Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Smetana (Bedřich) (suite)

Les œuvres principales de Smetana

• opéras : les Brandebourgeois en Bohême (1862-63, créés en 1866) ; la Fiancée vendue (1863-1866) ; Dalibor (1866-67, créé en 1868) ; Libuše (1872, créé en 1881) ; les Deux Veuves (1873, créées en 1874) ; le Baiser (1875-76) ; le Secret (1877-78) ; le Mur du Diable (1879-1882).

• orchestre : Symphonie triomphale (1853-54) ; poèmes symphoniques : Richard III (1858) ; le Camp de Wallenstein (1859) ; Haakon Jarl (1861) ; Ma patrie (Vyšehrad, Vltava [la Moldau], Šárka, Des prés et des bois de Bohême, Tábor, Blaník, 1874-1879) ; Carnaval de Prague (1883).

• musique de chambre : 1 trio (1855) ; 2 quatuors (1876-1882).

• piano : nombreux recueils et pièces isolées, dont : Rêves (1875) ; Danses tchèques (comprenant des polkas) [1877-1879].

• chœurs d’hommes et cantates.

H. H.

 J. Tiersot, Smetana (Laurens, 1926). / J. Teichman, Bedřich Smetana (en tchèque, Prague, 1946). / Z. Nejedlý, Bedřich Smetana (en tchèque, Prague, 1950-1954 ; 7 vol.). / M. Očadlik, le Destin de Bedřich Smetana (en tchèque, Prague, 1950). / F. Bartoš, S. Smetana d’après les souvenirs de ses contemporains et d’après ses lettres (en tchèque, Prague, 1954). / B. Karasek, Bedřich Smetana (en tchèque, Prague, 1966). / B. Large, Smetana (Londres, 1970). / J. Clapham, Smetana (Londres, 1974).

Smith (Adam)

Économiste écossais (Kirkcaldy 1723 - Édimbourg 1790).


L’œuvre économique d’Adam Smith apparaît tout à la fois comme l’aboutissement d’une phase d’évolution de la pensée mercantiliste et comme le point de départ de l’école classique anglaise. En ajoutant un apport personnel à celui de ses devanciers, A. Smith a dépassé la pensée mercantiliste. Aussi, l’action qu’il exercera sur ses successeurs sera-t-elle profonde. En effet, il termine un cycle et présente sous une forme achevée des conceptions imparfaitement élaborées avant lui, en en corrigeant le caractère partiel ou excessif et en en comblant les lacunes.


De la philosophie à l’économie

Écossais, Adam Smith est élève de Francis Hutcheson (1694-1746) à l’université de Glasgow. Il passe ensuite à Oxford, puis revient en Écosse, où il se lie d’amitié avec David Hume*. En 1752, il remplace Hutcheson dans la chaire de philosophie morale de l’université de Glasgow ; il occupera cette chaire jusqu’en 1764. Durant cette période, il écrit Theory of Moral Sentiments (Théorie, des sentiments moraux, 1759), dans laquelle il développe une théorie de la sympathie. Il affirme que le rôle de la raison est considérable, mais qu’il est soumis à la règle de « bienveillance universelle », aux lois de sympathie. Cet ouvrage lui vaut la célébrité. En 1764, A. Smith quitte son enseignement pour entreprendre un long voyage sur le continent, accompagnant le duc de Buccleugh, à titre de conseiller. Il s’arrête une dizaine de mois à Paris et se lie avec les physiocrates Turgot* et Quesnay*, puis séjourne un an et demi à Toulouse, ville dans laquelle il commence à travailler à son deuxième ouvrage, qui traitera de la vie économique. Son œuvre sera largement influencée par les conceptions des économistes français.

Rentré à Kirkcaldy, A. Smith partage son temps entre des contacts avec les grands du jour (il ne se trouve pas ainsi coupé de la vie de son temps) et des activités studieuses. Il publie, en 1776, son grand ouvrage An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations), qui demeure un des monuments de la science économique, et, bientôt, sera le « chemin de Damas » de J.-B. Say*. Le succès est moins grand qu’il ne l’avait été pour la Théorie des sentiments moraux. Cependant, cinq éditions de l’ouvrage paraissent en anglais avant la mort de son auteur. Celui-ci est nommé commissaire des douanes en Écosse, titre honorifique qui lui vaut un traitement considérable. En 1787, il devient recteur de l’université de Glasgow. Il meurt en 1790 après avoir ordonné à ses amis de brûler tous ses manuscrits inédits.


Modernité d’Adam Smith

L’œuvre d’Adam Smith a été très vite connue et la Richesse des nations a bénéficié d’une telle réputation que rapidement son auteur a éclipsé les physiocrates. C’est pratiquement sur son œuvre et non sur celle des physiocrates que s’édifiera la théorie économique en Angleterre et même sur le continent. Jean-Baptiste Say popularisera la pensée de Smith en même temps qu’il la modifiera. La première édition française de Smith est celle de Germain Garnier en 1843.

La Richesse des nations porte la marque du tempérament de Smith. Comme les physiocrates, l’économiste écossais est à la fois déductif et observateur, mais il est cependant moins systématique qu’eux. S’il loue les avantages des relations entre nations, il sait toujours rappeler l’importance des intérêts nationaux. Il est libéral, mais ne veut pas sacrifier les intérêts de son pays. Son œuvre est celle d’un auteur britannique, empirique, assez peu soucieux de logique, mais très préoccupé des intérêts britanniques et ayant tendance à juger des situations mondiales d’après les problèmes de la Grande-Bretagne. René Gonnard a pu écrire que l’œuvre de Smith manifeste « un cosmopolitisme de doctrine, corrigé par un assez vif nationalisme de tempérament ».

Robert Goetz-Girey a montré combien les idées de Smith se situent dans une perspective contemporaine. « Il est remarquable, écrit Goetz-Girey, que les auteurs du xixe s. plus proches d’A. Smith aient mieux souligné, semble-t-il, la contribution de Smith aux problèmes de la croissance* que les auteurs de la fin du xixe s. et du début du xxe s. Ainsi, Garnier, dans sa préface de 1843, insiste plus que ne le feront Charles Gide et Charles Rist ou René Gonnard sur l’importance, dans l’œuvre d’A. Smith, de la notion de progrès. Pour Garnier, le fondement même de toute la conception de Smith est « progressif ». »