L.

➙ Blanc (L.) / Blanqui (A.) / Blum (L.) / Communisme / Fourier (C.) / Guesde (J.) / Internationales (les) / Jaurès (J.) / Marx (K.) / Marxisme / Ouvrière (question) / Proudhon (P. J.) / République (IIIe) / République (IVe) / République (Ve) / Saint-Simon (C. H. de) / Social-démocratie / Syndicalisme.

 P. Louis, Histoire du socialisme en France, 1789-1945 (Rivière, 1946) ; Cent Cinquante Ans de pensée socialiste (Rivière, 1947). / A. Zévaès, Histoire du socialisme et du communisme en France de 1871 à 1947 (France-Empire, 1948). / G. Bouglé, Socialisme français, du socialisme utopique à la démocratie industrielle (A. Colin, 1952). / D. Guérin, Jeunesse du socialisme libertaire (Rivière, 1959). / D. Ligou, Histoire du socialisme en France, 1871-1961 (P. U. F., 1962). / G. Lefranc, le Mouvement socialiste sous la IIIe République (Payot, 1963). / C. Willard, le Mouvement socialiste en France (1893-1905). Les guesdistes (Éd. sociales, 1965) ; Socialisme et communisme français (A. Colin, 1967). / M. Perrot et A. Kriegel, le Socialisme français et le pouvoir (Études et documentation internat., 1966). / C. Hurtig, De la S. F. I. O. au nouveau parti socialiste (A. Colin, coll. « U 2 », 1971). / G. Lefranc, le Socialisme réformiste (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1971). / M. Rocard, Parti socialiste unifié (Épi, 1971). / J. Droz, Socialisme et syndicalisme de 1914 à 1939 (C. D. U., 1972). / J. Droz (sous la dir. de), Histoire du socialisme (P. U. F., 1972-1974 ; 2 vol.). / R. Quilliot, la S. F. I. O. et l’exercice du pouvoir, 1945-1958 (Fayard, 1972). / P. Joxe, le Parti socialiste (Épi, 1973). / F. Mitterrand, la Rose au poing (Flammarion, 1973).


Le socialisme italien

Le socialisme en Italie s’est développé selon des normes très différentes de celles qui prévalurent en Grande-Bretagne (v. travailliste [parti]), en Allemagne (v. social-démocratie) ou même en France, en raison de conditions historiques et culturelles propres à la péninsule.

Lorsque l’idéologie socialiste commence à se répandre en Europe, les hommes de gauche qui entraînent derrière eux la jeunesse en vue de rendre l’Italie indépendante de l’étranger, G. Mazzini* et G. Garibaldi*, sont avant tout des patriotes qui ne séparent pas le souci des intérêts populaires de celui de l’émancipation nationale et répugnent profondément à la lutte des classes. Cela apparaît même dans le testament politique du combattant de 1848 que l’on peut regarder comme le véritable précurseur du socialisme italien, Carlo Pisacane, c’est-à-dire dans ses Essais historiques, politiques et militaires sur l’Italie (Saggi storici, politici, militari sull’Italia), écrits en exil et publiés en 1858-1860 après qu’il eut été fusillé à Sanza (province de Salerne) en 1857. Dans sa correspondance et ses articles, Mazzini s’oppose nettement aux conceptions de Louis Blanc, d’Étienne Cabet, de Pierre Leroux et plus encore à celles de Karl Marx, qu’il juge avilissantes par leur souci prédominant d’avantages matériels pour le prolétariat, en sorte que les groupements ouvriers, les coopératives, les sociétés de secours mutuels, qui commencent à s’organiser en Italie, les journaux qui prennent l’étiquette « socialiste », en liaison plus ou moins étroite avec le mouvement mazzinien et garibaldien, n’accordent à l’Internationale de Londres qu’une adhésion de pure forme reposant sur une équivoque.

Il faudra attendre l’arrivée de Bakounine* en Italie en 1864 et sa prise de contact avec Garibaldi pour qu’une coloration plus spécifiquement socialiste caractérise les revendications ouvrières. Le Russe Bakounine comme l’Allemand K. Marx jugent d’ailleurs avec le plus grand dédain l’effort des Italiens. Tandis que le premier stigmatise « cette abominable rhétorique patriotique bourgeoise alimentée par Garibaldi et Mazzini », Marx écrit que l’Alliance internationale de la démocratie socialiste, créée en 1868 par Bakounine, « n’est pas un groupement ouvrier, mais une troupe de déclassés, le rebut de la bourgeoisie ».

En réalité, les premiers leaders du socialisme italien demeurent indifférents aux querelles d’école séparant les diverses obédiences socialistes ; s’ils s’inspirent plus particulièrement de Bakounine, c’est que celui-ci est présent parmi eux ; s’ils appartiennent pour la plupart par leur naissance aux classes supérieures cultivées, comme Carlo Cafiero (1846-1892), attaché d’ambassade, qui en 1865 donne sa démission, vend ses biens patrimoniaux et en met le produit à la disposition du parti naissant, c’est que dans un pays alors presque purement agricole, où la classe ouvrière est en grande partie analphabète et où le prolétariat ouvrier manque d’effectifs et de chefs, le mouvement socialiste aurait connu longtemps la stagnation s’il n’avait trouvé dans les milieux intellectuels et dans la bourgeoisie des pionniers désintéressés, sincèrement dévoués aux intérêts du peuple.